Le nématode du pin, ravageurs des résineux
Partager la page
Le nématode du pin (Bursaphelenchus xylophilus) est un ver microscopique qui attaque les conifères et plus spécifiquement les pins (pin maritime, pin sylvestre, pin noir en Europe). Transmis d’arbre en arbre par un insecte vecteur appartenant au genre Monochamus, le nématode du pin provoque le flétrissement, voire la mort de l’arbre en quelques semaines.
1) Où est-il présent et quelle est son origine ?
Le nématode est originaire d’Amérique du Nord. Il a été introduit accidentellement au Japon (début du XXe siècle) puis en Chine, Corée et Taïwan dans les années 1980. Découvert au Portugal en 1999, il cause la mortalité de nombreux pins maritimes dans l'ensemble du pays. Des foyers sont détectés en Espagne à partir de 2008 à proximité de la frontière, et notamment en Galice. Le transport de produits bois (grumes, sciages, emballages, palettes, écorces…) et de végétaux infestés par le nématode du pin ou son vecteur constituent une source d’introduction.
Le 3 novembre 2025, le nématode a été officiellement détecté pour la première fois en France dans un peuplement de pins maritimes de la commune de Seignosse (40).
- Lire le communiqué de presse du 4 novembre 2025 ;
- Consulter le site de la DRAAF Nouvelle-Aquitaine.
2) Pourquoi le nématode du pin est-il dangereux ?
La colonisation massive par le nématode entraine des cavitations multiples, des embolies empêchant la sève de circuler puis un flétrissement voire la mort de l'arbre, 30 à 50 jours après l'inoculation.
Le nématode peut engendrer de sévères préjudices économiques à la filière bois et des dommages majeurs sur les plants patrimoniaux et environnementaux.
Par conséquent, le nématode du pin est un organisme de quarantaine prioritaire au titre de la législation européenne, c’est-à-dire susceptible d’avoir un impact particulièrement important s’il venait à proliférer sur le territoire. Par conséquent, il doit faire l’objet d’une surveillance officielle pluriannuelle, d’un plan national d’urgence sanitaire et de mesures de lutte obligatoires en cas de détection afin d’éradiquer le foyer.
Il ne présente aucun danger pour la santé humaine ou animale.
Voir Règlement (UE) 2016/2031du Parlement européen et du Conseil relatif aux mesures de protection contre les organismes nuisibles aux végétaux.
3) Comment le nématode se propage-t-il ?
Le nématode se déplace grâce à un vecteur, un coléoptère longicorne du genre Monochamus, très présent sur le territoire, qui permet sa transmission d'un arbre infesté à un arbre sain. Les Monochamus ont des capacités de vols de plusieurs kilomètres, entre avril et octobre.
Les coléoptères du genre Monochamus jouent un rôle central dans la propagation du nématode du pin. Leurs larves se développent à l’intérieur du bois où elles se nourrissent et se transforment en nymphes. Si le bois est déjà contaminé les nématodes migrent vers la loge nymphale et s’y installent.
L’insecte vecteur Monochamus sp. effectue sa ponte dans l’écorce d'arbres résineux affaiblis ou morts récemment. Les larves forment des galeries dans l’écorce interne puis dans l’aubier et entrent en nymphose en hiver dans le bois. Si la ponte a été effectuée sur un arbre infecté par le nématode, les nématodes migrent dans la loge nymphale des Monochamus et pénètrent dans les trachées avant leur envol au printemps suivant. Les adultes émergent du bois et se dispersent dans les peuplements à la recherche de nourriture : ils consomment l'écorce de jeunes rameaux d'arbres sains. C’est pendant cette phase de consommation nécessaire à leur maturation sexuelle que les insectes transmettent les nématodes aux arbres sains. La période de vol se situe entre avril et octobre. Le Monochamus a une seule génération par an.
La charge des Monochamus en nématodes est très variable mais beaucoup en portent plusieurs milliers. Dans les branches d'un pin sensible, les nématodes peuvent se reproduire extrêmement rapidement. Leur reproduction est d’autant plus accélérée que la température est élevée. Dans ce cas, les nématodes peuvent coloniser les vaisseaux, par millions, en quelques semaines d'une grande partie du houppier.
4) Quels sont les symptômes ?
La multiplication des nématodes dans l’arbre provoque progressivement la rupture du transport de l'eau dans les vaisseaux ce qui se traduit par un jaunissement puis un flétrissement généralisé du houppier. L’arbre meurt rapidement.
Lors de la ponte, les Monochamus creusent des encoches transversales dans l’écorce. Des orifices arrondis avec ou sans écorce marquent la sortie des insectes.
5) Comment surveille-t-on la présence du nématode ?
La surveillance du nématode du pin entre dans le cadre de la surveillance officielle des organismes réglementés ou émergents annuelle. Elle consiste en :
- Des contrôles aux postes de contrôle frontaliers, par le Service d’inspection vétérinaire et phytosanitaire aux frontières (SIVEP), des bois d’emballages pour la circulation internationale.
- Des contrôles des passeports phytosanitaires qui sont émis par les opérateurs professionnels autorisés par les services de l’État. Le dispositif du passeport phytosanitaire permet de garantir l’absence d’organismes nuisibles réglementés sur les végétaux destinés à la plantation ou sur du matériel sensible circulant au sein de l’Union européenne.
- Une surveillance sur le vecteur, par un réseau de piège. Environ 50 000 insectes sont piégés par an. Une partie des insectes piégés fait l’objet de recherche en laboratoire du nématode du pin.
- Une surveillance sur arbres hôtes. Les arbres surveillés sont désignés par le Département de la santé des forêts (DSF) du ministère chargé de l’agriculture, en particulier dans les zones à risque. Les prélèvements d’échantillons de bois sont réalisés par les services de l’État en région (DRAAF-Service régional de l’alimentation) ou le cas échéant par la Fredon (organisme délégataire des SRAL). Les échantillons de bois sont analysés par des laboratoires agréés (LDA et Anses-LSV) en vue de la détection du nématode du pin.
6) Comment lutter contre ce ravageur ?
En cas de détection sur arbre, les mesures de gestion de foyer sont obligatoires avec un objectif d’éradication compte tenu des enjeux économiques, patrimoniaux, sociétaux et environnementaux.
Ces mesures sont conformes à la décision d’exécution de la Commission 2012 relative aux mesures d’urgence destinées à prévenir la propagation dans l’Union du nématode du pin. Elles sont précisées par un arrêté préfectoral régional comme le prévoit le plan national d'intervention sanitaire (PNISU).
S’agissant du premier foyer détecté en France sur la commune de Seignosse, à ce stade, une zone délimitée comprenant une zone infestée de 500 m autour du foyer détecté et une zone tampon de 20 km autour de la zone infestée a été définie par l’arrêté préfectoral du 5 novembre 2025.
Pour aller plus loin :
-
Consulter le Plan national d'intervention sanitaire d'urgence (PNISU) : Instruction technique DGAL/SDQSPV/2019-209 04/03/2019
-
Voir DÉCISION D'EXÉCUTION (UE) 2012/535 (mesures destinées à prévenir la propagation, dans l'Union européenne, de Bursaphelenchus xylophilus)
Voir aussi
Santé des végétaux : un foyer de nématode du pin détecté pour la première fois en France
04 novembre 2025Santé / Protection des végétaux