Portrait de Fabienne Martin
Thomas Hubert / agriculture.gouv.fr

26 août 2025 Info +

Fabienne Martin, directrice de NaturaPôle : « Les jeunes nous rejoignent pour être acteurs de la transition »

Fabienne Martin est directrice de NaturaPôle, l’établissement agricole public départemental de Seine-Maritime, qui propose de nombreuses formations aux métiers agricoles et compte 2 300 apprenants répartis sur cinq campus. Dans cet entretien, elle revient sur les attentes des jeunes générations qui se forment aux métiers de l’agriculture et du vivant, et sur l’adaptation que cela implique de la part de l’enseignement agricole.

Constatez-vous une évolution des profils qui rejoignent votre établissement ?

Les jeunes qui rejoignent nos campus de formation, pour des cursus allant de la troisième à la licence professionnelle, sont principalement Normands. Mais certains viennent d’ailleurs, notamment dans le supérieur, pour suivre des formations qui répondent à leurs attentes en matière de transition agricole, de découverte de systèmes de production locaux, de souveraineté alimentaire, de préservation des ressources… Il y a aussi une certaine féminisation des effectifs en filière agricole : les jeunes filles sont de plus en plus nombreuses à vouloir s’installer pour être cheffe d’entreprise agricole. Nous avons aussi de plus en plus d’élèves, étudiants ou apprentis qui ont des origines hors du cadre familial agricole.

En quoi les transitions en cours modifient-elles les aspirations de la nouvelle génération ?

Les jeunes rejoignent l’enseignement agricole pour être acteurs de la transition à venir. Ils veulent que leur métier participe à la protection de la planète et s’inscrive dans une économie plus locale, circulaire. Par ailleurs, le bien-être animal, surtout en ce qui concerne les conditions d’élevage, est devenu une préoccupation majeure des apprenants en formation en filière d’élevage. Depuis environ cinq ans, les étudiants sont aussi attentifs aux alternatives comme les biocontrôles, une méthode qui respecte les sols et la ressource en eau.

Est-ce que ces prises de conscience influencent leurs choix de filières ?

Dans le panel des formations agricoles, la plupart des apprenants ont déjà, quand ils arrivent, une idée claire de la filière vers laquelle ils se dirigeront, souvent parce qu’ils souhaitent reprendre une exploitation familiale. Mais on observe qu’ils sont à l’écoute de nouvelles pratiques et nouvelles technologies qui peuvent apporter de la satisfaction à leur métier.

Dans ce contexte, les jeunes repensent-ils le mode de vie agricole ?

Les apprenants se projettent de plus en plus vers des projets collectifs où la gestion de l’exploitation est partagée entre associés et permet de s’aménager du temps. Prendre ses week-ends et du temps pour soi, ses proches par exemple, c’est un souhait que l’on entend davantage chez nos apprenants. Ils aspirent aussi à maîtriser la chaîne de valeur, de la production à la vente, en passant par la transformation. J’ai le souvenir d’un étudiant déclarant : « Je veux faire mes chips ! » C’est le symbole d’une jeunesse qui a envie d’entreprendre.

Comment vos établissements préparent-ils les jeunes à faire face aux nombreux changements en cours ?

On intègre les nouvelles pratiques dans nos enseignements : par exemple, la préservation de l’eau, dans notre région où les modes de production et les conditions géologiques ont un impact sur sa disponibilité et sa qualité. Nous sensibilisons les apprenants au biocontrôle lors de moments partagés en présence d’agriculteurs, grâce à un dispositif d’apprentissage innovant, comme le programme normand TANGGO, pour que les jeunes se familiarisent avec des méthodes nouvelles. Ce temps d’échange et de pratique entre agriculteurs et étudiants est précieux car enrichissant et valorisant.

La loi d’orientation agricole prévoit la création d’un Bachelor Agro. Que vous inspire ce nouveau diplôme ?

C’est une bonne nouvelle d’offrir, dans l’enseignement agricole, un parcours en trois années après le bac : certains étudiants souhaitent poursuivre au-delà du BTSA. Cette troisième année de Bachelor Agro, déclinée dans de multiples mentions (élevage, agronomie, alimentation, forêt…), répond à un besoin de montée en compétences avant l’insertion professionnelle, nécessaire au renouvellement des générations. Ce sera un facteur d’attractivité pour l’enseignement agricole. Sa mise en place à l’échelle nationale sera progressive dès la rentrée scolaire 2026. À NaturaPôle, nous réfléchissons à l’intégrer en ajoutant une troisième année à notre offre de formation en BTSA.

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NaturaPôle, établissement agricole public départemental de Seine-Maritime
NaturaPôle, établissement agricole public départemental de Seine-Maritime - Thomas Hubert / agriculture.gouv.fr
NaturaPôle, établissement agricole public départemental de Seine-Maritime
NaturaPôle, établissement agricole public départemental de Seine-Maritime - Thomas Hubert / agriculture.gouv.fr
NaturaPôle, établissement agricole public départemental de Seine-Maritime
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NaturaPôle, établissement agricole public départemental de Seine-Maritime
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Exploitation agricole du campus NaturaPôle
Exploitation agricole du campus NaturaPôle - Thomas Hubert / agriculture.gouv.fr
Pôle équestre du campus NaturaPôle
Pôle équestre du campus NaturaPôle - Thomas Hubert / agriculture.gouv.fr