Contre les feux de forêt, chaque citoyen a la main

Tout au long de l’année, les agents en charge de la DFCI effectuent des missions de prévention et de sensibilisation pour éviter les départs de feux. Ils entretiennent aussi le territoire pour faciliter l’intervention des sapeurs-pompiers. « Notre mission est d’entretenir certaines pistes d’accès ou certains points d’eau en forêt, y compris hors période estivale, pour permettre leur usage par les sapeurs-pompiers en cas de départ d’incendie », explique Christophe Chantepy, expert national de l’ONF en défense des forêts contre les incendies (DFCI), affecté en Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Dans 43 départements, le débroussaillement est une obligation légale : les propriétaires doivent réduire la végétation dans un périmètre de 50 mètres autour de leurs bâtiments. L’ONF effectue plusieurs milliers de contrôles chaque année.

Des patrouilles pour circonscrire les feux

De mi-juin à mi-septembre, des patrouilles sont déployées en France. Certaines d’entre elles, composées d’un pick-up armé de 600 litres d’eau, visent à circonscrire rapidement un feu naissant observé lors de la ronde. D’autres vont à la rencontre des citoyens pour les informer sur les interdictions d’accès et les pratiques à risque. « Certaines interdictions sont connues de la plupart des visiteurs forestiers, comme ne pas faire de barbecue dans une forêt ou ne pas jeter son mégot de cigarette, ajoute Christophe Chantepy, mais nous sommes aussi là pour éviter d’autres risques comme les feux d’artifice et les travaux qui pourraient générer des étincelles. »

Relevés hydriques

En plus des patrouilles, les agents effectuent des relevés hydriques de la végétation dans 100 points de prélèvement, surtout dans l’arc méditerranéen et la côte atlantique. Ils permettent de connaître le stress hydrique de la végétation. Ces données sont croisées avec celles de Météo France, partenaire de l’ONF, dans le but d’allouer au mieux les moyens opérationnels (canadairs, véhicules terrestres, effectifs de pompiers) en fonction des risques identifiés.

En appui des sapeurs-pompiers

Lorsqu’un feu est déclaré, les agents de l’ONF peuvent venir en appui des opérations de lutte et de secours des sapeurs-pompiers, comme lors de l’incendie du massif des Maures à Gonfaron, en 2021. « Nous avons identifié le périmètre du feu, procédé au guidage des pompiers sur le terrain, partagé les données cartographiques et anticipé le déplacement du feu », indique Christophe Chantepy.

Neuf feux sur dix sont d’origine humaine

Pour la DFCI, l’été 2022 a été un véritable tournant. Cette année-là, des forêts ont pris feu bien au-delà de l’arc méditerranéen, jusqu’en Bretagne. En conséquence, le dispositif, jusque-là cantonné au sud de l’Hexagone, a été étendu à tout le territoire métropolitain, et son budget annuel porté à 28 millions d’euros.

Neuf feux sur dix sont d’origine humaine. Cette statistique implacable conduit Christophe Chantepy à rappeler que « contre les feux de forêt, chaque citoyen a la main ». En plus des réunions publiques de sensibilisation, les canaux numériques sont aussi mis à contribution par l’ONF, notamment les réseaux sociaux qui permettent un ciblage plus précis des audiences. « Nous privilégions les formats qui marchent le mieux, comme les reportages embarqués. Le public est plus attentif lorsqu’il peut voir et comprendre notre quotidien sur le terrain », conclut Christophe Chantepy.