Élèves de l'enseignement agricole dans un champ
Xavier Remongin / agriculture.gouv.fr

20 juin 2025 Info +

L’enseignement agricole face au défi du changement climatique

En France comme ailleurs, les effets du réchauffement climatique sont déjà perceptibles. Pour y faire face, l’enseignement agricole se mobilise. Les établissements mettent en place des initiatives, pédagogiques et techniques, dans différents domaines, avec comme ambition commune l’atténuation et l’adaptation au changement climatique.

Les événements climatiques extrêmes se multiplient et s’intensifient : sécheresses, inondations, canicules… La fréquence et la variabilité de ces phénomènes sont en grande partie imputables au réchauffement climatique. Aujourd’hui, les pratiques agricoles sont amenées à s’adapter pour faire face à ses effets, mais également à agir pour atténuer son impact. Un défi auquel l’enseignement agricole doit également faire face, avec pour enjeu la formation des futurs acteurs du monde agricole.

Former les élèves de l’enseignement agricole aux transitions du vivant

L’augmentation de la température, la raréfaction de la ressource en eau, l’altération de la fertilité des sols et la multiplication des bioagresseurs… sont autant d’impacts du changement climatique sur les productions auxquels les agriculteurs, d’aujourd’hui et demain, doivent et devront faire face. C’est en ce sens que l’enseignement agricole intègre les enjeux et méthodes d’adaptation au changement climatique dans les référentiels de ses formations.

La politique éducative de l’enseignement agricole en matière de développement durable s'inscrit dans les objectifs de développement durable (ODD) adoptés à l’occasion de la COP21, en 2015.

Les engagements de l’enseignement agricole en chiffres

  • 30 % des surfaces agricoles des exploitations des établissements publics de l’enseignement agricole sont certifiées en agriculture biologique ;

  • 60 % des exploitations agricoles des établissements de l’enseignement agricole sont partenaires d’au moins un dispositif Écophyto ;

  • 75 % des établissements de l’enseignement agricole public possèdent au moins un atelier certifié en agriculture biologique ;

  • 84 % des établissements sont engagés dans des démarches écoresponsables.
    Source : DGER, 2024.

Les haies, alliées des transitions

Jouant le rôle de brise-vent et d’ombrage, servant d’abri aux animaux, accueillant des insectes auxiliaires des cultures, ralentissant l’effet de ruissellement des eaux, permettant des revenus économiques complémentaires… Les haies rendent de nombreux services. Elles ont, en particulier, un rôle à jouer dans l’atténuation et l’adaptation au changement climatique. Pourtant, depuis 1950, 70 % du linéaire de haies a disparu des bocages français. Ces dernières années, des politiques publiques de plantation sont engagées, à l’image du Pacte en faveur de la haie. Ce dispositif suit l’impulsion du programme « Plantons des haies » du Plan de relance, avec un objectif de progression du linéaire de haies de 50 000 km d’ici 2030. Une mesure à ce sujet est également inscrite dans la loi d’orientation agricole, promulguée le 24 mars 2025, visant à encourager la préservation, la gestion durable et la replantation de haies.

L’enseignement agricole aussi poursuit cette dynamique. Lancé en mars 2025 et copiloté par le Réseau Haies France et la Bergerie nationale de Rambouillet, le projet CAP’Haies a pour ambition de mieux intégrer la haie dans les formations de l’enseignement agricole. À ce jour, huit établissements participent à ce projet.

L’enseignement agricole engagé dans la plantation de haies

  • + 29,5 % de linéaire de haies entre 2012 et 2023 sur les exploitations de l’enseignement agricole ;

  • 33 établissements amenés à s’engager dans le projet CAP’Haies (2024-2027) ;

  • 2 établissements (CFPPA Angers-Segré et EPL Bressuire) forment des opérateurs du Plan de gestion durable des haies en lien avec Réseau Haies France ;

  • 1 concours au Salon international de l’agriculture où des apprenants évaluent et comparent le raisonnement de la place de l’arbre sur deux exploitations.

Lutte contre le changement climatique : différentes actions menées au sein des lycées agricoles

À l’échelle locale, les lycées agricoles s’engagent pour l’atténuation et l’adaptation au changement climatique, en conduisant différentes initiatives en lien avec leur territoire. Ainsi, plusieurs projets sont menés tout au long de l’année scolaire, mais aussi dans le cadre du Printemps des transitions, temps fort annuel de l’enseignement agricole en faveur des transitions du vivant.

La quatrième édition du Printemps des transitions, portée par le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, se déroule du 1er mars au 30 juin 2025. Il s’agit d’un ensemble d’évènements mettant en lumière, dans chaque territoire, le passage à l’action des lycées agricoles.

  • Au sein de l’EPLEFPA de Castelnau-le-Lez, dans l’Hérault, l’exploitation horticole Les Serres de la Frondaie sert de support pédagogique aux différentes formations des filières professionnelles et technologiques des secteurs de l’horticulture et de l’environnement.

    Économiser l’eau et l’énergie, réduire la consommation de tourbe et de plastique, favoriser les solutions fondées sur la nature : l’exploitation agricole de cet établissement met en place différentes mesures pour faire face aux défis des transitions du vivant.

    • Économiser la ressource en eau : préparer aux transitions passe par l’économie de la ressource en eau. La pluie qui tombe sur la toiture de la serre est récupérée dans une cuve, puis utilisée pour l’arrosage.
    • Limiter la consommation de tourbe : les terreaux horticoles sont riches en tourbe. Cette tourbe est issue de milieux naturels, notamment dans des zones humides du nord de l’Europe. Pour limiter ces prélèvements, le lycée remplace en partie la tourbe par des fibres de bois, issues de l’industrie de la menuiserie, valorisant ainsi un déchet.
    • Des solutions fondées sur la nature : plutôt que de recourir aux insecticides, des lâchers d’auxiliaires sont effectués, limitant ainsi la population des ravageurs. Par exemple, des lâchers de coccinelles permettent de lutter contre les pucerons. Entre les cultures sont installées des plantes dites « relais », comme la « tomate en arbre » (tamarillo). Celle-ci attire les pucerons, qui servent d’indicateurs et se font parasiter par des micro-guêpes. Ces auxiliaires s’installent dans la serre et limitent la présence de pucerons sur les cultures. Ces méthodes favorisent la population d’insectes bénéfiques.

    Ces mesures ont été présentées lors d’une visite guidée du lycée, organisée dans le cadre de la 4e édition du Printemps des transitions.

  • À l’Institut Lemonnier, en Normandie, l’engagement face au défi du changement climatique est pleinement intégré aux référentiels, dans une démarche pluridisciplinaire. L’établissement mène de nombreuses actions et projets tout au long de l’année scolaire :

    • mise en place de systèmes de cultures durables : permaculture, aquaponie, utilisation de semences anciennes, valorisation d’essences végétales locales… ;
    • économie de l’énergie et introduction des énergies vertes dans le fonctionnement de l’établissement : installation de panneaux photovoltaïques, robotisation des pratiques agricoles sur l’exploitation du lycée, économie de l’eau et des intrants dans les cultures ;
    • développement d’un réseau de coopération internationale et locale avec des partenaires, afin d’échanger sur les bonnes pratiques.

    En 2025, pour la troisième année consécutive, l’Institut Lemonnier a organisé son festival « Printemps des TranzZzitions », qui connecte toutes les filières de l'établissement. Cet événement a réuni 401 participants (élèves et grand public), qui ont pu s’informer sur des sujets comme la résilience, la durabilité, l’adaptation au changement climatique grâce aux 17 ateliers animés par les apprenants.