Cône de déjection du torrent du Boscodon

26 février 2025 Info +

La restauration des terrains de montagne : une histoire centenaire

Au-dessus du lac de Serre-Ponçon, dans les Hautes-Alpes, la forêt et le torrent de Boscodon sont entretenus par les équipes RTM (restauration des terrains en montagne) de l'ONF. L’enjeu : prévenir les risques de crues qui mettent en péril les activités humaines dans la vallée, autour du "cône de déjection", la zone où le torrent se jette dans le lac. Une mission multiple, entre ingénierie hydraulique, gestion forestière, conseil aux collectivités, suivi météorologique… Alim’agri a rencontré les équipes de la RTM sur place.

Au Boscodon, comme dans toutes les zones montagneuses, le changement climatique a tendance à augmenter les risques. « Nous observons une recrudescence des évènements torrentiels en montagne », expose Yann Quefféléan, responsable technique national RTM. « Ils sont favorisés par une hausse des précipitations extrêmes, et une période des orages plus longue dans l’année ». Avec, en cas de crue, des dégâts potentiellement importants sur les habitations et les activités économiques de la zone.

Yann Quefféléan, responsable technique national RTM
Yann Quefféléan, responsable technique national RTM - Xavier Remongin/agriculture.gouv.fr

Des outils pour mieux comprendre les phénomènes de crue

Pour prévenir ces risques, le service RTM de l'ONF suit de près l’activité de ce torrent, et entretient les barrages, dont certains ont été construits dès le XIXe siècle. Pour cela, il dispose d’outils variés, qui permettent l’analyse et la compréhension des phénomènes : pluviomètres, caméras, capteurs de vibrations sismiques, ou encore radars pour mesurer la hauteur de l’écoulement. Souvent, les crues endommagent les ouvrages, ce qui nécessite d’importants travaux pour les remettre en état. Au niveau national, la centaine d'agents met en œuvre 12 millions d’euros de travaux chaque année.

Le torrent de Bragousse, en forêt domaniale de Boscodon. - Xavier Remongin - agriculture.gouv.fr

Le maintien de la forêt est primordial

Pour éviter d’alimenter une éventuelle crue, le maintien de la forêt autour est primordial. C’est ce qu’explique François Ortar, responsable de secteur, en montrant un massif de feuillus en bordure de torrent : « Ces boisements, qui ont été plantés dans les années 1970, ont pour but de limiter l’érosion des sols, de maintenir les éléments sur place. On évite ainsi qu’ils soient lessivés par la pluie et qu’ils viennent grossir les crues torrentielles. »

François Ortar, responsable de secteur
François Ortar, responsable de secteur - Xavier Remongin/agriculture.gouv.fr

Dans les Hautes-Alpes, les essences replantées depuis le XIXe siècle sont principalement des résineux. Le changement climatique impose une réflexion sur leur avenir. « Deux essences présentes dans la région, le mélèze et le pin noir, sont réputées compatibles avec les différents scénarios du GIEC, y compris les plus pessimistes », précise Marie-Pierre Michaud, cheffe du service RTM Hautes-Alpes. « En revanche, d’autres espèces, comme le pin sylvestre, ou le sapin, comme ici au Boscodon, montrent déjà des signes de dépérissement. »

Marie-Pierre Michaud, cheffe du service RTM Hautes-Alpes
Marie-Pierre Michaud, cheffe du service RTM Hautes-Alpes - Xavier Remongin/agriculture.gouv.fr

« On est souvent remerciés par les élus, c’est gratifiant ! »

Maintenir des couverts végétaux, entretenir les ouvrages, tout cela permet de limiter les phénomènes naturels (crues, avalanches, mouvements de terrain) et leurs conséquences. L’échange avec les acteurs locaux est tout aussi important : les agents sont ainsi en contact avec les services de l'État (préfectures, DDT) et les collectivités concernées, pour leur apporter expertise, conseils, appui, face à ces risques. « On est souvent remerciés par les élus, c’est gratifiant ! », se réjouit Yann Quefféléan. « Cela peut être plus compliqué quand on donne des avis restrictifs, quand les aléas sont trop importants pour maintenir des habitations dans une zone, par exemple, complète Marie-Pierre Michaud. Ce sont des situations difficiles à assumer, mais on le fait pour l’intérêt général. »

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En raison des besoins croissants en bois, amplifiés par le pâturage, une grande partie des montagnes françaises a été déboisée jusqu’au milieu du XIXe siècle. À la suite de plusieurs crues de grande ampleur, une politique spécifique de reboisement des montagnes a été engagée par l’État dès 1860, pour aboutir en 1882 à la loi relative à "la conservation et la restauration des terrains en montagne".
En raison des besoins croissants en bois, amplifiés par le pâturage, une grande partie des montagnes françaises a été déboisée jusqu’au milieu du XIXe siècle. À la suite de plusieurs crues de grande ampleur, une politique spécifique de reboisement des montagnes a été engagée par l’État dès 1860, pour aboutir en 1882 à la loi relative à "la conservation et la restauration des terrains en montagne". - Xavier Remongin/agriculture.gouv.fr
Forêt Domaniale de Boscodon
Forêt Domaniale de Boscodon - Xavier Remongin/agriculture.gouv.fr
En montagne, la forêt est essentielle pour prévenir les risques naturels. Le système racinaire des arbres, et d’une manière plus générale la végétation, permettent de réduire l’érosion des sols.
En montagne, la forêt est essentielle pour prévenir les risques naturels. Le système racinaire des arbres, et d’une manière plus générale la végétation, permettent de réduire l’érosion des sols. La présence d’arbres protège contre les chutes de blocs, ralentit les glissements de terrain peu profonds ou encore les départs d’avalanches. - Xavier Remongin/agriculture.gouv.fr
Au sein de l’ONF, les services de restauration des terrains en montagne (RTM) sont chargés de maintenir l'efficacité des barrages appartenant à l’État. Cette mission d’intérêt général s’inscrit dans le cadre d’une politique plus que centenaire de prévention des risques naturels en montagne.
Au sein de l’ONF, les services de restauration des terrains en montagne (RTM) sont chargés de maintenir l'efficacité des barrages appartenant à l’État. Cette mission d’intérêt général s’inscrit dans le cadre d’une politique plus que centenaire de prévention des risques naturels en montagne. - Xavier Remongin/agriculture.gouv.fr
Tout au long du XXe siècle, le reboisement de la montagne a permis de réduire les risques liés aux crues torrentielles. Ici, la vallée du Boscodon vers 1950.
Tout au long du XXe siècle, le reboisement de la montagne a permis de réduire les risques liés aux crues torrentielles. Ici, la vallée du Boscodon vers 1950.
Aujourd'hui, réparties sur 380 000 hectares, les forêts domaniales RTM participent à la protection de nombreuses zones habitées ou agricoles et voies de communication en zone de montagne.
Aujourd'hui, réparties sur 380 000 hectares, les forêts domaniales RTM participent à la protection de nombreuses zones habitées ou agricoles et voies de communication en zone de montagne. - Xavier Remongin/agriculture.gouv.fr

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