Crédit ci-après
Xavier Remongin / agriculture.gouv.fr

19 février 2018 Info +

Le partage des données, un enjeu majeur

François Moreau est délégué ministériel au numérique et à la donnée au sein du ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation.

Intelligence artificielle pilotant des décisions de l'exploitation, robots autonomes dans les champs… le numérique poussera-t-il l'agriculteur hors des champs ?

Le numérique permettra surtout à l'agriculteur de consacrer plus de temps à la compréhension de son exploitation et à la prise de décision stratégique ! Depuis quelques années, la robotique est en plein essor : des robots accompagnent le maraîcher dans ses tâches pénibles (désherbage, portage…), tondent entre les rangs de vigne, proposent de la pulvérisation confinée. Dans les salles de traite, quelques milliers de robots travaillent déjà à réduire les astreintes des éleveurs au pis des vaches.
Ces machines intelligentes et connectées ne supprimeront pas l'homme - qui certes devra s'adapter à un nouveau métier - à condition que leurs données récoltées soient la base de la réflexion de l'agriculteur. « Le robot de traite a détecté une infection de la vache : vais-je décider de traiter ou non et avec quoi ? » Les décisions finales doivent être prises par l'agriculteur. Et pour cela l'agriculteur doit avoir une pleine connaissance des données produites sur son exploitation et la capacité de les exploiter.

Quelle est la position du ministère sur le partage des données agricoles ?

Il est important pour l'agriculture que les producteurs disposent d'un écosystème de services numériques le plus efficace possible. Cet écosystème devra être varié : l'agriculture française est diverse et la politique du ministère est de favoriser le développement de cette diversité pour que les pratiques de chaque agriculteur soient adaptées à son territoire et au marché qu'il vise.
Il est donc important de ne pas laisser se développer des situations de monopole où les exploitants deviendraient dépendant d'une seule technologie développée par une seule entité qui imposerait alors une façon de gérer son exploitation.
Pour qu'il y ait une diversité d'innovations et de services numériques, les données doivent être disponibles facilement pour les innovateurs. Mais l’agriculteur doit rester maître de l'usage de ses données. Il faut lui garantir que les informations qu'il acceptera de partager ne seront pas utilisées contre son intérêt.
Rendre ses données disponibles à l'innovation sans en perdre le contrôle n'est pas un défi simple. Définir collectivement la manière d'y arriver est l'un des enjeux forts .