Importations et exportations de tomates par la France : Proportion de tomates importées depuis le Maroc et réexportées de France
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Les importations de tomates marocaines en France sont en forte croissance, et les tomates cerises marocaines font de plus en plus concurrence à la production française. Les préférences de l'accord UE/Maroc sont-elles en cause ? Comment différencier les segments de tomates fraiches, notamment à plus forte valeur ajoutée ? Comment rendre le mécanisme du prix de l'entrée plus opérant ? Le rapport du CGAAER formule six recommandations.

Rapport de mission de conseil n°24107-P
Janvier 2025
Enjeux
La filière tomate française a alerté les autorités françaises l’an dernier sur la concurrence agressive dont elle est l’objet de la part de son homologue marocaine pendant la période estivale de production, en particulier sur le segment plus valorisé des tomates « cerises ». Sont notamment mises en cause les préférences accordées aux exportations marocaines dans le cadre de l’accord conclu entre l’UE et le Maroc en 2012, en particulier le prix d’entrée très bas. Les professionnels redoutent également un risque de concurrence croissante avec la production française du fait des projets de développement favorisés par une main d’œuvre à faible coût et les conditions climatiques favorables.
Méthodologie
Les missionnés ont dressé un état des lieux de l’évolution des importations de tomates originaires du Maroc, en tenant compte des réexportations. Ils ont estimé les volumes de tomates restant sur le marché hexagonal et recensé les évolutions de prix à la production et à la consommation. Pour affiner l’analyse sur le segment des tomates cerises, ils ont utilisé les relevés du code des douanes françaises et mené une enquête auprès des responsables achats des grandes et moyennes surfaces pour connaître les volumes mensuels mis sur le marché.
Résumé
Tirant parti de l’accord UE /Maroc sur les produits agricoles de 2012 qui a accordé des préférences tarifaires aux importations européennes de tomates fraîches marocaines, les producteurs marocains ont orienté leurs productions et leurs exportations vers des variétés à plus forte valeur ajoutée de petit calibre (de type tomates cerises), répondant ainsi à la demande des marchés, notamment français.
Cependant, le mécanisme du prix d’entrée de l’UE n’a pas évolué de façon parallèle à la valeur forfaitaire à l’importation et ne prend pas en compte les variétés de tomates à plus forte valeur qui ont conquis les marchés. Ce mécanisme ne joue plus complètement son rôle premier de protection du marché européen pendant les périodes de production : si les tomates marocaines répondent aux besoins du marché français en période hivernale pendant laquelle il n’y a pas de production nationale, elles font aujourd’hui de plus en plus concurrence à cette dernière en période de production (pic estival de juin à août lors duquel le prix d’entrée préférentiel de l’accord UE/Maroc ne s’applique pas). Or, comme leur valeur forfaitaire à l’importation dépasse le prix d’entrée conventionnel de l’UE en période estivale, les importations des tomates marocaines ne font pas l’objet de droit spécifique, notamment pour les tomates cerises, dont la valeur est plus élevée. Les données analysées montrent une augmentation des importations sur les trois dernières années.
À ce constat s’ajoute une possible accentuation de la concurrence marocaine du fait des perspectives de développement de la culture maraîchère.
L’entrée en vigueur d’un nouveau code douanier européen au 1er janvier 2025 pour les tomates fraîches de calibre inférieur à 47 mm permettra d’analyser plus finement ce phénomène. Cette nouvelle nomenclature douanière constitue une opportunité d’établir des valeurs forfaitaires à l’importation et des prix d’entrée différenciés en fonction des variétés de tomates fraîches. Le nouveau code douanier pour les "tomates de petit calibre" fournit une occasion d’évoquer ce sujet avec les États Membres du groupe fruits et légumes et la Commission européenne.
Si ces révisions voyaient le jour, une modification consécutive de l’accord UE/Maroc pour les prendre en compte serait souhaitable, à condition d’être ciblée sur les seules tomates et en accord des autorités marocaines.
À court terme, un accord entre filières française et marocaine pourrait être exploré.