
Préparer la relève : l'éditorial d'Annie Genevard
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Dans un moment de bouleversement de l’ordre international, où bien des certitudes volent en éclats, garantir la souveraineté alimentaire de la France est un devoir collectif, un enjeu de sécurité. Il s’agit désormais de réancrer le pays dans ce qui a été et continuera d'être le socle le plus solide et le plus fidèle de toutes les civilisations humaines : l'agriculture. Produire plus pour manger mieux, importer moins et garantir les standards de production que nous exigeons de nos paysans : voici le chemin que nous devons emprunter.
La loi d’orientation pour la souveraineté alimentaire et le renouvellement des générations en agriculture (LOSARGA), très attendue par le monde agricole et promulguée en mars 2025, est une étape importante, structurante, pour atteindre cet objectif. Elle inscrit deux grands principes dans la loi : l’agriculture reconnue comme étant d’intérêt général majeur, et la règle du « pas d’interdiction
sans solution » concernant la protection des cultures.
Cette souveraineté à laquelle nous aspirons implique d’assurer le renouvellement des générations. D’ici fin 2030, un tiers des agriculteurs partira à la retraite. « Préparer la relève », n’est pas un simple slogan : c’est un défi existentiel. La loi fixe donc un cap clair et ambitieux : celui d’augmenter de 30 % le nombre d’apprenants dans les métiers de l’agriculture et de l’agroalimentaire à cet horizon. Elle offre aussi des outils plus lisibles pour les jeunes qui souhaitent devenir agriculteurs, en particulier avec la création du guichet unique France Services Agriculture.
Dans les pages que vous allez lire, nous donnons la parole aux actrices et aux acteurs du renouvellement des générations en agriculture, si important pour notre avenir : étudiants en formation agricole, jeunes installés en élevage, grandes cultures ou maraîchage, issus ou non du milieu agricole, mais aussi retraités ayant transmis leur ferme… Chacun, dans l’étape qui est la sienne, doit être formé, informé, encouragé. Pour que l’agriculture française continue d’attirer des talents et des vocations, nous devons donner de la visibilité aux projets, simplifier les démarches d’installation, donner un cadre pour la transmission des exploitations existantes.
Nous donnons la parole aux femmes : si elles représentent près d’un tiers des actifs agricoles, elles doivent surmonter de nombreux freins à l’exercice de leur métier : difficultés d’accès aux prêts et au foncier, revenus ou pensions de retraite plus basses que celles des hommes, manque de reconnaissance… En tant que ministre de l’Agriculture, et en tant que femme, je ne peux me satisfaire de cette situation. C’est pourquoi j’ai lancé une consultation citoyenne sur la place des femmes en agriculture afin de recueillir idées, témoignages, suggestions, pour appuyer nos prises de décisions.
Enrayer le vieillissement de la population agricole et renforcer notre souveraineté en matière alimentaire : face à des défis d’une telle ampleur, il n’y a pas de grand soir, mais des étapes dans la bonne direction. Cette loi d’orientation agricole en est une. Depuis son entrée en vigueur, nous continuons nos travaux pour aller plus loin demain, au service de notre agriculture et de la société tout entière.