21 novembre 2022 Publication

Évaluation de la spécialisation disciplinaire des enseignants

  • Danielle Gozard
  • Bruno Ricard

Le CGAAER a été chargé d’évaluer les effets de la spécialisation disciplinaire sur le recrutement et la gestion des enseignants des disciplines techniques de l’enseignement agricole.

Bandeau du CGAAER lettre de novembre 2022 n°170
élèves dans un champs
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Rapport de mission de conseil n°20093

Avril 2022

Enjeux :

L’évaluation de la spécialisation des enseignants par discipline porte sur leur polyvalence, leur identité professionnelle et la crédibilité de leur enseignement. Il s’agit là d’enjeux fondamentaux pour eux.

Les enseignants sont très attachés à cette spécialisation qu’ils considèrent nécessaire pour garantir la qualité des formations. Elle constitue cependant une cause de difficultés de recrutement, de formation et de gestion, compte tenu des caractéristiques de l’enseignement agricole (établissements peu nombreux et généralement de petite taille). Cette évaluation s’inscrit en outre dans un contexte marqué par le manque général d’attractivité des concours d’enseignants et par l’élévation du niveau requis pour accéder aux concours de recrutement.

L’enjeu est de définir une architecture disciplinaire permettant de recruter des enseignants capables de s’adapter à des évolutions de leur périmètre d’enseignement et suffisamment formés pour dispenser l’enseignement correspondant au niveau technique attendu.

Méthodologie :

La mission a analysé l’évolution des effectifs et des recrutements des enseignants, les sections et options d’ouverture des concours, les règles d’affectation et les disciplines enseignées. Elle a consulté les services du ministère chargés du recrutement et de la gestion des enseignants, des directeurs d’établissements publics et privés, les organisations syndicales représentatives et des organisations professionnelles partenaires de l’enseignement agricole.

Résumé :

Le nombre d’enseignants titulaires est en diminution dans l’ensemble de l’enseignement agricole, surtout dans les disciplines techniques.

Les concours étant ouverts par options (exemple : section sciences et techniques agronomiques - option productions animales), ce découpage crée un nombre potentiel de concours particulièrement élevé eu égard à la taille de l’enseignement agricole (168 concours potentiels publics et privés, toutes voies confondues). En réalité les ouvertures annuelles de concours dans les options techniques sont peu nombreuses (environ une dizaine), irrégulières et concentrées sur quelques options. Dans certaines options, les concours ne permettent pas de pourvoir tous les postes ouverts par manque de candidats au niveau requis.

La gestion actuelle de la spécialisation disciplinaire des enseignants crée des difficultés :

  • Les règles strictes d’affectation des lauréats des concours contribuent à dissuader des candidats de se présenter aux concours ;
  • Malgré le dispositif de reconnaissance de double compétence, l’administration est souvent confrontée au refus de certains lauréats d’occuper un poste correspondant à l’option de leur concours ;
  • Les établissements, qui n’ont pas la taille suffisante pour attribuer des temps pleins à tous leurs enseignants dans une seule discipline, doivent recourir à des non-titulaires ou confier des compléments de service à leurs enseignants dans des disciplines différentes de leur discipline d’origine pour éviter les sous-services ;
  • Certains enseignants doivent enseigner deux disciplines techniques sans validation préalable de leurs compétences par une inspection ou par un concours. La mission a identifié les bivalences d’enseignement les plus fréquentes dans les établissements publics et privés.

Il est rappelé que les difficultés actuelles de recrutement ne se réduisent pas à la seule question du découpage disciplinaire mais qu’elles résultent principalement du niveau de rémunération en début de carrière et du manque de reconnaissance du métier d’enseignant.

Face au manque d’attractivité des concours et aux difficultés de gestion, la mission formule plusieurs recommandations :

  • Proposer aux ingénieurs de l’agriculture et de l’environnement la possibilité d’être affectés en EPLEFPA sur des postes d’enseignement et de responsable de projet ;
  • Adapter le périmètre des sections et options techniques actuelles en tenant compte des bivalences disciplinaires les plus fréquentes ;
  • Promouvoir et assouplir le dispositif de reconnaissance de double compétence en clarifiant les exigences horaires requises et en prévoyant une reconnaissance de compétence sur dossier ;
  • Accroître l’offre de concours et améliorer sa visibilité ;
  • Développer les liens entre le monde professionnel et les enseignants.

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