Vers une hybridation du métier d’agriculteur

Qu’est-ce que l’hybridation ?

C’est le fait de créer quelque chose de nouveau en rassemblant des compétences, des générations, des activités, des secteurs qui a priori n'ont pas grand-chose à voir ensemble et pourraient même sembler contradictoires. Cela mène à leur métamorphose réciproque. C’est ainsi que l’on voit apparaître des tiers-lieux, de nouveaux métiers ou secteurs, bref de nouveaux mondes. Ils témoignent du fait que ce ne sont pas des signaux faibles éparpillés et que l'hybridation peut être une grande tendance du monde qui vient. Et l'agriculture n'y échappe pas.

Comment se manifeste-t-elle dans le milieu agricole ?

Dans le monde agricole, l’hybridation n’est pas nouvelle. Il y a l'hybridation des activités, des modèles de financement et des canaux de distribution. Des synergies sont créées entre les différentes activités. Sur la question du renouvellement des générations et des compétences, il y a de plus en plus de néo-agriculteurs. La jeune génération a ce désir de vivre mille vies. En démultipliant les métiers, les formations, les modèles, elle va réinventer l’agriculture.

Qu’est-ce que la métaphore du centaure pour parler de ce phénomène ?

Le centaure est l’être hybride par excellence, mi-homme, mi-cheval, qui a un pied dans plusieurs mondes. L'agriculteur de demain en est un. C'est comme ça que l'on va pouvoir réconcilier l'agriculture avec la société, innover, rapprocher le monde agricole de l'industrie, des start-ups, et de plein d'autres métiers qui auparavant semblaient éloignés les uns des autres. Cela peut être la clé pour pouvoir remettre l'agriculteur et l'agriculture au cœur de la société.

Comment recréer du lien entre la société et le monde agricole ?

Avant de créer une réconciliation, il faut créer une connaissance réciproque. Il y a un vrai sujet de formation sur la question agricole pour attirer plus de jeunes dans ces métiers. L'écrivain japonais Genzaburô Yoshino disait, en 1937, « Il est tout de même bizarre que tous ces hommes qui ont fabriqué la nourriture que tu manges, les vêtements que tu portes, la maison que tu habites soient tous de parfaits inconnus. » Cela n’a pas changé… Les enfants doivent savoir qu’il y a tout un processus de fabrication et de production. Cela commence dès le plus jeune âge. C'est aussi intéressant de voir qu'il y a des exploitations agricoles qui deviennent des lieux de re-sociabilisation. J’ai l’exemple de l’une d’elles qui organise des expositions de photographies et accueille des jeunes. L'agriculteur prend là un rôle sociétal, a plus de poids au sein du territoire, mais aussi par rapport aux élus locaux. On voit là les ferments d'une réconciliation avec la société.