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Pascal Xicluna / agriculture.gouv.fr

Les femmes représentent aujourd’hui un tiers des actifs de l’agriculture. Retour sur les évolutions législatives qui ont permis une reconnaissance de leur statut dans le milieu agricole.

S’il est vrai que les femmes ont toujours joué un grand rôle au sein des exploitations agricoles, il n’y a que peu de temps que celui-ci est légitimé économiquement, socialement et juridiquement. Et pourtant... En 2015, elles sont plus d'un demi-million à travailler dans l'agriculture : 111 800 cheffes d'exploitation ou d'entreprise agricole, 28 500 collaboratrices d'exploitation et 387 000 salariées dans la production agricole. Elles représentent presque un quart des chefs d’exploitations agricoles (23,9% en 2015). Cette proportion est stable depuis 10 ans. Les cheffes d'exploitation exercent principalement leur activité dans le secteur de l'élevage bovin-lait (17,5%), les cultures céréalières et industrielles (16,7%) et les cultures et élevages non spécialisés (12,8%).

La LFSS (loi de financement de la sécurité sociale) pour 2019 a ouvert, à compter du 1er janvier 2019, aux exploitantes agricoles la possibilité de bénéficier d'indemnités journalières en cas de maternité, lorsqu'elles n'ont pas la possibilité de se faire remplacer.

La durée minimale d'arrêt pour les congés maternité passe à 8 semaines pour les travailleuses indépendantes et les exploitantes agricoles, dont deux semaines de congé prénatal, à l'instar de celle qui s'applique aux salariées pour pouvoir bénéficier d'une indemnisation de leur congé maternité.

Vers une égalité femme-homme ?

Les évolutions législatives comme la mise en place du statut de conjoint collaborateur, l’autorisation de créer des GAEC entre conjoints ou encore l’extension de la couverture sociale pour les conjointes d’exploitants ont permis une reconnaissance du statut des femmes dans le milieu agricole. Quant aux salariées de la production agricole, elles sont 83,5% à être employées en CDD. En CDI, les femmes ont des temps de travail inférieurs aux hommes du fait notamment du temps partiel et leurs niveaux de rémunérations horaires sont également inférieurs, surtout aux postes d'encadrement.

Des représentations sociales à déconstruire

Les jeunes exploitantes agricoles sont généralement plus diplômées que les hommes de la même classe d’âge et ont des parcours plus diversifiés. Aujourd’hui, l’enseignement agricole, c’est plus de 45% de filles, avec de grandes disparités en terme de filières et de niveau. Le secteur service aux personnes et aux entreprises reste fortement investi par les filles : 85,6%, contre 16,6% pour le secteur aménagement, travaux forestiers ou paysagers.

Halte aux préjugés : l’enseignement agricole, ce serait seulement pour les garçons ?

L’enseignement agricole continue à lutter contre les stéréotypes, en proposant une offre variée de filières d’orientation, en aidant les élèves à développer un regard critique et avec des formateurs sensibilisés à l’intégration des filles dans toutes les filières... Les femmes peuvent apporter de nouvelles compétences, une vision différente quant à la conduite de l’exploitation et en proposant une diversification des activités : vente en circuits courts, transformation des produits, hébergements touristiques, activités de loisirs... Elles sont également souvent plus engagées dans l’agriculture biologique.

Agroalimentaire : les femmes occupent 38% des postes

En 2012, 38% des postes étaient occupés par des femmes, chiffre relativement stable depuis 1996. Des études montrent que les femmes sont de plus en plus nombreuses dans des secteurs traditionnellement peu féminisés comme celui de la viande. Elles restent majoritaires dans les métiers de contrôle, analyse et laboratoire, de gestion, administration, ressources humaines ou marketing.

Des disparités de salaires de l’ordre de 20% persistent et sont souvent plus importantes chez les cadres. Les métiers de l’agroalimentaire sont peu connus et les cadres féminins ne représentent que 6% alors que 49% des femmes sont ouvrières. Cette situation pourrait évoluer : 66% des étudiants ont choisi de faire des études d’ingénieurs agronomes sont des femmes.