Xavier Remongin/agriculture.gouv.fr

07 juillet 2025 Info +

Dermatose nodulaire contagieuse des bovins (DNC) : foire aux questions

Présentation générale de la maladie

  • La dermatose nodulaire contagieuse (DNC) est une maladie virale strictement animale (non transmissible aux humains) qui n’affecte que les bovins, buffles et zébus. Les autres espèces animales ne sont pas concernées. La DNC n’est pas transmissible à l’Homme, ni par contact avec des bovins infectés, ni par la consommation de produits issus de bovins contaminés, ni par piqûres d’insectes vecteurs.

    La DNC est fortement préjudiciable à la santé des bovins et conduit à des pertes de production importantes, jusqu’à la mort d’une partie des animaux du cheptel infecté. Elle est classée en droit européen comme maladie de catégorie A, soit une maladie habituellement absente de l’Union européenne et contre laquelle des mesures doivent être prises pour un objectif d’éradication immédiate.

  • La dermatose nodulaire contagieuse bovine (DNC) est présente en Afrique subsaharienne et en Asie et depuis 2023 en Afrique du Nord. Elle a été observée dans les Balkans, ainsi qu’en Grèce et en Bulgarie à la fin des années 2010, et a pu être éradiquée de cette zone grâce à une campagne de vaccination.

    Elle a été détectée le 20 juin 2025 en Italie (Sardaigne puis Lombardie), puis le 29 juin, pour la première fois en France, dans le département de la Savoie.

Symptômes

  • La période d'incubation de la DNC est variable, et a été établie à 28 jours par le Code terrestre de l’Organisation mondiale de la santé animale. À l’issue de cette période d’incubation, plusieurs signes généraux peuvent apparaître :

    • Fièvre pouvant atteindre 41 °C ;
    • Abattement ;
    • Anorexie ;
    • Chute de lactation ;
    • Hypertrophie des ganglions lymphatiques ;
    • Nodules sur la peau, les muqueuses et les membranes
    • Atteinte de organes internes.

    L’évolution de ces symptômes peut être très longue et les séquelles nombreuses (avortements, stérilité, tarissement, amaigrissement). La mortalité peut atteindre 10 % du troupeau. Pour plus d’informations, consulter la fiche technique de l’Organisation mondiale de la santé animale (en anglais).

  • Lorsque ces symptômes sont observés, l’éleveur alerte son vétérinaire qui se rend sur place pour les constater. En cas de suspicion de DNC par le vétérinaire, il alerte à son tour les services de l’État (Direction départementale en charge des populations) qui organisent avec le vétérinaire les prélèvements et l’envoi rapide des échantillons au laboratoire. Si le laboratoire confirme la maladie, des mesures seront prises dans l’élevage et dans une zone réglementée qui est mise en place autour.

Propagation / transmission

  • La DNC est une maladie qui est transmise d’un animal à l’autre principalement par la piqûre d’insectes hématophages (mouches piqueuses ou taons qui se nourrissent du sang des bovins). Ces insectes transportent le virus sur leurs pièces buccales.

    Les insectes piqueurs peuvent se déplacer sur plusieurs kilomètres et disséminer le virus en piquant des bovins.

    La DNC peut aussi être déplacée sur de longues distances lors des mouvements d’animaux infectés.

  • Les insectes vecteurs sont plus nombreux durant les périodes chaudes de l’année, ce qui augmente le risque de transmission entre bovins et peut augmenter le risque de propagation de la maladie.

    La transmission à longue distance est liée aux mouvements de bovins infectés, qui sont ensuite piqués par les insectes de la zone d’arrivée, et transmettent ensuite le virus aux bovins présents dans cette zone. Des bovins en apparence en bonne santé peuvent être porteurs du virus, soit parce qu’ils sont encore en phase d’incubation, soit parce que leurs signes cliniques sont très discrets.

  • Réduire au maximum les gîtes larvaires des insectes en élevage est une mesure très utile : les larves des insectes se développent dans la paille humide, mélangée ou non aux déjections animales. Les tas de paille humide autour du bâtiment, les croûtes autour des fosses à lisier, dans les box et sur le matériel agricole, la litière animale à base de paille et le tas de fumier sont autant d’endroits ou peuvent pondre les insectes piqueurs. Il convient donc de maintenir la propreté du bâtiment et de ses abords.

Mesures de gestion

  • La lutte contre la dermatose nodulaire contagieuse passe d’abord par la gestion appropriée des suspicions de foyers en élevage bovins : suspension immédiate des mouvements et réalisation de prélèvements.

    En cas de confirmation de l’infection, les mesures de gestion des foyers détectés sont : dépeuplement de tous les bovins du foyer, nettoyage, désinfection et désinsectisation du site d’élevage et du matériel (dont véhicules). L’État accompagne les éleveurs dans le cadre de ces dépeuplements, et les animaux euthanasiés font l’objet d’une indemnisation. Un soutien psychologique est également proposé à l’éleveur, pour l’accompagner dans cette épreuve difficile.

    De plus, une zone réglementée est instaurée autour du foyer par arrêté préfectoral.

    Cette zone réglementée comprend :
    - une zone dite « de surveillance », dans un rayon de 50 kilomètres autour du foyer, où s’appliquent des mesures de prévention (renforcement de la surveillance vétérinaire, désinsectisation), ainsi que des restrictions notamment sur le déplacement des bovins visant à éviter que la maladie ne soit diffusée dans d’autres élevages, en particulier au-delà de la zone réglementée.
    - une zone dire « de protection », dans un rayon de 20 kilomètres autour du foyer, dans laquelle, notamment, les déplacements de bovins sont soumis à des règles plus strictes, et les établissements d’élevage fait l’objet de visites vétérinaires afin de contrôler l’état sanitaire des animaux par examen clinique.

  • Au regard de l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA), la zone règlementée établie autour des foyers n’est plus indemne de dermatose nodulaire contagieuse (DNC). Ceci impacte la capacité de cette zone à exporter les animaux des espèces sensibles à la DNC hors de son territoire.

    La zone infectée peut retrouver le statut indemne à partir du quatorzième mois qui suit le dépeuplement du dernier foyer ou la vaccination du dernier animal, si le pays applique une surveillance clinique, virologique et sérologique démontrant l’absence d’infection par le virus de la DNC, d’après l’Organisation mondiale de la santé animale.

    Certains pays tiers reconnaissent le zonage mis en place par la France, et par conséquent, n’appliquent des restrictions à l’importation sur leur territoire qu’aux animaux sensibles issus de la zone règlementée autour des foyers, ou aux départements inclus dans cette zone. En revanche, d’autres pays tiers refusent de reconnaître ce zonage et appliquent des restrictions à l’ensemble du territoire français.

    Les États membres de l’Union européenne reconnaissent mutuellement les zonages mis en place par les autres États membres, limitant ainsi les restrictions aux seules zones règlementées.

Vaccination

  • Des vaccins existent contre la DNC, et ont été utilisés avec succès pour lutter contre la maladie, notamment dans les Balkans, en Grèce et en Bulgarie à la fin des années 2010.

    L’utilisation de la vaccination dans une zone indemne de DNC n’est autorisée qu’en cas de menace établie, avec des cas avérés proches des frontières du pays.