27 juin 2024 Publication

La réduction de l’emploi des produits phytopharmaceutiques par le développement de l’agriculture de précision

  • Pascale Cazin
  • Hervé Simon

Face aux enjeux de souveraineté alimentaire et de nécessaire réduction de l’usage des produits phytopharmaceutiques, des solutions alternatives pour permettre la protection des cultures sont à travailler et à déployer rapidement.
L’agriculture de précision est-elle une solution partielle à ces enjeux parfois contradictoires ?
La mission conduite par le CGAAER apporte des premiers éléments de réponse.

La Lettre du Conseil général de l'alimentation de l'alimentation et des espace ruraux n°185 juin 2024 Ministère de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire

Rapport de mission de conseil n° 23048

Octobre 2023

Enjeux

L’objectif de souveraineté alimentaire implique la nécessité d’assurer notre capacité de production malgré un développement attendu des bioagresseurs lié au changement climatique. Or les impacts négatifs de l’utilisation des produits phytosanitaires sur la santé humaine et sur l’environnement de mieux en mieux documentés, rendent nécessaire la réduction de leur usage.

Face à ces constats ainsi qu’à la diminution prévisible du nombre de substances actives autorisées dans l’UE, le gouvernement a mis en place un plan pour anticiper le retrait de substances et soutenir le développement des techniques alternatives de protection des cultures.
L’agriculture de précision est une solution identifiée dont il apparait utile d’évaluer l’état de maturité des différentes techniques, de recenser les contraintes à lever et les leviers à mobiliser pour en favoriser le déploiement.

Méthodologie

La mission s’est déroulée de mars à septembre 2023 et plus de 70 acteurs des filières agricoles, de l’agroéquipement de précision et de la recherche ont été auditionnés. Des déplacements ont permis de visualiser le fonctionnement opérationnel des principaux outils.

Résumé

L’agriculture de précision reste encore peu développée dans le secteur végétal même s’il n’existe pas de chiffres précis faute d’observatoire qui quantifierait la réalité des ventes et des pratiques.
Plusieurs raisons peuvent expliquer ce retard :

  • La disponibilité encore récente d’outils fiables, matures et d’études technico-économiques,
  • L’absence de formation et d’accompagnement technique,
  • La difficulté de revenir à des pratiques agronomiques souvent plus complexes,
  • Le coût tant en investissement qu’en temps de travail.

Partant de ces constats et des rencontres organisées avec les acteurs de l’agriculture de précision, plusieurs recommandations ont été formulées.
La mise en place de sites expérimentaux et de réseaux locaux de fermes de référence permettrait aux agriculteurs de voir l’utilisation de ces nouvelles techniques et d’accéder à des références technico-économiques. Un accompagnement financier public à l’investissement pour permettre le déploiement de ces techniques est nécessaire.
Il faut en particulier :

Soutenir la recherche et le développement conduisant à l’industrialisation des outils robotiques autonomes en accordant une attention particulière aux filières orphelines : semences, horticulture, cultures légumières, plantes à parfum, aromatiques, médicinales et condimentaires.

Initier la conduite de programmes de recherche / développement comparatifs pour les différentes technologies matures que sont la pulvérisation ultra-précise, le désherbage mécanique de précision mais aussi les outils d’aide à la décision (OAD).

Financer, à hauteur de 40%, le déploiement de ces outils avec une obligation de formation et un accompagnement technique des exploitations agricoles.
La création d’un portail des ventes et des références technico-économiques pour le matériel de précision permettrait de disposer d’un socle d’information utile aux techniciens et aux agriculteurs voulant se projeter dans ces nouvelles technologies.
Une veille réglementaire est aussi demandée par les acteurs de terrain. La question de l’évolution des autorisations de mise sur le marché pour prendre en compte les évolutions technologiques est aussi posée.
Enfin une prise en charge partielle du risque induit par la plus grande complexité apparente de l’agriculture de précision est recommandée et des pistes de solutions sont présentées.

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