Arsène et Taofic : du Bénin à la France, une année scolaire dans un lycée agricole
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Au cours de l'année scolaire 2017-2018, dix étudiants béninois ont été accueillis en France dans le cadre d'un programme de service civique international. Parmi eux, Arsène et Taofic – tous deux âgés de 23 ans et diplômés respectivement en Agronomie et en Science de la vie et – ont été accueillis au lycée agricole du Haut-Anjou (Mayenne). Interview croisée.
Pourquoi avoir choisi la France ?
Arsène : Une opportunité s'est présentée à nous... et nous l'avons saisie !
Taofic : C'est exactement ça. Nous venions tous les deux d'obtenir notre licence quand une ONG locale, CREDI-ONG, nous a présenté ce programme, né d'un partenariat entre l'État français et celui du Bénin. Et c'est ainsi nous avons fait partie des dix jeunes sélectionnés pour cette première promotion.
Sur quel projets avez-vous travaillé ?
Arsène : J'ai principalement travaillé en permaculture et notamment sur la valorisation des vases d'étangs piscicoles comme fertilisant et amendement dans le domaine du maraîchage. Un projet de recherche que j'ai mené avec l'appui technique d'Agrocampus Ouest, de l'INRA de Rennes et de chercheurs universitaires (Damien Banas). Objectifs : rendre moins dépendants les maraîchers aux engrais synthétiques, promouvoir la pisciculture intégrée et préserver les ressources naturelles non renouvelables.
Taofic : De mon côté, je me suis penché sur la production des insectes – en particulier la mouche soldat noire et le ténébrion meunier – dans l’alimentation des poissons d’élevage. Cette étude a été conduite avec la région Pays-de-la-Loire, des éleveurs d'insectes et un fabricant d'alimentation animale dans le cadre du programme PERIFF (Pré-Étude Régionale Feed for Fish). Un transfert de technologies en Afrique de l’Ouest, et notamment au Bénin, a déjà débuté.
Arsène : Nous avons aussi travaillé en transformation agroalimentaire avec l’équipe de l’atelier technologique piscicole du lycée et le concours de l’Oniris de Nantes. Nous avons suivi toute la chaîne de production des rillettes de carpes : depuis la pêche des poissons jusqu’au traitement thermique, l’étiquetage et la commercialisation. Les travaux réalisés nous ont particulièrement interpellés, alors que la transformation est aujourd'hui un enjeu majeur au Bénin. Je me suis découvert un véritable intérêt pour la transformation, et je continue de m'informer sur le sujet.
Que vous a apporté cette expérience ?
Taofic : Elle nous a permis de développer notre réseau relationnel et d'acquérir de nombreux savoirs et savoir-faire techniques qui nous seront utiles pour la suite de notre parcours professionnel.
Arsène : Nous avons beaucoup échangé avec les élèves et le personnel du lycée : ce fut l'occasion de mieux comprendre la société française… et de casser de nombreux stéréotypes sur l'Afrique ! La relation élève-enseignant telle qu'elle existe dans un lycée agricole nous a aussi beaucoup plu. Pour résumer, sur le plan socio-professionnel, nous avons gagné en ouverture d’esprit.
Quels sont vos projets professionnels ?
Taofic : Nous avons chacun l'envie de créer notre propre entreprise agricole, et d'investir dans la mobilité internationale afin de participer au développement économique et socio-culturel de notre pays. En attendant, l'objectif est de trouver des bourses pour continuer nos études et se spécialiser.
Arsène : Idéalement, nous souhaiterions faire un master dans une université étrangère à la rentrée 2019-2020 pour découvrir un autre système et, si possible, réaliser des transferts de technologie en adaptant au contexte béninois.
Que retenez-vous de votre année en France ?
Arsène : Difficile à dire ! Nous avons rencontré beaucoup de monde, partagé tellement de choses…
Je retiendrai l'accueil chaleureux du personnel et des élèves du lycée, mais aussi la disponibilité de tous ceux que nous avons croisés, notamment des partenaires qui nous ont aidés à mener à bien nos sujets techniques.
Taofic : Ce fut aussi une belle aventure humaine… Nous avons participé à la vie de l'établissement, aux différentes activités et sommes même intervenus plusieurs fois en classe. Cela fait beaucoup de souvenirs...
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