Mission de conseil pour développer l’intérêt porté au métier d’enseignant de l’enseignement technique agricole
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Le CGAAER a été chargé d’une mission de conseil visant à déterminer les leviers permettant d’inverser la tendance actuelle de forte désaffection des concours de recrutement et développer l’intérêt pour le métier d’enseignant dans l’enseignement technique agricole.
Rapport de mission de conseil n°23079
Janvier 2024
Enjeux
En 2023, 48% seulement des postes offerts aux concours de l’enseignement agricole ont été pourvus. Le recours aux agents contractuels s’est donc amplifié et représentait 27% des effectifs enseignants à la rentrée scolaire 2023. Cette désaffection pour la carrière d’enseignant est à replacer dans un contexte de baisse générale d’intérêt pour ce métier, tant au niveau national que mondial. Cependant, au regard de l’objectif assigné à l’enseignement agricole d’augmenter ses effectifs, notamment dans la perspective du renouvellement des générations en agriculture, le recrutement d’enseignants de l’enseignement agricole constitue un enjeu essentiel.
Méthodologie
La mission s’est appuyée sur un important travail documentaire. Elle a rencontré les acteurs en charge de l’enseignement technique et du recrutement au sein du ministère chargé de l’agriculture et réalisé un parangonnage auprès d’autres ministères, notamment ceux de l’Éducation nationale et des Armées. Elle a également adressé un questionnaire à un panel d’agents contractuels de l’État nouvellement recrutés, aux stagiaires en formation et aux étudiants de master de l’enseignement, de l’éducation et de la formation (MEEF) à l’École nationale supérieure de formation de l’enseignement agricole.
Résumé
De nombreuses études, nationales comme internationales, ont cherché à identifier les causes de la désaffection pour le métier d’enseignant, phénomène qui dépasse largement les frontières françaises. La mission a pu confirmer la pertinence pour la sphère de l’enseignement agricole, des conclusions de ces travaux : les raisons de cette désaffection sont multiples et concernent l’ensemble du parcours de carrière, appelant à une réflexion globale sur le métier.Le déficit d’attractivité du métier d’enseignant s’explique notamment par la dégradation du statut social de l’enseignant, la baisse de son prestige au sein de la société, le manque de reconnaissance des difficultés du métier ainsi que des responsabilités assurées tant auprès des élèves que de leurs familles, la perception d’une détérioration des conditions de travail par les intéressés, des salaires relativement faibles comparés à ceux d'autres professions intellectuelles, le décalage entre les attentes des générations Y et Z et les spécificités de la fonction publique de l’État. À cela s’ajoutent des difficultés propres à l’enseignement agricole : un système d’enseignement peu connu, des modalités de recrutement qui ne conviennent pas à tous les viviers, une entrée dans le métier insuffisamment accompagnée, des mobilités géographiques non souhaitées et des difficultés pour s’orienter vers une seconde carrière.
Les pistes d’amélioration ont fait l’objet de sept recommandations : mettre en place des mesures adaptées aux différents viviers de « néo-entrants » potentiels (ingénieurs, étudiants en MEEF, bac+2…),
- améliorer le recrutement, l’accueil et l’accompagnement des agents contractuels dans une perspective de fidélisation ;
- étendre la bivalence des professeurs de lycée professionnel agricole (PLPA) pour les disciplines professionnelles ;
- favoriser le recrutement de professionnels en reconversion ;
- expérimenter l’organisation de concours nationaux à affectation locale ;
- faciliter la mobilité professionnelle ou la reconversion en cours de carrière ;
- mener une campagne de communication structurée et récurrente afin de mieux faire connaître les aspects positifs du métier d’enseignant et les conditions favorables de son exercice dans l’enseignement agricole.