28 octobre 2019 Publication

Sécurisation du barrage de La Laye

  • Roland Renoult

Suite à une sollicitation du préfet des Alpes de Haute Provence, une mission interministérielle a été chargée d’analyser la sécurité du barrage de la Laye en cas de crues importantes.

Véronique Pagnier Rapport de mission interministérielle d’expertise n° 19022

Juin 2019

Mots-clés : eau, barrage, risque, irrigation, eau potable, territoire

Enjeux

Construit en 1962, le barrage de la Laye assure l’irrigation et l’eau potable pour la région de Forcalquier (Alpes de Haute Provence), notamment en période estivale.

Suite à des évolutions réglementaires et à de meilleures connaissances hydrologiques, il s’avère que l’actuel ouvrage d’évacuation des crues du barrage est très insuffisant. La sécurité des populations situées à l’aval du barrage n’est donc pas assurée.

Suite à une demande du préfet du département des Alpes de Haute Provence, une mission interministérielle a été chargée d’analyser la situation.

Méthodologie

La mission était composée de Pascal Kosuth, Odile Stefanini-Meyrignac (CGEDD) et Roland Renoult (CGAAER).

La mission a exploité toutes les études et données hydrauliques du bassin versant et du barrage, puis a auditionné les parties concernées : administrations de l’État (préfecture, DREAL et DDTM), collectivités locales, dont le syndicat intercommunal propriétaire de l’ouvrage, organismes agricoles, Agence de l’eau, société du canal de Provence, associations environnementalistes.

Résumé

Le barrage de la Laye se trouve dans les Alpes de Haute Provence, sur les communes de Mane et de Forcalquier.

Tributaires d’un contexte méditerranéen, les ressources en eau de ce territoire sont naturellement très limitées. Construit en 1962 par le syndicat intercommunal d’irrigation de la région de Forcalquier (SIIRF), ce barrage a permis un développement tant agricole qu’urbain de la zone.

Le territoire a été confronté plusieurs fois à des situations de sécheresse extrême entraînant la mise en place de restrictions d’usage de l'eau. Les captages actuels de nappe ou de source en période estivale dégradent la qualité du milieu naturel et devraient être limités voire supprimés.

L’élaboration d’un schéma général de la ressource en eau et de son usage pour l’ensemble du bassin a révélé toute l’importance du barrage de la Laye. Toutefois l'ouvrage actuel ne résisterait pas à une crue décamillenale, contrevenant en cela à la réglementation. La réalisation d'un nouvel évacuateur de crue s’impose donc. En cas de rupture du barrage, plus de 3 000 personnes seraient concernées.

La mission a étudié trois scénarios pour la sécurisation du barrage et le financement d’un nouvel évacuateur de crue.

Le premier scénario permet de relever les trois défis qui se posent au bassin versant : la pérennité du barrage de La Laye, la sécurisation de l'alimentation en eau potable et la restauration des milieux aquatiques. Il impose la mise en place d’une gouvernance territoriale de l’eau. Il s'agit d'un scénario de mutualisation qui cherche à répartir les dépenses structurantes sur le périmètre qui en bénéficiera.

Dans le deuxième scénario, le projet se limiterait à la seule réalisation de l’évacuateur de crue par le SIIRF, propriétaire actuel du barrage, comme cela était envisagé antérieurement. Les perspectives d'obtention de subventions seraient limitées et l’impact du recours à l'emprunt sur les irrigants serait très important. Afin d’alléger la charge financière pour les utilisateurs actuels, le SIIRF pourrait chercher à vendre ou fournir plus d'eau. Cette hypothèse demeure très aléatoire du fait de l’incertitude quant à un réel besoin supplémentaire en eau d’irrigation.

Si ce scénario ne pouvait se réaliser, le transfert de la maîtrise d’ouvrage à la société du canal de Provence est techniquement possible. Cet organisme a les capacités techniques et financières de porter ce projet d’évacuateur de crue. En revanche, ce scénario impliquerait des hausses de prix considérables, notamment pour les agriculteurs. Il dessaisirait les acteurs locaux de la gestion de proximité et reporterait à une date lointaine la gestion de l’ensemble de la ressource et des usages du bassin.

Pour finir, le scénario du pire serait celui de l’arasement du barrage que l’État devrait prescrire si les acteurs du territoire n’arrivaient pas à faire émerger l’un des scénarios précédents.

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