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Xavier Remongin / agriculture.gouv.fr

16 juin 2023 Actualité

Quelle différence entre sécheresse, aridité, manque d'eau et stress hydrique ?

Sans eau, pas d’agriculture. Comme toutes les activités humaines, cultures et élevages ont un besoin vital de l’eau qui circule dans la nature. Un déficit prolongé de cette ressource peut affecter l’activité agricole.

La sécheresse qu’a connue l’Europe et particulièrement la France en 2022 est probablement la plus sévère depuis au moins un demi-siècle, conjuguant déficit de précipitations et températures records. Elle fait suite à plusieurs années de sécheresses récurrentes depuis 2018, à la seule exception de l’année 2021. Pourtant, ce phénomène aujourd’hui considéré comme extrême pourrait n’être qu’un épisode moyen d’ici la fin du XXIe siècle. Préserver nos ressources en eau est crucial : usage domestique, collectivités, industrie et agriculture, ayons tous les bons réflexes pour économiser l'eau.

Qu’entend-on vraiment par sécheresse ?

Avec ses 2 000 milliards de m³ d’eau souterraine, avec ses pluies habituellement abondantes et son réseau hydrométrique très dense, la France ne manque a priori pas d’eau. Elle reçoit chaque année environ 510 milliards de m³ d’eau de pluie, dont près de 60% s’évaporent. Les 210 milliards de m³ restant alimentent quant à eux les eaux de surface et souterraines [1].

Toutefois, la quantité des eaux souterraines peut varier en fonction de leur niveau de prélèvement et de leur taux de renouvellement. Ainsi, un déficit pluviométrique pendant plusieurs semaines ou plusieurs mois l’hiver va empêcher les nappes phréatiques souterraines de se recharger suffisamment.

Les sols agricoles constituent un stockage intermédiaire (réserves superficielles) qui assure l’alimentation des productions végétales. Ces réserves superficielles sont généralement saturées l’hiver et leurs surplus alimentent les nappes phréatiques. Au printemps et à l’été, elle se réduisent à la faveur de l’évaporation des plantes en place, pour s’annuler en pratique au cours de l’été et se recharger à nouveau en automne.

« Au-delà du mois d’avril, l’eau de pluie se trouve essentiellement absorbée par les plantes »

La sécheresse peut se définir comme un épisode de manque d’eau plus ou moins long mais suffisant pour que les sols et la flore soient affectés. Ce phénomène peut être cyclique ou exceptionnel et peut concerner une zone géographique plus ou moins vaste.

La définition de l’état de sécheresse n’est pourtant pas une notion absolue, elle varie selon les régions du monde et leurs ressources en eau. Lorsque ce manque se manifeste en hiver, il empêche le bon remplissage des nappes phréatiques (réserves d’eau) qui s’effectue à cette période de l’année. Au-delà du mois d’avril, l’eau de pluie se trouve essentiellement absorbée par les plantes en pleine croissance ou s’évapore du fait de la chaleur. La sécheresse peut également être accentuée par des températures élevées, notamment en été, qui provoquent un assèchement des sols et une évaporation plus importante de l’eau disponible.

Trois types de sécheresse à distinguer

On distingue par ailleurs trois types de sécheresse qui correspondent à des situations distinctes :

La sécheresse météorologique ou atmosphérique, liée à une pénurie de précipitations pendant une période prolongée.
Lorsque ce manque de pluie a une incidence directe sur les sols et la végétation, on parle de sécheresse agricole. Cet impact plus ou moins marqué dépend de la nature du sol et de son degré d’humidité, mais également des pratiques culturales, du type de plantes concernées.

La sécheresse hydrologique se produit quant à elle quand les réserves en eau des nappes, des cours d’eau et des lacs descendent en dessous de la moyenne. Elle peut être la conséquence d’une sécheresse météorologique en automne et en hiver particulièrement longue et intense, mais aussi celle d’une surexploitation des ressources en eau.

Une sécheresse persistante peut présenter des conséquences multiples :

  • dans le cas d’une sécheresse agricole elle peut impacter les productions agricoles d’une région, favoriser les risques d’incendie de prairies ou de forêts,
  • dans le cas d’une sécheresse hydrologique, nuire à la préservation des milieux, réduire la production hydroélectrique, limiter la navigation fluviale, restreindre les prélèvements pour les usages économiques, et aussi perturber les approvisionnements en eau potable.

Il existe plusieurs indicateurs permettant d'apprécier une sécheresse. La sécheresse météorologique s’évalue directement à partir des données pluviométriques par comparaison avec les normales ou les moyennes (en général trentenaires) sur la période de déficit considérée. Dans ce sens toute sécheresse est relative par rapport au climat moyen de la région concernée. La sécheresse agricole se caractérise avec l’indicateur d'humidité des sols. Une batterie d'indicateurs, tels que le niveau des nappes souterraines et le débit des cours d'eau, est utilisée pour caractériser la sécheresse hydrologique. C'est cette combinaison des différents types de sécheresse qui peut conduire à une pénurie d'eau, lorsque la demande – tous usages confondus (prioritaires, comme l'eau potable, pour les milieux, économiques) – dépasse la disponibilité de la ressource en eau.

En savoir plus sur la sécheresse en France

[1] Sources : « La gestion quantitative de l’eau », brochure CGAAER, avril 2023

Une campagne de communication pour économiser l'eau

La campagne de communication nationale « Chaque geste compte, préservons nos ressources » a pour objectif d’inciter chacun à la sobriété, à l’échelle individuelle et collective. Elle s'inscrit dans le cadre du plan d’action pour une gestion résiliente et concertée de l’eau présenté par le président de la République le 30 mars 2023.