
Conseil et suivi, la recette d'un projet réussi
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À 25 ans, Justine Lemarié est exploitante en grandes cultures bio près de Mantes-la-Jolie, dans les Yvelines. Pour son installation, qui s’est faite en 2024, elle a bénéficié de l’accompagnement de Camille Lazartigues, conseillère installation-transmission de la chambre d’agriculture de la région Île-de-France. Nous les avons rencontrées ensemble pour évoquer le travail de la chambre auprès des futurs installés.
À l’époque où elle passait son bac, Justine Lemarié n’avait pas forcément l’intention de devenir agricultrice. C’est au fil de ses études, un BTSA ACSE (analyse, conduite et stratégie de l'entreprise agricole), puis un BTSA APV (agronomie productions végétales), que l’envie s’est précisée.
Fille et petite-fille d’agriculteurs, elle a compris, au fil des années, qu’elle avait besoin de retrouver cet « art de vivre agricole », cette symbiose avec les saisons, mais aussi de renouer avec les souvenirs heureux de l’enfance : les moissons en famille, la vie à la ferme, les tracteurs… Dès lors, impossible pour elle de rester éloignée des champs : « Vers 20 ans, j’ai su qu’il fallait que je m’installe. »

Se lancer dans les meilleures conditions possibles
Une occasion rare s’impose alors : une exploitation de 70 hectares, sur laquelle travaille occasionnellement son père, va être cédée. La propriétaire la contacte pour lui proposer de reprendre la suite. Justine Lemarié met alors tout en place pour se lancer dans les meilleures conditions, et contacte au printemps 2023 le point d’accueil installation (PAI) Île-de-France Ouest, première étape de son parcours.
« Justine est arrivée au PAI en ayant fait une bonne partie du chemin », se rappelle Camille Lazartigues, conseillère installation-transmission, qui l’a accompagnée. « Elle avait à la fois l’expérience de la vie agricole et les diplômes. Elle avait aussi sécurisé l’accès au foncier avec l’aide de la cédante, qui voulait que ça avance rapidement. » La jeune femme avance alors dans les différentes étapes pour faire une installation dans les règles : elle réalise un plan de professionnalisation personnalisé (PPP), puis le stage de 21h (voir encadré), avant de déposer son dossier d’installation. Elle intègre un plan prévisionnel pour garantir la faisabilité économique de son projet.
Ce processus, obligatoire pour bénéficier des différentes aides de l’État et des régions, permet de ne rien oublier en route et de nouer tous les contacts nécessaires. « Les jeunes nous décrivent leur projet, c’est ensuite notre rôle de les mettre en contact avec nos partenaires, complète Camille Lazartigues. On travaille avec le conseil régional d’Île-de-France, la Safer(1), Île-de-France Nature, Répertoire départ installation [site Internet qui recense les offres de cessions de fermes, ndlr], les banques... »
Le stage 21h
Ce stage de trois jours a lieu dans le cadre du plan de professionnalisation personnalisé (PPP). Porté par la chambre d’agriculture et encadré par l’État, il réunit les différents acteurs de l’installation-transmission, qui viennent expliquer leur rôle devant un groupe d’agriculteurs en devenir : centres de gestion, MSA[2] (pour clarifier le cadre juridique du métier), Safer, coopératives, DDT[3], mais aussi les banques pour détailler les différents types de financement. Un moment important pour Justine : "C'est un peu la dernière étape du parcours, après on dépose notre dossier. Cela pose des bases et permet de voir ce qui reste à faire. Par exemple, l’autorisation d’exploiter que j’avais oubliée sur certaines terres !"

Dans les années qui suivent l’installation, le suivi continue
Pour l’agricultrice, l’appui de la chambre a été précieux : « Cela m’a apporté de la visibilité sur la partie administrative : savoir quoi faire, à quel rythme… » D’autant que ce suivi ne se résume pas à la période de l’installation. Dans les années qui suivent, des points sont organisés avec les agriculteurs fraîchement installés. « On échange de façon informelle pour voir si le projet évolue, et dans quel sens, confirme Camille Lazartigues. Cela permet d’évoquer les aspects économiques, mais aussi humains : rythme de vie, charge de travail… et de déceler des difficultés. »
Garder le cap pendant les premières années est impératif pour les nouveaux venus dans le métier, surtout lorsque la météo s’en mêle, comme en 2023 et 2024. « À cause de la pluie, de l’humidité, on a eu beaucoup de mal à récolter en août 2023, se souvient Justine Lemarié, puis à travailler les champs, implanter les cultures… » Mais ces turbulences n’ont pas découragé la jeune femme, qui se projette déjà dans l’avenir : « Ça ne fait qu’un an que je suis installée, mais je réfléchis déjà à la manière de diversifier mon exploitation. »
[1] Société d'aménagement foncier et d’établissement rural
[2] Mutualité sociale agricole.
[3] Directions départementales des territoires