17 décembre 2012 Info +

Réduire les produits phytos: "La combinaison de nombreuses méthodes".

Agriculteur en Isère, Richard Fragnoud s’attache à réduire son utilisation de produits phytopharmaceutiques depuis huit ans. Pour lui, c’est la combinaison de nombreuses méthodes qui permet de pratiquer une agriculture durable.

Un challenge. Voilà ce que représentait le plan Ecophyto lorsque Richard Fragnoud s’y est d’abord engagé. Un challenge qui tenterait d’allier diminution des produits phytopharmaceutiques et maintien de la productivité. Lui-même dans une démarche d’agriculture durable depuis huit années environ, il n’a pas hésité à se porter volontaire pour relever le défi.

"Une partie de mon exploitation se situe sur une nappe phréatique", explique l’agriculteur. "Cela m’a poussé, assez tôt, à être attentif à ma consommation d’intrants". Ainsi, dès 2005, Richard Fragnoud entreprend de lutter contre la pyrale, ce papillon dont les larves endommagent les plants et les épis de maïs, par des méthodes économes en produits phytopharmaceutiques.

De nouveaux moyens de diffusion

Il s’agit de placer sur les parcelles des larves de trichogrammes, des petites mouches qui pondent dans les œufs des pyrales, et les détruisent. La première tentative de traitement, hélas, n’était plus valable financièrement. « Et puis, cette méthode était trop contraignante », avait constaté Richard Fragnoud. « Il fallait implanter les larves plusieurs fois dans l’été, et je manquais de temps. »

Depuis, les laboratoires ont mis à jour de nouveaux moyens de diffusions. Un seul lâcher de trichogrammes suffit à éliminer l’ensemble des pyrales et l’agriculteur y trouve son compte : « Sur mes parcelles de maïs, désormais, je n’utilise plus d’insecticides. »

Croisement de méthodes alternatives

Quant à ses hectares de blé et de tournesol, ils consomment eux aussi moins de produits phytopharmaceutiques grâce au croisement d’autres méthodes alternatives. Le père de Richard Fragnoud, précédent propriétaire de l’exploitation, pratiquait déjà la rotation des cultures permettant de diminuer le recours aux intrants.

Un outil que l’agriculteur perpétue aujourd’hui, afin de permettre aux sols de se reposer et de déranger le développement des maladies et des ravageurs sur les parcelles. De la même manière, Richard Fragnoud a opté pour un semis moins dense : les plants, plus espacés et mieux aérés, sont moins assujettis aux bio agresseurs.

Des techniques qui, si elles sont utilisées de manière isolée, n’offrent guère de résultats probants. Combinées entre elles, elles donnent à l’agriculteur la possibilité de réduire significativement sa consommation de produits phytopharmaceutiques. « J’ai largement diminué les intrants sur mon exploitation, grâce à toutes ces petites actions simultanées », précise-t-il.

Enrichir le champ d’action

Ce que lui a apporté le plan Ecophyto, c’est donc aussi la possibilité d’échanger avec les autres agriculteurs de la région sur ces méthodes alternatives, et d’enrichir son champ d’action. Il précise : « La dizaine d’exploitants présents dans ma commune ne communiquent pas facilement sur leurs méthodes de travail, puisqu’on n’organise pas de réunion de ce genre entre nous. Cela se passe beaucoup plus facilement à travers le groupe Ecophyto : les échanges sont constructifs. »

En constante recherche de nouvelles pistes de réduction des produits phytopharmaceutiques, Richard Fragnoud profite de ces discussions entre professionnels pour tester des techniques économes, et n’en garder que le meilleur.