Xavier Remongin/agriculture.gouv.fr

24 juillet 2025 Info +

Dermatose nodulaire contagieuse des bovins (DNC) : point de situation et foire aux questions

La DNC a été détectée en France, pour la première fois, le 29 juin 2025 en Savoie. Cette maladie virale fortement préjudiciable à la santé des bovins (allant potentiellement jusqu’au décès) conduit à des pertes de production importantes du cheptel infecté. La DNC n’est pas transmissible à l’Homme, ni par contact avec des bovins infectés, ni par la consommation de produits issus de bovins contaminés, ni par piqûres d’insectes vecteurs.

Point de situation en France

En date du 24 juillet 2025, 37 foyers ont été détectés en France, répartis dans deux départements : Savoie (19 foyers répartis sur les communes d'Entrelacs et Hauteluce), Haute-Savoie (18 foyers répartis sur les communes de Rumilly, Massingy, Marigny-Saint-Marcel, Faverges-Seythenex, Saint-Ferréol, Les Combes-Seythenex, Boussy).

Les mesures de lutte consistent en l’interdiction des mouvements de bovins au sein des zones réglementées, au dépeuplement des bovins présents dans les foyers déclarés, et à la vaccination. Pour en savoir plus sur les zonages, et sur les mesures de dépeuplement, voir la section 5. « Mesures de gestion ».

Les chantiers de vaccination, réalisés par les vétérinaires avec l’appui des éleveurs, ont débuté le 19 juillet. La stratégie vaccinale concerne l’ensemble des bovins, quel que soit leur âge, situés dans la zone dite « réglementée » qui se déploie sur 50 kilomètres de rayon autour des foyers, soit environ 310 000 bovins. À ce jour cette zone comprend la majorité du territoire des deux départements touchés, Savoie et Haute-Savoie, ainsi qu’une partie de l’Ain et de l’Isère. La vaccination des bovins dans cette zone est obligatoire intégralement prise en charge par l’État.

La tactique de déploiement de la vaccination est double :

  • à partir d’une ligne située à 20 kilomètres des foyers, la campagne de vaccination se fait en direction du cœur de la zone réglementée pour limiter l’extension de la maladie à partir des foyers et en direction de l’extérieur de la zone réglementée pour un effet barrière.
  • une vaccination autour des foyers.

L’objectif de cette campagne vaccinale massive et rapide, en complément des mesures de dépeuplement et de la restriction des mouvements, est l’éradication complète et rapide de la maladie.

Présentation générale de la maladie

  • La dermatose nodulaire contagieuse (DNC) est une maladie virale strictement animale (non transmissible aux humains) qui n’affecte que les bovins, buffles et zébus. Les autres espèces animales ne sont pas concernées. La DNC n’est pas transmissible à l’Homme, ni par contact avec des bovins infectés, ni par la consommation de produits issus de bovins contaminés, ni par piqûres d’insectes vecteurs.

    La DNC est fortement préjudiciable à la santé des bovins et conduit à des pertes de production importantes, jusqu’à la mort d’une partie des animaux du cheptel infecté. Elle est classée en droit européen comme maladie de catégorie A, soit une maladie habituellement absente de l’Union européenne et contre laquelle des mesures doivent être prises pour un objectif d’éradication immédiate.

  • La dermatose nodulaire contagieuse bovine (DNC) est présente en Afrique subsaharienne et en Asie, et depuis 2023 en Afrique du Nord. Elle a été observée dans les Balkans, ainsi qu’en Grèce et en Bulgarie à la fin des années 2010, et a pu être éradiquée de cette zone grâce à une large campagne de vaccination.

    Elle a été détectée le 20 juin 2025 en Sardaigne.

Symptômes

  • La période d'incubation de la DNC est variable, et a été établie à 28 jours par le Code terrestre de l’Organisation mondiale de la santé animale. À l’issue de cette période d’incubation, plusieurs signes généraux peuvent apparaître :

    • Fièvre pouvant atteindre 41 °C ;
    • Abattement ;
    • Anorexie ;
    • Chute de lactation ;
    • Hypertrophie des ganglions lymphatiques ;
    • Nodules sur la peau, les muqueuses et les membranes

    L’évolution de ces symptômes peut être très longue et les séquelles nombreuses (avortements, stérilité, tarissement, amaigrissement). La mortalité peut atteindre 10 % du troupeau. Pour plus d’informations, consulter la fiche technique de l’Organisation mondiale de la santé animale (en anglais).

  • Lorsque ces symptômes sont observés, l’éleveur alerte son vétérinaire qui se rend sur place pour les constater. En cas de suspicion de DNC avérée, le vétérinaire alerte à son tour les services de l’État (Direction départementale en charge des populations) qui organisent avec le vétérinaire les prélèvements et l’envoi rapide des échantillons au laboratoire officiel. Si le laboratoire confirme la maladie, des mesures seront prises dans l’élevage et dans une zone réglementée qui est mise en place autour.

Propagation / transmission

  • La DNC est une maladie qui est transmise d’un animal à l’autre principalement par la piqûre d’insectes hématophages (mouches piqueuses ou taons qui se nourrissent du sang des bovins). Ces insectes transportent le virus sur leurs pièces buccales. Le virus ne se multiplie pas lorsqu’il est présent sur ces insectes. Les insectes piqueurs peuvent se déplacer sur jusqu’à plusieurs kilomètres et disséminer le virus en piquant des bovins.

    La DNC peut aussi être déplacée sur de longues distances lors des transports routiers d’animaux infectés.

  • Les insectes vecteurs sont plus nombreux durant les périodes chaudes de l’année, ce qui augmente le risque de transmission entre bovins et peut augmenter le risque de propagation de la maladie.

    La transmission à longue distance est liée aux transports routiers de bovins infectés, qui sont ensuite piqués par les insectes de la zone d’arrivée, et transmettent ensuite le virus aux bovins présents dans cette zone. Des bovins en apparence en bonne santé peuvent être porteurs du virus, soit parce qu’ils sont encore en phase d’incubation, soit parce que leurs signes cliniques sont très discrets.

  • Pour transmettre le virus, l’insecte doit être hématophage (se nourrir de sang). La transmission du virus de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) est avérée pour les espèces d’insectes suivantes :

    • le stomoxe, dont la capacité de dispersion « active » (c’est-à-dire par ses propres moyens) varie de 150 m à 1,6 km, avec un maximum de 5 km.
    • le taon (environ 100 espèces en France), qui peut parcourir jusqu’à 6 km en l’absence d’hôtes à proximité.

    La dispersion « passive » est possible par le vent, mais il s’agit d’insectes « lourds », par ailleurs moins actifs quand la force du vent est élevée.

    Les taons et les stomoxes peuvent pénétrer dans les véhicules. Il est recommandé de ne pas se garer à proximité d’animaux d’élevage, et de fermer portes et fenêtres sur le lieu de stationnement.

    Sur les élevages, il est recommandé de réduire au maximum les gîtes larvaires des insectes : les larves des insectes se développent dans la paille humide, mélangée ou non aux déjections animales. Les tas de paille humide autour du bâtiment, les croûtes autour des fosses à lisier, dans les box et sur le matériel agricole, la litière animale à base de paille et le tas de fumier sont autant d’endroits où peuvent pondre les insectes piqueurs. Il convient donc de maintenir la propreté du bâtiment et de ses abords.

    En savoir plus : télécharger ce document .

  • Le virus n’est pas transmissible à l’Homme, ni par contact avec des bovins infectés, ni par la consommation de produits issus de bovins contaminés, ni par piqûres d’insectes vecteurs. Une personne se rendant sur une exploitation d’élevage ou à proximité d’une pâture ne risque donc pas de contracter la maladie, ni de contribuer à la propagation du virus, s’il est piqué.

    Il est toutefois fortement recommandé de fermer les portes et fenêtres de véhicules, et d’éviter de se garer à proximité de bovins et des autres animaux d’élevage. En effet, par leurs propres moyens, les stomoxes et les taons ne parcourent pas plus de quelques kilomètres, et même beaucoup moins quand ils ont commencé un repas de sang. Mais si un insecte porteur du virus entre dans une voiture lors d’un passage dans une zone touchée par la maladie, il peut alors parcourir une distance beaucoup plus importante, et potentiellement d’apporter le virus dans une zone saine.

  • Le virus n’est pas transmissible aux autres animaux autres que les bovins. La DNC n’est pas transmissible aux chiens, chats, chevaux, moutons ou chèvres. Même si un de ces animaux est piqué, il ne risque pas de contracter la maladie. Il ne contribuera donc pas à la propagation du virus. La présence d’animaux non-sensibles à proximité de bovins est même un facteur de « dilution » de la maladie : chaque insecte qui pique un cheval ou un chien par exemple est, de fait, moins susceptible de piquer un bovin.
    Il n’y a donc pas de raison d’interdire les mouvements des animaux (autres que les bovins), ni les balades à cheval. En revanche les moyens de transport de chevaux ou de chèvre, de mouton, doivent être désinsectisés (produits insecticides classiques) avant le départ du véhicule.

    En savoir plus sur le transport des équidés et des randonnées à cheval dans la zone réglementée : voir la page dédiée sur site GDS France.

Mesures de gestion

  • Le décompte des foyers par les services de l’État fonctionne par « unité épidémiologique », autrement dit, par groupement d’animaux présents sur un même site, considéré comme isolé des autres. Ainsi, une même exploitation d’élevage peut compter plusieurs unités épidémiologiques distinctes car sans contact entre elles, par exemple : une première unité épidémiologique au niveau des bâtiments ; et une seconde unité épidémiologique au niveau d’un pré. Il peut y avoir plusieurs kilomètres entre ces unités. De fait, une même exploitation peut compter différents foyers qui sont autant d'unités épidémiologiques distinctes confirmées infectées, à des dates différentes ou pas. Ainsi, à titre d'illustration, au 13 juillet, la France comptait 21 foyers (soit 21 unités épidémiologiques distinctes) pour 13 exploitations d’élevage.

  • La lutte contre la dermatose nodulaire contagieuse passe d’abord par la gestion appropriée des suspicions de foyers en élevage bovins : suspension immédiate des mouvements et réalisation de prélèvements.

    En cas de confirmation de l’infection, les mesures de gestion des foyers détectés sont :

    • dépeuplement de tous les bovins du foyer. Du fait des caractéristiques de cette maladie, de sa contagiosité et de sa durée d'incubation longue (28 jours d'après l'Organisation mondiale de la santé animale), l'éradication de la DNC n'est possible qu'en appliquant un dépeuplement total des bovins des foyers, en plus des mesures de limitation des mouvements et de biosécurité (désinsectisation des bâtiments et véhicules). Certains bovins, bien qu'infectés, peuvent ne pas exprimer de signes cliniques, et par conséquent, s'ils restent sur l'élevage, ils vont contribuer à la persistance et à la diffusion de la maladie. Étant donné son impact important sur la santé animale, la DNC est classée, en droit européen, comme maladie de catégorie A, et le règlement UE 2020/687 (article 12) impose un dépeuplement total.
    • nettoyage, désinfection et désinsectisation du site d’élevage et du matériel (dont véhicules).

    L’État accompagne les éleveurs dans le cadre de ces dépeuplements, et les animaux euthanasiés font l’objet d’une indemnisation. Un soutien psychologique est également proposé à l’éleveur par les filières professionnelles d’élevage (Mutualité sociale agricole, chambres d’agriculture…).

  • Une zone réglementée est instaurée autour du foyer par arrêté préfectoral.

    Cette zone réglementée comprend :

    • une zone dite « de surveillance », dans un rayon de 50 kilomètres autour du foyer, où s’appliquent des mesures de prévention (renforcement de la surveillance vétérinaire, désinsectisation), ainsi que des restrictions très strictes notamment sur le déplacement des bovins visant à éviter que la maladie ne soit diffusée dans d’autres élevages par transport de bovins, en particulier au-delà de la zone réglementée.
    • une zone dire « de protection », dans un rayon de 20 kilomètres autour du foyer, dans laquelle, notamment, les déplacements de bovins sont soumis à des règles plus strictes, et les établissements d’élevage fait l’objet de visites vétérinaires afin de contrôler l’état sanitaire des animaux par examen clinique.

    Dans des conditions très encadrées, des mouvements dérogatoires sont possibles sous condition.

Vaccination

  • Des vaccins existent contre la DNC, et ont été utilisés avec succès pour éradiquer la maladie, notamment dans les Balkans, en Grèce et en Bulgarie à la fin des années 2010.

    Un animal vacciné est protégé à partir de 21 jours après l’injection d’une dose de vaccin.

    Il est possible qu’un bovin soit en incubation au moment de sa vaccination. Dans ce cas le bovin sera malade de DNC, car la protection vaccinale n’est pas immédiate. Il est également possible qu’un bovin récemment vacciné soit infecté par un insecte piqueur peu de temps après la vaccination : le bovin sera malade, car la protection vaccinale n’est pas immédiate. Dans ces deux cas, il est donc possible d’observer des bovins malades de DNC dans des troupeaux récemment vaccinés. Cela ne signifie pas que le vaccin est inefficace, ni que le vaccin est responsable de la maladie. La confirmation de la maladie est alors gérée comme un foyer, c’est-à-dire avec dépeuplement total des bovins du foyer.

  • Il peut y avoir de très rares effets secondaires passagers et sans conséquences. Les effets secondaires sont extrêmement rares : moins de 0,015 % des bovins vaccinés, soit un bovin présentant des effets secondaires tous les 6 500 bovins vaccinés.

    Ces effets secondaires peuvent être :
    - fièvre passagère,
    - grosseur au point d’infection (qui disparaitra en quelques jours),
    - baisse temporaire de protection de lait et de perte temporaire d’appétit,
    - plus rarement, apparition de petits nodules non contagieux sur la peau (moins de 2 centimètres de diamètre), qui ne s’ulcèrent pas, qui ne font pas de croûtes et qui disparaissent rapidement sans traitement.

    La vaccination n’a aucun effet sur la qualité de la viande ou du lait.