Gérer l’expertise d’un ministère technique
Partager la page
Quels sont les besoins d’expertise du ministère en charge de l’agriculture ? Une mission propose des évolutions du dispositif actuel, qui s’appuie sur la commission d’orientation et de suivi de l’expertise (COSE).
Rapport de mission de conseil n°24080
Avril 2025
Enjeux
Les évolutions environnementales et géostratégiques créent des situations complexes et évolutives qui se traduisent par une augmentation de la fréquence des « crises ». Ces dernières requièrent une réaction adaptée et rapide et donc la disponibilité immédiate des compétences, parfois de haut niveau, nécessaires pour appuyer la prise de décisions et les mettre en œuvre. Une gestion anticipatrice de l’expertise interne et externe disponible est donc essentielle, d’autant plus que la démographie du ministère rendra difficile la transmission naturelle de l’expertise interne entre générations.
Méthodologie
La mission a interrogé de nombreux acteurs des politiques du ministère en administration centrale, services déconcentrés et établissements publics sur leurs besoins d’expertise, et a effectué une recherche bibliographique sur les différents sens donnés à ce concept.
L’analyse du dispositif de la COSE a été réalisée sur la base de documents, d’un questionnaire transmis aux personnes reconnues par ce dispositif et d’entretiens ainsi que sur une comparaison avec des exemples de dispositifs mis en œuvre par d’autres administrations.
Résumé
Les besoins d’expertise du ministère relèvent de deux logiques différentes mais complémentaires, d’égale importance :
- un besoin d’expertise scientifique et technique (EST), interne et externe, pour appuyer les décisions publiques, y compris en gestion de crise ;
- la nécessité de disposer en interne de compétences rares et précieuses (CRP) pour l’action du ministère, qui ne sont pas toutes scientifiques et techniques.
Le dispositif de gestion de l’expertise du ministère par la COSE ne joue que partiellement le rôle qui lui a été assigné. S’il produit une évaluation de bonne qualité de l’expertise, il n’est à la hauteur des attentes, ni pour déterminer les besoins d’expertise, ni pour identifier tous les agents porteurs d’expertise, ni pour valoriser les experts reconnus auprès des utilisateurs potentiels de leur expertise. De plus, il ne permet une prise en compte de l’expertise dans la gestion des parcours professionnels que de manière partielle et variable.
Cette situation présente des risques dans un contexte où les évolutions environnementales et géostratégiques créent des situations complexes, évolutives, qui ne peuvent être gérées sans appui d’EST.
En outre, la démographie du ministère et les évolutions des missions concrètement exercées par les agents ne permettent plus que l’expertise interne se construise et se transmette naturellement sans qu’une attention particulière y soit portée par les responsables des politiques publiques et des ressources humaines.
La mission propose donc des pistes d’amélioration du dispositif s’appuyant sur :
- une identification de niveau stratégique des compétences rares et des expertises nécessaires au ministère ;
- une coordination par la DGER de la mobilisation des ressources d’expertise scientifique externe ;
- une déclinaison en matière de gestion prévisionnelle des besoins d’expertise et de compétences rares internes par la COSE ;
- une orientation des choix de recrutement par concours sur titres et des choix de validation de formations complémentaires par la recherche fondée sur cette gestion prévisionnelle ;
- la création d’une fonction d’ingénieur ou d’inspecteur chargé de l’appui aux personnes et aux structures (IGAPS) référent expertise, pour coordonner et harmoniser l’action du réseau d’appui aux personnes et aux structures (RAPS) en matière de gestion des parcours de carrière des experts ;
- la mise en place et l’animation du réseau des experts et spécialistes reconnus par la COSE.