Consommation de graines germées : l'avis de l'Anses
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En mai et juin 2011, des cas d’infections par une bactérie E. coli se sont déclarés en Allemagne et en France, entraînant des cas de diarrhées hémorragiques, de syndromes hémolytiques et urémiques (SHU) et près de 50 décès. L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) vient de publier un avis sur les risques liés à la consommation de graines germées.
En mai et juin 2011, des cas d’infections par une bactérie Escherichia coli enterohémorragique de sérotype O104:H4 se sont déclarés respectivement en Allemagne et en France, entraînant des cas de diarrhées hémorragiques, de syndromes hémolytiques et urémiques (SHU) et près de 50 décès.
La consommation de graines germées importées d’Égypte (fénugrec notamment) a été identifiée comme la cause la plus probable de ces infections via l’enquête épidémiologique menée auprès des patients, ainsi que par l’enquête de traçabilité.
En conséquence, la Commission européenne a demandé le 5 juillet 2011, aux États membres de retirer du marché, puis d’analyser et de détruire l’ensemble des lots de graines de fenugrec importées d’Égypte. En parallèle, les autorités européennes, ainsi que celles de certains États membres dont la France, ont notamment recommandé d’éviter la consommation de graines germées crues.
Réévaluer les risques suite à l’évolution de la situation sanitaire
Suite à l’évolution du contexte sanitaire de ces deux épidémies et notamment la décision de retrait du marché et de destruction des graines mises en cause, ainsi que l’annonce de la fin de l’épidémie en France, l’Anses a été saisie le 2 août afin de réévaluer les risques liés à la consommation de graines germées et de revoir, le cas échéant, les recommandations en vigueur.
Pour ce faire, l’Anses a fait le point sur la situation épidémiologique française (bilan des cas survenus). Elle a également examiné les résultats des enquêtes menées au plan européen pour tenter d’expliquer l’origine de la contamination des graines importées d’Égypte, et, enfin, elle a passé en revue les mesures de gestion mises en œuvre sur le territoire (recommandations au consommateur, mise en place de contrôle et d’analyse systématique des établissements producteurs de graines à germer et retrait et destruction des graines et fèves importées d’Égypte).
La consommation de graines germées crues possible, sous conditions
Sur la base de ces données et pour limiter le risque de survenue de nouveaux cas, l’Anses rappelle qu’il est indispensable que les lots de fenugrec incriminés dans les épisodes épidémiques en Allemagne et en France soient éliminés, et qu’il est nécessaire de prendre toutes les mesures pour que les lots pouvant subsister au domicile des consommateurs soient détruits.
Concernant les producteurs et distributeurs de graines germées et à germer en France, l’Agence estime qu’il est nécessaire de s’assurer du retrait effectif de ces lots de fenugrec concernés dans la chaîne alimentaire. Ces mesures s’appliquent également aux mélanges de graines contenant du fenugrec issu des lots incriminés.
Enfin, l’Agence rappelle également l’importance du respect d’une traçabilité sur l’ensemble de la chaîne alimentaire, essentielle pour la maîtrise du risque notamment lors d’investigations d’épisodes épidémiques.
Dès lors que ces conditions sont remplies de manière exhaustive, l’Anses considère que :
l’absence de précédentes épidémies françaises déclarées liées à la consommation de graines germées produites industriellement
le lien épidémiologique fort établi avec la consommation de lots de graines importées d’Égypte
l’assurance donnée par les producteurs français de graines germées sur la mise en place de mesures de contrôle renforcées, depuis la survenue de l’épidémie en Allemagne et sous réserve que leur mise en place et leur efficacité, puissent être vérifiées par les autorités sanitaires sont autant d’arguments en faveur d’une levée de restriction de la consommation de graines germées crues, produites par les professionnels de la filière française, à l’exception des graines de fenugrec et fèves évoquées dans la décision de la Commission Européenne.
Enfin, l’Anses rappelle que les préconisations de recherche émises dans son avis du 7 juillet 2011 demeurent d’actualité, à savoir, de :
générer des données sur la souche impliquée (prévalence dans différents pays, virulence, capacité de survie et d’adhésion aux surfaces, résistance aux antibiotiques, impact des procédés de nettoyage…)
développer et harmoniser les méthodes de détection au niveau européen, en intégrant notamment les spécificités liées aux graines
investiguer l’environnement de production des graines, les conditions de récolte, de conditionnement, les méthodes de macération etc., et mieux évaluer l’impact des pratiques de germination en conditions industrielles
acquérir et exploiter les données expliquant la spécificité de la population touchée (adultes, majoritairement des femmes) lors des épisodes épidémiques récents
L’hygiène comme clé de la prévention des infections
L’Anses tient également à rappeler qu’il est essentiel d’attirer l’attention de la population sur l’importance de l’application des mesures d’hygiène, dans le cadre de la pratique de germination à domicile (nettoyage/désinfection minutieux des germoirs notamment, lavage des mains avant et après manipulation des graines et des germes).
Il importe également de rappeler à la population la nécessité d’appliquer des mesures d’hygiène dans la préparation des repas, le respect de l’hygiène personnelle et collective, étant la base de la prévention de la transmission des infections à EHEC, et de plus primordiale pour éviter les cas de transmissions secondaires d’infections.