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Pascal Xicluna / agriculture.gouv.fr

05 juin 2019 Info +

Le bien-être et la protection des canards gras

Le foie gras est produit par l'engraissement de canards et d'oies, on parle plus souvent de palmipèdes gras. La France est le premier producteur mondial de foie gras. En 2017, 11 600 tonnes ont été produites en France. Cette production n'est autorisée en élevage que dans 7 États membres.

Qu'est-ce que l'élevage de palmipèdes gras ?

On appelle palmipède gras les palmipèdes élevés dans le but de produire du foie gras. Plusieurs palmipèdes sont impliqués dans cette production, notamment l'oie grise des Landes et le canard mulard mâle, issu du croisement entre deux espèces de canards. Les oies ne représentent que 3% des palmipèdes élevés pour la production de foie gras.

Cycle des palmipèdes gras en élevage : les oies et les canards destinés à la production de foie gras sont élevés pendant 11 à 14 semaines avant d'entrer dans la phase de gavage de 10 à 15 jours avant d'être abattus. Cette phase peut aller jusqu'à 20 jours pour les oies.

Après leur naissance commence la phase de démarrage, qui dure environ 1 mois, où les canetons sont élevés dans des bâtiments. Ensuite, ils entrent en phase de croissance en intérieur ou en extérieur pendant environ 1 mois. Puis pendant encore 1 mois, les animaux sont progressivement préparés au gavage pour stimuler la prise alimentaire. La quantité d'aliment distribuée est augmentée progressivement et la distribution se fait une seule fois par jour : on parle de rationnement des animaux.

Le gavage est ensuite réalisé. Il consiste à engraisser les palmipèdes. À l'instar des oiseaux sauvages, les palmipèdes peuvent stocker naturellement des matières grasses dans leur foie sous forme de réserves énergétiques en amont des migrations. En élevage, cette phase de gavage dure de 10 à 20 jours selon l'espèce, en groupe dans des logements collectifs, le plus souvent sur caillebotis. Pendant cette période les animaux sont gavés 2 à 3 fois par jour par un tube, appelé embuc, qui permet de déposer la nourriture dans leur « jabot », une poche située dans l’œsophage des oiseaux. Cet acte, lorsqu'il est bien fait, dure en moyenne une dizaine de secondes par animal. À l'issue de cette période de gavage, les animaux sont envoyés à l'abattoir.

À la naissance des canards mulards, un sexage est effectué. Ce sont les mâles qui sont retenus pour le gavage car leur foie est plus volumineux que celui des femelles. Les canettes sont alors soit éliminées soit transférées dans les filières classiques de volailles de chair. Depuis plus de 15 ans, des marchés à l'export vers des élevages fermiers pour les canettes ne cessent de se développer et permettent ainsi de pallier l'élimination des femelles.

Quelle est la réglementation qui encadre l'élevage de palmipèdes gras ?

La protection des animaux d'élevage est encadrée par la directive européenne 98/58/CE relative à la protection des animaux dans les élevages, transposée en droit français par l'arrêté ministériel du 25 octobre 1982 consolidé.

La recommandation du Conseil de l'Europe en 1999 « Recommandation concernant les canards de Barbarie et les hybrides de canards de Barbarie et de canards domestiques » applicable à partir du 31 décembre 2004, a imposé une mise aux normes de cages individuelles, appelées épinettes, avant le 31 décembre 2010. Depuis, l'arrêté du 21 avril 2015 établit les normes minimales relatives à l’élevage des palmipèdes destinés à la production de foie gras. Cet arrêté a permis de faire évoluer l'environnement des palmipèdes destinés à la production de foie gras afin qu'ils soient élevés en groupe (minimum 3 par logement) marquant ainsi la fin de l'utilisation des épinettes au 1er janvier 2016.

Information du consommateur : comment connaître les conditions d'élevage des palmipèdes gras ?

La réglementation s'applique à tous les élevages. Toutefois, certains canards sont élevés selon des cahiers des charges plus stricts qui ont pour but de différencier les produits. Le Label rouge garantit une meilleure qualité organoleptique du produit.

Voici quelques informations en lien avec le bien-être animal pour se repérer dans les différentes mentions de l'étiquetage :

Les engagements de la filière et les perspectives pour l'avenir

Les États généraux de l'alimentation ont fait émerger des sujets sur lesquels les éleveurs et la filière s'engagent dans une démarche d'amélioration continue du bien-être animal, notamment :

La filière française de production de palmipèdes gras s'engage à laisser un accès au plein air aux animaux une fois la phase de démarrage terminée et avant le gavage. Depuis 30 ans, la phase de gavage est passée de 24 jours en moyenne à 12 jours actuellement pour les canards. Toutefois, cette phase reste indispensable pour la production d'un foie gras de qualité. C'est pourquoi la profession s'engage à continuer à mobiliser des moyens de recherche pour optimiser cette phase de gavage pour notamment éviter des souffrances inutiles aux animaux par l'évolution du logement, du matériel utilisé et la formation des utilisateurs.

Depuis 2011, une charte européenne pour la production de palmipèdes a été adoptée. La démarche Palmi G confiance, développée par les professionnels, permet aux éleveurs de la filière de s'engager à faire contrôler leur bon respect de cette charte par un organisme indépendant. Sont vérifiés notamment la formation de l'éleveur au bien-être animal, le confort de l'animal dans l'élevage et la relation entre l'éleveur et les animaux.

Le saviez vous ?

Depuis le lancement du plan bien-être animal 2016-2020, le ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation a également mobilisé 62 000 € dans une convention avec l'INRA pour la recherche sur les alternatives au gavage. Ce projet OCTRA'palm (Optimisation et caractérisation de l'engraissement spontané chez les palmipèdes) a pour objectif de produire un foie gras « alternatif ».

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