29 août 2016 Publication

Évaluation de la rénovation de la voie professionnelle dans l'enseignement agricole

  • Jacques Gallon
  • Georges Gosset
  • Danielle Gozard
  • Bruno Ricard

Le CGAAER a été chargé d'apprécier dans quelle mesure les objectifs de la rénovation de la voie professionnelle ont été atteints dans l'enseignement agricole, six ans après sa mise en œuvre

© www.bazas.educagri.fr

Rapport de mission d'évaluation n°15117 CGAAER

Juin 2016

Mots clés : Enseignement agricole, voie professionnelle, baccalauréat professionnel

Enjeux

La rénovation de la voie professionnelle (RVP) a été mise en place à partir de la rentrée scolaire 2009 dans l'enseignement agricole comme à l'Éducation nationale. En réduisant à trois ans la durée du cursus conduisant au baccalauréat professionnel, cette voie de formation a été harmonisée avec les voies générale et technologique. Auparavant, ce baccalauréat était obtenu après deux ans du cycle brevet d’études professionnelles (BEP) et deux ans du cycle professionnel, soit quatre ans au total.

Les objectifs de cette réforme étaient d'accroître le flux de bacheliers professionnels, de limiter les sorties sans qualification, de favoriser la poursuite d'études supérieures courtes et, bien sûr, de contribuer à l'insertion professionnelle.

Chargée de réaliser une évaluation de la rénovation de la voie professionnelle dans l'enseignement agricole, la mission du CGAAER devait apprécier, cinq ans après, si les objectifs assignés en 2009 ont été atteints.

Méthodologie

La mission était composée de quatre membres du CGAAER.

Son travail a été articulé en trois volets :
- la collecte et l'analyse de données chiffrées, et notamment la comparaison de cohortes d'élèves, avant et après la RVP ;
- la synthèse des travaux réalisés par les services de la Direction générale de l’enseignement et de la recherche (DGER), l'inspection de l'enseignement agricole, le ministère de l'éducation nationale et ses inspections générales ;
- de nombreux entretiens avec les parties prenantes au plan national, ainsi que dans deux régions, Bretagne et Auvergne-Rhône-Alpes.

Résumé

Le premier point positif de la réforme est l'alignement de la durée du cycle menant au baccalauréat professionnel sur celle des autres baccalauréats. Cet alignement contribue à valoriser, auprès des jeunes et des familles, la voie professionnelle et les métiers auxquels elle prépare.

Au plan quantitatif, la rénovation de la voie professionnelle a incontestablement atteint les objectifs annoncés : le flux de bacheliers professionnels a augmenté de 62 % dans l'enseignement agricole ; la proportion d'élèves entrés dans le cycle et qui obtiennent le baccalauréat est passée de 32 à 57 % ; parmi ceux-ci, 30 % poursuivent dans le cycle préparant au brevet de technicien supérieur agricole, contre 22 % auparavant. Ces résultats sont analogues à ceux de l'Éducation nationale.

La mission relève également le bon fonctionnement des passerelles qui améliorent la fluidité des parcours pour certains élèves, notamment par l'accès direct de diplômés du CAP à la classe de première professionnelle, ainsi que par l'articulation entre voie scolaire et apprentissage.

En revanche, l'appréciation est plus mitigée en ce qui concerne l'efficacité du cycle professionnel stricto sensu. La part d'élèves entrés en première professionnelle et qui ont obtenu le baccalauréat a baissé de 76 % à 70 %. La réussite des bacheliers professionnels en cycle BTSA n'a pas progressé, seulement un bachelier sur deux obtient le diplôme en deux ans.

Afin d'améliorer l'efficacité de la voie professionnelle dans l'enseignement agricole, la mission avance trois recommandations.

La première concerne la cohérence et l'attractivité de la voie professionnelle : tout en favorisant la poursuite d'études, il convient de porter un message fort sur la capacité des cycles de niveau V (CAP agricole), et de niveau IV (baccalauréat professionnel), à préparer les jeunes à l'insertion professionnelle directe. Même si le taux d'insertion a baissé du fait de la situation économique générale, il reste, dans les secteurs relevant du ministère chargé de l'agriculture, bien supérieur à la moyenne nationale.

La deuxième recommandation porte sur les dispositifs d'individualisation, éléments clés d'une meilleure réussite de nombreux élèves. En dépit des contraintes budgétaires, il apparaît nécessaire de relancer la dynamique d'accompagnement personnalisé dans chaque établissement par une clarification des modalités et une consolidation des moyens.

Enfin, face aux difficultés réelles de nombreux enseignants pour s'adapter aux réformes successives et s'approprier tant les démarches capacitaires que les outils d'individualisation, il convient de relancer et de renforcer un accompagnement soutenu des équipes des établissements.

Lien vers le rapport


S'abonner à La lettre du CGAAER