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Mathieu Ceschin et Alexandre Tola

17 mai 2021 Info +

Lutte contre l’homophobie : pour Mathieu et Alexandre « dans l’agriculture, il y a beaucoup de compréhension »

L’un est éleveur de taureaux de Camargue, l’autre est cavalier d’entraînement dans une écurie de course. Mathieu Ceschin, 45 ans, et Alexandre Tola, 25 ans, forment l’un des couples emblématiques de la 15e saison de l’émission télévisée « L’Amour est dans le pré ». Ils sont très engagés dans la lutte contre l’homophobie. Voici leur portrait, entre vie à la manade et quotidien sur les réseaux sociaux.

Vous êtes très actifs et engagés sur votre compte instagram @mathieu.et.alexandre, quels messages souhaitez-vous transmettre à la communauté qui vous suit ?

Alexandre : Des messages de tolérance. Lorsque nous avons participé à l’émission « L’Amour est dans le pré », nous ne nous attendions pas à être aussi médiatisés. Au départ, nous recevions énormément d’amour. Puis la chaîne a eu le courage de diffuser – à une heure de grande écoute – une scène durant laquelle nous nous embrassions. Dès le lendemain, la réponse homophobe a été extrêmement violente, nous avons été victimes de nombreux messages de haine. Mais il est aussi important de parler du soutien bienveillant que nous avons reçu en parallèle.

Mathieu : Trois semaines après la diffusion de la scène du baiser, j’ai demandé Alexandre en mariage à la télévision. Ce jour-là, nous sommes passés de 80% de messages de haine à 80% de messages d’amour. Nous avons montré, nous avons banalisé et surtout, nous nous sommes adressés aux homophobes. Certains nous ont même envoyé des messages pour nous dire qu’ils ne l’étaient plus après avoir vu notre couple ! Finalement, la lutte contre l’homophobie est avant tout un combat pour l’amour. Je suis persuadé que c’est en parlant aux homophobes que nous parviendrons à faire accepter l’homosexualité dans tous les milieux. Au sein du monde des manadiers par exemple, je suis aujourd’hui très bien accepté, même si j’ai dû, au départ, prouver encore plus que les autres que j’étais capable de réussir. Dans l’agriculture, il y a beaucoup d’amour et de compréhension.

Quels sont vos projets communs pour les prochains mois ?

Alexandre : Notre premier projet est notre mariage en juin. Le deuxième est un voyage de cinq mois dans les territoires ultra-marins. Nous nous sommes donné la mission de communiquer sur l’homosexualité : nous allons nous rendre dans des villages, dans des structures publiques et dans des écoles pour sensibiliser la population, qui parfois manque d’informations. Des associations sur place nous ont confié une lettre de mission et nous remettrons un dossier avec nos conclusions à Élisabeth Moreno, ministre déléguée en charge de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances, à notre retour.

Mathieu : Les associations nous ont affirmé que notre venue était inespérée. En tant qu’influenceurs, notre rôle est de parler à un public très large et parfois peu initié. L’homosexualité est encore taboue dans certains milieux et dans certains territoires, et nous voulons casser ces tabous. Dans le même temps, nous souhaitons aussi mettre en avant le territoire français, faire redécouvrir ces endroits féériques qui font la richesse de la France.

Vous avez également un autre combat : celui du bien-être animal. Quels sont vos engagements ?

Mathieu : Je suis un agriculteur très engagé sur la question du bien-être animal : c’est l’un de mes combats les plus chers. En tant qu’éleveur de taureaux, j’ai bien conscience que le plus grand stress pour un animal est d’être écarté du troupeau. C’est ce que je voudrais éviter lorsque l’une de mes bêtes doit se rendre à l’abattoir. C’est pourquoi je participe à un groupe de travail qui étudie, notamment, la mise en place d’abattoirs mobiles dans toutes les régions afin de réduire au maximum la souffrance animale. C’est à mon sens essentiel.

Un dernier message à faire passer ?

Alexandre : Un message d’amour !

Mathieu : Dans la lutte contre l’homophobie, on ne parle pas assez d’amour et on ne parle pas assez aux homophobes. Alors montrons, expliquons et aimons-nous !

En savoir plus sur Alexandre et Mathieu

Le parcours de Mathieu
Après des études dans la finance et 19 ans de vie professionnelle dans la gestion d’entreprises, Mathieu décide de changer de vie après un burn out. Passionné par les taureaux de Camargue, il s’associe avec un ami qui avait déjà un petit troupeau dans le Gard. « Cela fait cinq ans que je suis agriculteur. Au début, nous avions 10 bêtes. Nous en avons aujourd’hui 90. C’est un changement de vie très radical qui m’a demandé beaucoup de travail et d’investissement, mais je suis très fier d’avoir réussi. L’agriculture a changé ma vie : je suis passé d’homme angoissé à agriculteur passionné. »

Le parcours d’Alexandre
« J’ai commencé à faire de l’équitation lorsque j’étais enfant. Ce monde m’a tout de suite passionné et j’ai décidé d’en faire mon métier », explique-t-il. En 2012, Alexandre obtient un CAP Soigneur équidés effectué en apprentissage. Après un séjour en Pologne, il intègre une écurie de course à Maisons-Laffitte (Yvelines), ce qui lui permet de rejoindre le Pôle International du Cheval Longines de Deauville (Calvados) quelques années plus tard. Après l’émission « L’Amour est dans le pré », il démissionne pour rejoindre Mathieu dans le sud, et il est recruté dans une écurie de course près de Marseille (Bouches-du-Rhône). Malheureusement, suite à un accident au cours duquel il s’est gravement blessé, il est désormais en inaptitude temporaire pour une longue période.