Les piscicultures de repeuplement d'espèces en mauvais état de conservation : quelles politiques publiques ? quelles modalités de gestion et de financement ?
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Comment envisager l’avenir d’une dizaine de piscicultures de repeuplement d’espèces en mauvais état de conservation, aujourd’hui dans une situation délicate aux plans financier, technique et administratif ?
C’est pour répondre à cette question qu’une mission a été confiée au conseil général de l’alimentation de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) et à l’inspection générale de l’environnement et du développement durable (IGEDD).
![La lettre du conseil général de l'alimentation de l'agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) n° 191 janvier 2025](/sites/default/files/Bandeau_janvier%202025.png)
Rapport de mission interministérielle de conseil n°23110
Septembre 2024
Enjeux
Une dizaine d’établissements piscicoles contribuent à soutenir certaines populations d’eau douce vulnérables. Leur création a fait partie des moyens jugés à l’origine nécessaires pour reconstituer ou soutenir les populations emblématiques que sont les migrateurs amphihalins (saumon, esturgeon et alose) et certaines espèces lacustres alpines (féra et omble chevalier, en particulier).
L’avenir de ces établissements, confrontés à des difficultés financières récurrentes et à des interrogations croissantes sur l’intérêt des alevinages en présence de pressions anthropiques persistantes, est aujourd’hui questionné.
Méthodologie
La mission s’est déroulée entre janvier et juillet 2024. La mission s’est efforcée d’établir au cas par cas des pistes possibles d’évolution, en prenant en compte les situations et intérêts respectifs de chaque pisciculture, ainsi que les enjeux patrimoniaux associés. Ainsi, toutes les piscicultures mentionnées dans la lettre de commande, ainsi que deux autres situées dans le bassin du Rhin, ont fait l’objet d’une visite et d’entretiens avec les différents acteurs impliqués. Plus de 120 personnes ont ainsi été interviewées.
Résumé
Dans un contexte de difficultés financières récurrentes et d’interrogations plus générales affectant une dizaine de piscicultures de repeuplement d’espèces en mauvais état de conservation, les ministres chargés respectivement de l’agriculture et de l’écologie ont sollicité en novembre 2023 une mission conjointe du CGAAER et de l’IGEDD pour examiner la situation de ces établissements, spécialisés dans les espèces lacustres (Rives), le saumon (intéressant les bassins de l’Adour, de la Garonne, de la Loire-Allier et du Rhin), ou enfin l’esturgeon (Saint-Seurin) et l’alose (Bruch).
La mission a émis dix recommandations, certaines d’ordre général concernant les difficultés de fonctionnement et de financement qui sont plus ou moins communes à l’ensemble des établissements, et d’autres à caractère plus spécifique compte tenu des particularités liées aux différents bassins et espèces concernés.
En ce qui concerne les deux établissements qui ont initialement motivé cette mission :
- Pour Rives, la mission préconise un transfert de l’établissement au Conseil départemental de la Haute-Savoie, associé à une renégociation des conditions du partenariat actuel avec la Suisse. Cette évolution devrait permettre de redéfinir les objectifs, y compris le maintien d’un outil et de compétences dans une logique de gestion assurantielle de conservation en définissant les espèces cibles, les quantités à produire et in fine le modèle économique associé.
- Pour le conservatoire national du saumon sauvage (CNSS), la mission préconise de définir une stratégie claire sur le ré-empoissonnement, à partir d’une expertise scientifique collective.
Plus généralement, et pour tous les établissements piscicoles actuels, les scientifiques jugent incertaine leur capacité à contrer sur le long terme les conséquences des pressions agissant sur la biodiversité des cours d’eau concernés (obstacles à la libre circulation des espèces, pollutions, changement climatique…). Néanmoins, ces établissements restent indispensables pour la sauvegarde d'espèces pendant une période limitée, nécessaire à la restauration de conditions écologiques favorables, tout en motivant et facilitant par ailleurs les politiques de restauration de la continuité écologique.