Importants rougissements des pins noirs et sylvestres de l'Est et du Sud de la France dus au sphaeropsis des pins
Partager la page
Depuis l'été 2017, une augmentation significative des dégâts dus au sphaeropsis des pins est observée dans les pinèdes françaises, notamment dans l'Est et le Sud du pays. Les dégâts apparaissent suite à des orages ponctuels de grêle et dans les régions ayant subi des stress hydriques des années 2015, 2016 et 2017, stress provoqués par des températures élevées et des périodes de sécheresses. Les peuplements installés sur des sols à faible réserve utile en eau ou des expositions chaudes sont les plus impactés.
L’intensité des symptômes est assez variable, mais des atteintes de la totalité du houppier et plus de la moitié des tiges des peuplements ont été observées. Ces atteintes remettent en cause la survie des tiges affectées ainsi que l’avenir sylvicole des peuplements.
Chronologie et localisation des dégâts
Les dégâts significatifs observés en 2015 concernent le grand sud-ouest du pays. En 2016, ils concernent l'Auvergne et le nord de la Bourgogne, en lien avec de nombreux épisodes de grêle. En 2017, tout l'Est du pays présente des dégâts sévères : de la zone méditerranéenne au Grand-est. Depuis le début de l'année 2018, les principaux signalements concernent la zone méditerranéenne (dont la Drôme et l'Ardèche).
Le pin noir d'Autriche, les pins laricios et le pin sylvestre les plus atteints
Si tous les conifères, notamment les Pinus sp., sont susceptibles d'être colonisés par le pathogène, ce sont les sous-espèces de Pinus nigra et le pin sylvestre qui présentent les dégâts les plus importants. Les signalements actuels confirment cette sensibilité, déjà observée lors des épisodes épidémiques précédents et indiquée dans la bibliographie.
Chaleur, sécheresses et grêle favorables au pathogène
Sur les 4 dernières années, il y a 3 des 5 années les plus chaudes depuis 1900 : 2014, 2015 et 2017, qui, avec 2011 et 2003, forment le quintet des années les plus chaudes depuis 117 ans. Ces températures élevées sont un facteur favorable au sphaeropsis des pins, champignon thermophile.
Mesures de gestion possibles
Prévention
Le sphaeropsis des pins est un champignon endophyte (déjà présent dans les tissus des arbres), qui s’exprime à la faveur d’un stress. L’intensité des symptômes subis est en relation étroite avec l’état général d’un peuplement, sa vitalité et ses capacités de réaction. Ainsi, les peuplements denses et installés sur des stations forestières peu favorables (sols superficiels ou filtrants, exposition chaude…,), ce qui est souvent le cas pour les peuplements de pins, sont les plus touchés par le pathogène lors des épisodes de stress hydrique. Une sylviculture favorable à la croissance et à la vitalité des arbres, par la pratique d'éclaircies régulières, permet donc de limiter l'intensité des dégâts observés.
Lutte
On considère que les pins affectés à plus de 50 % de leur houppier par le rougissement n’ont pas d’avenir et vont dépérir rapidement. Le bleuissement de ces bois peut être rapide et la dévalorisation pour les bois de qualité d’autant plus forte.
Avant d'intervenir en coupe sanitaire des arbres les plus atteints, voire en coupe rase si la coupe sélective des arbres sans avenir entraîne la déstabilisation du peuplement restant sur pied, il convient de :
- cerner les enjeux économiques liés aux volumes concernés et à la qualité des bois atteints,
- d’envisager l’avenir sylvicole des parcelles à la fois en terme de vitalité du peuplement (déficit foliaire et croissance radiale des arbres) et de renouvellement : régénération naturelle des pins existants ou d'autres essences (chênes pubescents, chêne vert, autres feuillus...) voire de plantations dans les meilleures stations forestières (feuillus, cèdre de l'Atlas…).
Lorsque l’impact du sphaeropsis des pins est modéré ou que l’enjeu économique est faible, il n’est donc pas impératif d’intervenir.