04 septembre 2025 Publication

Impact de la résistance aux médicaments antiparasitaires sur les animaux en France

  • Didier Guériaux
  • Thomas Clément

Tous les animaux sont exposés au parasitisme et les médicaments pour les soigner viennent à manquer dans certaines filières du fait du développement de résistances. Les impacts de celles-ci ne sont pas que sanitaires mais aussi économiques, sociaux, et environnementaux. Sans mesures adaptées, certaines activités d’élevages sont menacées.

Rapport de mission de conseil n°24066

Février 2025

Enjeux

Le phénomène de perte d’efficacité des médicaments vétérinaires antiparasitaires au fil du temps est connu depuis le milieu du XXe siècle et devient de plus en plus préoccupant à l’échelle mondiale. Or, si la lutte contre l’antibiorésistance mobilise tous les acteurs des santés humaine, animale et environnementale, la prévention de l’apparition et du développement des résistances des parasites animaux aux médicaments vétérinaires ne semble pas une préoccupation mondialement partagée. Pourtant, l’activité de certaines filières est aujourd’hui directement menacée par le manque de molécules antiparasitaires efficaces.

Méthodologie

Le périmètre de la mission couvrait tous les parasites présents en France métropolitaine des types d’hôtes suivants : bovins, ovins, caprins, équins, oiseaux, lapins, canins, félins et abeilles. La mission a consulté une bibliographie internationale et a mené des entretiens avec les représentants professionnels, des scientifiques et les membres des administrations. Un parangonnage européen a été réalisé auprès des chefs d’agence du médicament vétérinaire par l’intermédiaire de l’agence nationale du médicament vétérinaire (ANMV).

Résumé

Malgré les alertes des scientifiques sur l’apparition de résistances aux antiparasitaires, le sujet n’apparait pas prioritaire pour la société et est renvoyé aux relations entre éleveurs et vétérinaires, d’autant que la médecine humaine semble plutôt peu mobilisée sur cette question en France métropolitaine.

Les impacts de la résistance aux médicaments antiparasitaires concernent d’abord la santé et le bien-être animal, l’économie des élevages, mais peuvent aussi être sociétaux et environnementaux (multiplication des traitements avec des produits peu efficaces, voire dangereux pour les écosystèmes). L’impact sur la santé publique peut aussi être réel quand le parasite est zoonotique. Cependant, si la nature des impacts est clairement identifiée, leur quantification est difficile.

Il est donc urgent de sensibiliser tous les détenteurs d’animaux. Le déploiement d’un observatoire des résistances apparait désormais indispensable pour objectiver les situations en métropole et quantifier les impacts. Il pourra utilement s’appuyer sur des analyses de terrain si celles-ci sont standardisées. La recherche doit aider à l’élaboration de kits d’analyses de terrain plus performants, notamment adaptés à de grands nombres d’animaux, pour faciliter le travail des praticiens et affiner leurs prescriptions. Une meilleure connaissance des pratiques dans les filières nécessite aussi d’appréhender plus finement les volumes de médicaments antiparasitaires circulant, ce que permettra la déclaration de leur dispensation.

Les herbivores connaissent déjà des impasses thérapeutiques et les pratiques régulières de traitements peuvent aggraver les situations : les filières laitières ovine et caprine et la filière équine nécessitent désormais une intervention collective. Des dispositifs de formation et d’accompagnement spécifiques de ces filières sont aujourd’hui indispensables. Un ciblage des contrôles officiels de la pharmacie vétérinaire sur les exploitations concernées devra compléter le dispositif.

En 2024, les acteurs français ont décidé d’associer le sujet de la résistance des parasites à celui de l’antibiorésistance au sein du plan EcoAntibio 3. Ils doivent maintenant identifier l’opportunité d’un plan d’action spécifique aux résistances aux médicaments vétérinaires

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