26 mai 2021 Info +

La situation de Xylella en France et en Europe

Identifiée pour la première fois en Europe en 2013, la bactérie Xylella fastidiosa est une priorité phytosanitaire majeure pour l’Union européenne et un sujet de préoccupation pour de nombreux pays, en particulier la France. Transmise par des insectes, cette bactérie s'attaque à de très nombreux végétaux et peut conduire à leur dépérissement voire à leur mort. L’impact de cette maladie varie selon divers paramètres (souche, végétal, environnement, climat…). Elle touche plusieurs pays de l'Union européenne dont la France, l’Espagne, le Portugal ou encore l’Italie où elle provoque des dégâts considérables dans les oliveraies de la région des Pouilles.

En France

Trois régions sont actuellement contaminées par la bactériose en France : la Corse (toute l'île est en enrayement et donc considérée comme une zone infectée, sous-espèce multiplex) et Provence-Alpes Côte d'Azur (très majoritairement sous-espèce multiplex, et un foyer pauca à Menton) et depuis le troisième trimestre 2020 la région Occitanie, dans le département de l’Aude (sous-espèce multiplex).

Depuis le premier foyer en 2015, près de 57 500 échantillons ont été prélevés et analysés, dont 2,6% de positifs (mise à jour avril 2021). En PACA, la bactérie est essentiellement présente en milieu urbain, dans 25 communes des départements du Var et des Alpes-Maritimes. À l'été 2019, pour la première fois en France, deux sujets ont été trouvés contaminés dans le cadre de la surveillance de deux foyers de la région. À Menton en particulier, c'est la sous-espèce pauca qui a été identifiée, de sequence-type ST53, identique à celle responsable du complexe du dessèchement rapide de l'olivier en Italie. En Corse, les infections sont détectées aussi bien dans le milieu urbain que le milieu naturel et semi-naturel. Au regard des résultats de surveillance pluriannuelle, on constate que la maladie ne progresse pas, elle reste circonscrite à la Corse et quelques zones urbaines en PACA. Dans ces deux régions, la bactérie n'a jamais été identifiée en zone de production ou de commercialisation (jardinerie, pépinière).

En Occitanie, la bactérie a été identifiée en septembre 2020, et pour la première fois en France, dans une pépinière. Dans cette région, les prospections réalisées ont permis de mettre en évidence 22 zones infectées réparties sur 5 communes du département de l’Aude.

Hormis le foyer de Menton, seule la sous-espèce multiplex (sequence type ST6 et ST7) a été identifiée en France.

En Europe

  • En Italie

La bactérie est responsable du complexe de desséchement rapide des oliviers en Italie, dans le sud de la région des Pouilles. La responsabilité de la souche CoDiRO, appartenant à la sous-espèce pauca, a été reconnue. L’Italie a adoptée une stratégie d’enrayement et met en œuvre une surveillance renforcée sur une bande de 30 kilomètres au nord de sa zone infectée.

En 2018, des végétaux contaminés par la sous-espèce multiplex ont été identifiés en Toscane (municipalité de Monte Argentario), région jusqu'à présent indemne. Les espèces végétales concernées étaient majoritairement des plantes ornementales. Des mesures de lutte sont mises en œuvre afin d'éradiquer la bactérie du territoire.

  • En Espagne - Îles Baléares

L’Espagne a notifié en novembre 2016 le premier foyer suite à la découverte de trois cerisiers contaminés sur l’île de Majorque. A ce jour, trois îles des Baléares sont contaminées : Majorque, Minorque et Ibiza. Les contaminations concernent un grand nombre d'espèces végétales (vignes, oliviers, laurier-roses, polygales à feuilles de myrte, mimosa, lavandes, amandiers, cerisiers, frênes, figuiers, noyers...) et trois sous-espèces différentes (multiplex, pauca et fastidiosa). L’ensemble de l’archipel est considéré comme une zone délimitée et une stratégie d‘enrayement est mise en œuvre.

  • En Espagne - province d’Alicante

En juin 2017, l'Espagne a notifié un cas positif sur amandier, dans la région d'Alicante : il s'agissait du premier foyer sur la péninsule ibérique. À ce jour, de nombreuses contaminations ont été découvertes dans des vergers d’amandiers. La sous-espèce identifiée est multiplex et les mesures d'éradication sont mises en œuvre conformément aux dispositions réglementaires.
En 2018, un premier cas de contamination a été recensé sur abricotier, également par la sous-espèce multiplex.

  • En Espagne - Madrid

En 2018, un olivier contaminé par la sous-espèce multiplex a été identifié dans la municipalité de « Villarejo de Salvanès », dans la Communauté Autonome de Madrid. Des mesures d'éradication sont mises en œuvre dans ce foyer conformément aux dispositions prévues dans la réglementation européenne.

  • Au Portugal

En 2019, la bactérie a été identifiée dans un parc zoologique situé dans la municipalité de Vila Nova de Gaia, au nord du Portugal. L'échantillon contaminé était issu d'un prélèvement composite de lavandes asymptomatiques appartenant à l'espèce Lavandula dentata. La sous-espèce identifiée est multiplex. Une zone délimitée est mise en place et des inspections sont en cours conformément aux dispositions prévues dans la réglementation européenne. En particulier, l'ensemble des végétaux hôtes de la zone infectée a été analysé et arraché, sans délais.

Réunion de haut niveau

Pour réaffirmer l'engagement de tous les Etats membres, la Commission européenne et la France ont invité les Ministres des États membres les plus concernés par Xylella fastidiosa, en raison du contexte pédoclimatique de leur territoire ou de la présence de foyers, à une réunion de haut niveau, à Paris, le 1er décembre 2017.

La Croatie, Chypre, la France, l'Allemagne, l'Italie, Malte, le Portugal, la Slovénie, l'Espagne, la Grèce, et la Commission européenne ont exprimé leur engagement collectif dans la lutte contre Xylella fastidiosa en adoptant une feuille de route ambitieuse pour renforcer la maîtrise de cette maladie. Les points-clés de l'accord concernent trois axes :

  • l’amélioration des connaissances par le soutien de programmes de recherche appliquée,
  • le renforcement de la surveillance pour assurer la détection précoce et l’éradication rapide des éventuels nouveaux foyers,
  • le renforcement des actions de sensibilisation et d'information.

La réussite de cette feuille de route est conditionnée par l'allocation suffisante de moyens en termes humain et budgétaire, par chaque délégation, à tous les niveaux. Les conclusions de cette réunion ont été approuvées par l'ensemble des délégations présentes et la Commission européenne.