Le réseau de suivi des dommages forestiers, bilan 2016
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Depuis 1989, des forestiers (dont les correspondants-observateurs) formés à l’observation de la vitalité des arbres, notent environ 12 000 arbres dominants répartis sur l’ensemble du territoire en près de 600 placettes. L’observation annuelle du houppier fonctionnel des mêmes arbres, à la même période et par les mêmes observateurs annuellement formés, permet de caractériser l’évolution de l’état de santé de la forêt française de métropole.
L’état de santé de la forêt se détériore-t-il ?
Le déficit foliaire des arbres, c’est-à-dire le manque de feuilles du houppier fonctionnel par rapport à l’état normal de bonne santé de l’arbre, est évalué chaque année par les observateurs du réseau. Il représente à la fois la vitalité générale de l’arbre et les disparitions accidentelles de feuillage comme les défoliations ponctuelles par des chenilles par exemple.
Pour approcher au mieux l’état de santé des placettes du réseau et leur évolution dans le temps, deux critères sont pris en compte :
- l’état de la placette donnée par la part d’arbres fortement dégradés (plus de 50% de déficit foliaire) en 2016,
- la tendance de l’évolution des déficits foliaires pendant 20. Une placette qui se dégrade équivaut à une augmentation d’au moins 25 % de déficit foliaire moyen sur la placette en 20 ans.
L’évolution du déficit foliaire n’est pas uniforme entre les régions et les essences
Ces deux critères montrent :
- que les placettes qui se dégradent représentent 22 % du réseau de placettes notées en 2016.
- cette dégradation concernent les peuplements en situation difficile, que cette situation soit naturelle (station difficile, sol superficiel, sécheresses fréquentes…) ou artificielle (essence pas totalement adaptée, manque de gestion…).
- à ces peuplements s’ajoute les maladies comme la graphiose ou la chalarose qui impacte durablement les peuplements touchés.
Ainsi, l’évolution du déficit foliaire n’est pas homogène et dépend du contexte géographique, de l’essence et de la vulnérabilité des peuplements. A large échelle, le déficit foliaire se dégrade essentiellement en région méditerranéenne et dans les Alpes. A l’échelle plus locale, il se dégrade dans les peuplements fragiles (station, sylviculture inadaptée…).
Qu’en est-il des essences principales françaises ?
Les principales essences forestières montrent des disparités au regard de l’évolution du déficit foliaire. La région méditerranéenne étant plus touchée par la dégradation du déficit foliaire sur ses placettes, la hausse du déficit foliaire des essences de cette région est la plus forte. C’est le cas pour les essences en limite d’aire (pin sylvestre, châtaignier…) mais également pour les essences locales (chêne vert, chêne liège, chêne pubescent, pin d’Alep…) qui accusent l’impact des sécheresses cumulées de ces dernières années. Les conditions difficiles de station et les événements climatiques sensibilisent ces peuplements.
Les essences fragilisées (station inadaptée, absence de sylviculture, tassement de sol…) montrent également des signes de dégradation. C’est le cas du châtaignier qui présente un état de santé altéré à l’échelle nationale. Les châtaigneraies se trouvent parfois loin de leur optimum en terme de station et manquent d’une gestion adaptée. Le châtaignier, exigeant sur ces deux critères, a par ailleurs été impacté, par le passé, par des introductions de pathogènes (encre, chancre, cynips) mettant à mal la santé des peuplements.
Dans les Alpes, les épicéas, en manque de gestion, affichent un état de santé qui se dégrade.
Pour les chênes pédonculé et sessile, on note localement des problèmes qui peuvent s’expliquer par une gestion défaillante ou une adaptation discutable de l’essence à sa station. En dehors de ces cas particuliers, l’état de santé des chênes est globalement stable.