Michel Rocard : la diplomatie agricole en action
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Si la majorité des Français se souvient du passage de Michel Rocard à Matignon de 1988 à 1991, l'homme politique a également exercé la fonction de ministre de l'Agriculture entre 1983 et 1985. Celui qui a passé sa jeunesse à Courbevoie décrira son passage au ministère comme « les deux plus belles années de sa vie politique » [1].
Michel Rocard quitte le ministère du Plan de l'aménagement du territoire pour rejoindre l'Agriculture et la Forêt en 1983. Il succède alors à Édith Cresson au 78 rue de Varenne.
Durant ces deux années, Michel Rocard n'a eu de cesse de tenter de résoudre la crise européenne agricole de 1984. Celle-ci comprenait de multiples aspects : le budget agricole européen, la crise britannique et le fameux « I want my money back » de Margaret Thatcher, une crise de procédure et, principalement, deux crises de surproduction. Ces dernières touchaient le secteur du lait et du beurre. Michel Rocard s'est illustré en instaurant les quotas laitiers visant à limiter cette surproduction et à réguler les prix.
Le ministre a également entrepris de réformer l'enseignement agricole. Il a fait adopter la loi du 31 décembre 1984, dite « loi Rocard », réformant les relations entre l’État et les établissements d'enseignements agricoles privés.
[1] : « Si la gauche savait », Michel Rocard – Editions Albin Michel (2005)
« Un témoignage exclusif : Michel Rocard au ministère de l'Agriculture. Interview de Michel Rocard» "Étrangement, le ministère de l’Agriculture, l’un des derniers nés, est issu du ministère de l’Industrie. Au moment où il est découpé, on lui laisse un certain nombre de responsabilités. Il est, par exemple, non seulement le ministère de la réglementation de l’art de cultiver des végétaux et d’élever des animaux, mais aussi le tuteur des industries agroalimentaires. Il est ainsi son propre ministère de l’Industrie pour la plus belle branche exportatrice de nos industries, parce que l’agroalimentaire, y compris les denrées agricoles brutes, représentait 70 milliards de francs d’excédents et était le premier fleuron de notre force exportatrice. Donc, c’est un élément de puissance et de force. Le deuxième élément, c’est que le ministère de l’Agriculture avait aussi gardé son ministère du Travail. En effet, l’inspection des lois sociales en agriculture relevait du ministère. Autre élément, il est aussi son propre ministère de la Santé, puisque la lutte contre les épidémies végétales relève pleinement de lui. Il s’intéresse donc aussi à la santé humaine et à la santé animale ou vétérinaire. Il est aussi son propre ministère de la Sécurité sociale, en ce sens qu’il est le tuteur de la mutualité sociale agricole. La MSA, c’est 4,5 millions d’ayant-droits, pour 700 000 à 800 000 cotisants, donc un monde immense avec ce résultat qu’aucune décision prise par le gouvernement français concernant la sécurité sociale en général, et principalement l’assurance maladie, ne puisse être prise sans l’accord du ministère de l’Agriculture. Effectivement, on va y appliquer les mêmes règles de sécurité, de remboursabilité et autres choses de ce genre. Il est aussi son propre ministère de l’Éducation. Il n’y a pas d’enseignement primaire agricole, mais tout ce qui est enseignement technique, secondaire et supérieur agricole relève du ministère de l’Agriculture, public comme privé." Bellon Christophe, « Un témoignage exclusif : Michel Rocard au ministère de l'Agriculture. Interview de Michel Rocard», Parlement[s], Revue d'histoire politique 1/2006 (n° 5) , p. 18-51 |
Quand Michel Rocard se confiait sur son expérience au ministère de l'Agriculture
Consultez également le dossier consacré à Michel Rocard sur le site du Gouvernement