Anticiper et prévenir la perte de patrimoine génétique des ovins en cas de crise sanitaire
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Le ministre a confié au CGAAER une mission pour se prémunir du risque d’appauvrissement du patrimoine génétique des ovins, voire de disparition de races ovines françaises, en cas de crise sanitaire
Rapport de mission d’expertise n°15039 CGAAER
Octobre 2016
Mots clés : patrimoine génétique, risque sanitaire, géolocalisation des animaux, retour éleveur
Enjeux
La France compte un grand nombre de races ovines. Cette diversité apparaît comme un atout majeur pour répondre aux besoins de l'agro-écologie. La contrepartie de cette situation est un effectif relativement limité de certaines de ces races, avec, parfois, de petits troupeaux géographiquement concentrés.
Après les récents épisodes de fièvre catarrhale ovine et de maladie de Schmallenberg, les organisations professionnelles concernées ont pris conscience de la grande vulnérabilité de certaines races ovines françaises.
Face à des risques incertains, très variables (risques pathologiques liés aux déplacements des animaux) et parfois encore méconnus (réchauffement climatique), la profession ovine souhaite que ces races soient préparées pour affronter l'avenir dans les meilleures conditions possibles.
Le ministre a confié au CGAAER une mission pour imaginer des scénarios permettant de se prémunir du risque d’appauvrissement du patrimoine génétique, voire de la disparition de races ovines françaises, en cas de crise sanitaire.
Méthodologie
La mission a étudié le contexte, l’historique et l’inventaire des races ovines françaises, l’identification, l’enregistrement et le recensement des ovins en France, la notion de risque sanitaire, de risque d’introduction des maladies exotiques et l’évaluation du risque d’apparition d’une maladie.
Elle a délivré ses conclusions après un échange avec la profession, en particulier la présidente de la Fédération nationale ovine.
Résumé
L’histoire et l’inventaire des races ovines françaises font ressortir les éléments suivants :
- la difficulté de connaître la répartition par race des 7 200 000 ovins recensés en France ;
- l’intérêt d'enrichir la cryobanque nationale par les races menacées de disparition en priorité, puis par l’ensemble des races ovines locales.
L'identification, l’enregistrement et le recensement des ovins montrent que :
- l’identification électronique des ovins est quasiment complète ;
- le code race des animaux n’est pas inscrit sur la boucle ni enregistré dans la base de données ;
- les données disponibles dans la BDNI (Banque des données nationale d’identification) ne prennent pas en compte les données raciales.
En revanche les données disponibles dans les bases à vocation génétique (SIEOL pour les ovins lait et OVALL pour les ovins viandes) permettent de localiser les races, notamment les animaux inscrits à fort potentiel.
S'agissant de l’évaluation des risques sanitaires, de l’identification des dangers et de l’appréciation des risques :
- les dangers sont bien identifiés (OIE) et l’État dispose des outils réglementaires ad hoc pour les gérer ;
- le risque ne peut pour l’instant être apprécié, le préalable étant la géolocalisation des troupeaux, avec une connaissance précise des effectifs et des races concernés ;
- la « méditerranéisation » du climat en France augmente le risque d’introduction et de propagation de maladies vectorielles représentant la majorité des maladies exotiques ;
- la protection des races à faible effectif nécessite une géolocalisation parfaite des animaux pour mettre en œuvre une segmentation géographique des mesures (vaccination d’urgence des animaux, par exemple) ;
- l’évaluation du risque d’apparition d’une maladie dans une zone où résident des troupeaux de races ovines à faible effectif pourra être réalisée par l’ANSES, dès lors que nous disposerons des données de répartition géographique des populations concernées ;
- le risque de propagation de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) est patent. Il est nécessaire de mettre en place une surveillance dans les meilleurs délais.
L'ensemble de ces constats conduit la mission à proposer, avant toute autre mesure, de revoir les procédures de recensement annuel en y intégrant les données de géolocalisation des troupeaux avec les effectifs et les races qui les composent. La mission recommande également que la BDNI intègre les données raciales.
La mission recommande de mettre en cryobanque nationale l’ensemble du patrimoine génétique ovin des races menacées de disparition, puis celui de toutes les races locales, en respectant les prescriptions d’échantillonnage données par la cryobanque nationale. Elle suggère enfin de s’appuyer sur la plate-forme d’épidémiosurveillance en santé animale (plate-forme ESA) pour répondre aux sollicitations à venir.