Implication des établissements d'enseignement technique agricole dans les licences professionnelles
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Le CGAAER a été chargé de dresser un état des lieux de l'implication des établissements d'enseignement technique agricole dans les licences professionnelles et d'en dégager les enjeux stratégiques pour le ministère et ses établissements.
Rapport de mission de conseil n°18105
Août 2019
Mots-clés : bac+3, enseignement supérieur agricole, enseignement technique agricole, licence professionnelle, formation professionnalisante
Enjeux
Vingt ans après la création des licences professionnelles et dix ans après un premier rapport du CGAAER sur le sujet, un nouvel état des lieux de l'implication des établissements de l'enseignement agricole dans cette offre de formation était devenu nécessaire.
Cet état des lieux doit permettre de dresser un bilan quantitatif et qualitatif, de documenter les performances du cursus, d'identifier d'éventuels points de vigilance, d'éclairer le positionnement du cursus par rapport à l'entrée dans l'enseignement supérieur long et, sur la base de quelques études de cas, d'évaluer le potentiel de contribution du cursus au projet agro-écologique pour la France.
Méthodologie
La mission a été menée en deux phases :
- Une pré-étude, qui a comporté en parallèle :
- une prise de connaissance générale de la problématique, principalement par des entretiens avec un premier cercle de parties prenantes,
- l'établissement d'un recensement des 198 parcours de licence professionnelle mobilisant au moins un établissement de l'enseignement agricole,
- une étude du fonctionnement de trois licences professionnelles considérées comme des cas d'école.
- Un approfondissement, qui a permis de documenter les questionnements et hypothèses issus de la pré-étude :
- mobilisation, par des requêtes ciblées, de l'information statistique disponible aux ministères chargés de l'agriculture et de l'enseignement supérieur.
- poursuite des entretiens avec des parties prenantes,
- enquête en ligne auprès des établissements de l'enseignement technique agricole.
Résumé
Créée fin 1999, la licence professionnelle (LP) est délivrée par un établissement d'enseignement supérieur public (université ou grande école) à l'issue d'un parcours d'une année qui recrute à Bac+2. L'implication professionnelle est essentielle pour la définition du parcours et la réalisation des enseignements. Le parcours est le plus souvent monté en partenariat avec un ou plusieurs établissements d'enseignement technique.
198 des 2 213 parcours de LP ouverts à la rentrée 2017 mobilisaient l'enseignement agricole, technique et supérieur, et regroupaient 3 800 des 52 500 apprenants inscrits en LP. 132 établissements techniques (90 publics et 42 privés) et 13 établissements supérieurs (8 publics et 5 privés) y contribuaient. Les deux tiers de ces parcours relevaient des secteurs Environnement et aménagement, Production et Transformation, avec une forte variabilité d'une région à l'autre.
Les performances globales de ces parcours sont proches de celles de l'offre nationale de LP (taux de réussite et taux d'insertion supérieurs à 90 %), à l'exception d'un salaire de sortie inférieur de 8 %.
Pour les établissements du technique, les solutions d'organisation et de financement mises en œuvre sont variées et souvent fragiles, avec deux grands types de partenariat :
- la co-construction, avec un engagement pédagogique, horaire et financier consistant, et la nécessité de bien identifier les coûts correspondants pour en obtenir le financement,
- le partenariat « remorque », rencontré pour des engagements horaires moindres ; cette organisation, apparemment plus confortable pour l'établissement, est également plus exposée au risque de remise en question par l'université.
Dans les deux cas, à moins de 15 apprenants, l'équilibrage financier est problématique.
L'enquête en ligne a confirmé que les principaux bénéfices d'une LP pour un établissement technique sont le renforcement de l'attractivité, la cohérence et l'enrichissement de l'offre de formation et la reconnaissance par les professionnels.
Les deux principales difficultés concernent les relations avec le partenaire universitaire et l'absence de cadre de référence pour sécuriser le montage et son financement.
Quatre enseignements principaux sont tirés de cet état des lieux :
- La LP constitue de fait aujourd'hui le Bac+3 de l'enseignement agricole et c'est un support naturel de partenariat entre supérieur et technique.
- L'offre de l'enseignement agricole recèle du potentiel de rationalisation et de développement en considération des performances, de la diversité, mais aussi de la fragilité de l'existant.
- C'est à l'échelon régional que le diagnostic le plus pertinent peut être formulé.
- La LP peut être un outil de mise en œuvre de certaines politiques publiques, à commencer par le projet agro-écologique pour la France.
En conclusion, la DGER (direction générale de l’enseignement et de la recherche) est invitée à promouvoir une orientation nationale visant une révision et un développement, par les acteurs en région, des LP associant l'enseignement agricole. Cinq recommandations sont formulées en ce sens.