Le Groupe des Entomologistes Forestiers Francophones en Savoie
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Le Groupe des Entomologistes Forestiers Francophones a été accueilli à Yenne en Savoie, par le pôle de la santé des forêts Auvergne-Rhône-Alpes. C’était l’occasion de revenir sur les dégâts de pyrale du buis et de scolytes qui ont marqué les forêts de l’Est du lac du Bourget.
La pyrale, une chenille invasive qui a marqué l’année !
En forêt du Corsuet, les correspondants-observateurs du DSF locaux sont revenus sur l’invasion de la pyrale en 2016-2017. En août 2016, le sous-étage de la forêt s’est couvert de milliers de fils importunant les marcheurs venus nombreux depuis Aix-les-Bains. Des centaines de milliers de chenilles s’entassaient sur les rameaux (jusqu’à 20 sur des rameaux de 25 cm).
L’avenir de la buxaie est incertain. Le DSF a ainsi mis en place sur le massif alpin 50 placettes de suivis pour évaluer les conséquences des défoliations totales sur la survie des buxaies.
La recherche d’un équilibre avec des antagonistes (prédateurs ou parasitoïdes) est une piste intéressante qui le cas échéant pourra venir compléter les méthodes de lutte développées contre la pyrale. Le traitement à l’aide d’insecticide n’est en effet pas envisageable en forêt (sous-étage inaccessible en traitement aérien, 3 générations par an…). Des tests ont été menés avec des trichogrammes, mais les populations de chenilles sont tellement importantes, que même en diminuant leur nombre par deux, les défoliations de buis restent totales. Le projet Biopyr mené par l’INRA apportera peut-être la solution. Son objectif : le biocontrôle à partir des auxiliaires autochtones. Des chenilles, pupes et papillons attaqués par différents parasites ou agents pouvant potentiellement réguler la population de pyrale sont mis en élevage en laboratoire pour identifier ces antagonistes.
Les buis dévorés constituent un risque réel pour les incendies. Des tests menés par l’IRSTEA sur rameaux, consommés à différents stades, ont montré que les rameaux avec des feuilles sèches encore accrochées cumulaient une grande facilité à s’enflammer et une grande faculté à transmettre le feu. C’est donc la première année d’attaque qui est la plus à risque. Le buis pourrait également créer un « effet torche » en transmettant les flammes à l’étage supérieur des arbres.
D’autres tests ont été menés sur la perte d’élasticité, et donc de résistance mécanique, des buis attaqués. Après une défoliation par les chenilles, 15 à 20% de cette élasticité est perdue, diminuant la capacité des buis à retenir les chutes de blocs.
…et des insectes autochtones !
434 taxons d’insectes autochtones (genre ou espèce) dommageables aux forêts qui ont été observés par le réseau de correspondant-observateurs ces 30 dernières années. Certains d’entre eux peuvent occasionner de gros dommages aux forêts. Le DSF a montré que 11 des 434 taxons cumulent 50 % des signalements de dommages, et parmi eux figurent les scolytes.
Le groupe des entomologistes s’est ainsi arrêté sur le plateau de la Féclaz pour évoquer les mortalités d’épicéas dues aux scolytes.
Ces insectes ont marqué l’histoire de cette forêt très touristique, d’abord en 86-87, quand les premières mortalités d’importance se sont développées à la suite de chablis. Les mortalités se sont reproduites en 96-97, puis en 2005, après de gros « coups de neige » en 2012-2013 et enfin en 2014-2015. Les gestionnaires ont décidé de prendre des mesures de lutte. Leur expérience sur le sujet a montré que le meilleur moyen de lutte est de sortir les bois infestés le plus rapidement possible. Ce qui n’est pas toujours facile car la forêt est majoritairement privée et morcelée (plus de 400 propriétaires pour 330 ha). En 2015, un Comité Scolyte a été créé sur les départements des Savoies afin de tenter de limiter les dégâts. Un dispositif a été proposé et géré de façon partenariale entre les différents organismes forestiers. Chacun contribuant à la surveillance, aux mesures administratives, à l’exploitation et la neutralisation des foyers de scolytes et le financement de ces mesures.
L’année prochaine…
Le groupe sera accueilli par l’Observatoire Wallon de la santé des forêts (OWSF) en Belgique.