Synthèse de la Commission des comptes de l’agriculture de la nation du 12 décembre 2024
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La Commission des comptes de l’agriculture de la nation s’est réunie le 12 décembre 2024 pour examiner les données économiques de l’agriculture française en 2023 et 2024. Ont été présentés les résultats comptables détaillés des exploitations agricoles pour l’exercice 2023, la conjoncture de 2024 et le compte de l’agriculture, encore prévisionnel à ce stade, pour l’année 2024.
Le recul des résultats économiques de l’agriculture française en 2023 se confirme, après deux années de forte hausse et des résultats historiquement élevés en 2022. Ce recul s’explique d’abord par une baisse de la production en valeur sous l’effet de baisses de prix marquées pour de nombreuses productions végétales, mais aussi par une poursuite de la hausse des charges. L’excédent brut d’exploitation (EBE) par actif non salarié des exploitations françaises baisse ainsi de 25,7 % en termes réels entre 2022 et 2023 (après + 26,9 % en 2022 et +21,3 % en 2022) ; plus de 40% des exploitations connaissent une baisse d’EBE de plus de 30%.
Pour 2024, dans un contexte de baisse marquée des volumes produits de céréales, oléagineux et protéagineux et de la production viticole, en raison de conditions météorologiques particulièrement défavorables, la valeur ajoutée brute au coût des facteurs par actif de la « ferme » France diminuerait de 7,7 % en termes réels (après -9,6 % en 2023).
Des résultats économiques des exploitations agricoles en net retrait en 2023, après deux années de forte hausse
Selon les données du RICA[1] 2023, après le niveau historiquement haut atteint en 2022, les indicateurs de résultats économiques des exploitations agricoles reculent nettement en 2023. Ainsi, l’excédent brut d’exploitation (EBE) par actif non salarié baisse de 25,7 % en termes réels et s’établit à 66 450 € en moyenne. Le résultat courant avant impôts (RCAI) par actif non salarié, net des charges financières et des amortissements, se replie également sur un an (-38,8 % en termes réels), à 36 200 €.
Ce recul des résultats en 2023 s’explique avant tout par celui de la production de l’exercice en valeur (‑6,9 % en termes réels). À l'exception des élevages porcins, de bovins viande et de volailles, toutes les filières connaissent un repli de leur production ; ce repli est particulièrement marqué en céréales-oléagineux–protéagineux (COP) (-21,9 %) et en viticulture (-9,0 %), et s’explique par des baisses de prix alors que les volumes produits sont plutôt en hausse.
Le recul des résultats économiques en 2023 concerne la quasi-totalité des filières : il est particulièrement marqué en COP, en polyculture-élevage et en viticulture, avec des baisses d’EBE supérieures à -25%, moins important pour les élevages porcins, avicoles, ovins-caprins ou bovins viande (-10% de baisse ou moins). Au-delà de ces évolutions moyennes, les situations restent toutefois très diverses, y compris au sein des orientations productives. En viticulture, près de 40% des exploitations connaissent des baisses d’EBE supérieures à 30%, mais symétriquement, 22% connaissent au contraire une hausse de leur EBE de plus de 30%.
Conjoncture agricole 2024 : des contrastes marqués entre productions, marchés et climat
En 2024, des conditions climatiques atypiques ont favorisé la croissance de l’herbe, mais la pluviométrie excessive a eu un lourd impact sur les rendements céréaliers, avec une récolte au plus bas depuis quarante ans. Les productions d’oléagineux et de protéagineux sont également en baisse, tandis que celle de pommes de terre est en hausse. Les productions de fruits et légumes évoluent de façon contrastée, avec des récoltes globalement favorisées par le climat pour les fruits, mais des baisses marquées pour certaines variétés, et une hausse généralisée des prix à la production des légumes frais. Dans la filière viticole, la récolte recule nettement dans toutes les régions en raison de conditions météorologiques défavorables, tandis que les exportations de vins diminuent en volume et en valeur, et que les prix à la production continuent de baisser. La production animale présente un bilan mitigé, avec une reprise des volumes pour la collecte de lait et la filière avicole, mais des baisses pour les bovins et ovins. Les prix des intrants agricoles continuent de se replier, notamment pour les engrais et les aliments pour animaux, malgré une stabilisation en fin d’année. Enfin, l’excédent agroalimentaire français s’érode, en raison du recul de l’excédent avec les pays tiers et de difficultés dans les exportations de produits transformés. Les prix des produits agricoles progressent au total de +3,0 % sur les dix premiers mois de l’année 2024.
En 2024, les résultats de la branche agricole reculeraient de nouveau selon le compte macro-économique prévisionnel
En 2024, d’après les prévisions établies fin novembre pour l’ensemble de la campagne, le recul en valeur de la production agricole s’accentue (-7,5 % après -1,5 % en 2023). La production végétale diminue de 13,1 % en valeur (après –5,8 % en 2023), du fait d’une baisse des volumes mais aussi des prix. La baisse des rendements, associée à une baisse des surfaces, entraîne notamment une très forte réduction de la production de blé tendre (-30%). Les récoltes d’oléagineux et de protéagineux sont également en très net recul, comme la vendange, sous l’effet de mauvaises conditions météorologiques. De plus, les disponibilités mondiales importantes maintiennent le cours des céréales orientés à la baisse, tandis que l’insuffisance de la demande pèse sur le prix des vins. L’augmentation en volume et en prix de la production de fruits, légumes et pommes de terre ne compense pas ces baisses. La valeur de la production animale fléchit également, mais de manière moins marquée (-1,4 % après +4,9 % en 2023).
Les consommations intermédiaires décroissent également en valeur (-8,0 % après +1,3 %). Les prix, qui étaient restés élevés en 2023, diminuent de 10,2 % en 2024, tandis que les volumes augmentent modérément (+2,6 %). En particulier, les prix des aliments pour animaux et des engrais et amendements diminuent fortement.
Dans ce contexte de recul de la production et des charges, la valeur ajoutée brute de la branche agricole diminuerait de 6,6 % en 2024. Une fois ajoutées les subventions d’exploitation nettes des impôts sur la production, la valeur ajoutée brute au coût des facteurs par actif, qui mesure le revenu des facteurs de production de la branche agricole, diminuerait de 7,7 % en 2024 en termes réels, après -9,6 % en 2023. Après déduction des charges locatives, des salaires et du paiement des intérêts de la branche agricole, le résultat brut de la branche agricole par actif non salarié en termes réels reculerait de 10,2 % en 2024 (après ‑13,6 % en 2023).
[1] Le Réseau d’information comptable agricole (RICA) est une enquête harmonisée au niveau européen, qui recueille chaque année les données comptables et technico-économiques d’un échantillon d’exploitations agricoles (hors micro-exploitations) couvrant la France métropolitaine, la Guadeloupe et La Réunion, pour l’analyse et le suivi de leurs résultats économiques.
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Voir aussi
Synthèse de la Commission des comptes de l’agriculture de la nation du 20 décembre 2023
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