Recherche : le Gis Sol observe comment les sols atténuent les effets du changement climatique
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Un consortium regroupant scientifiques et pouvoirs publics, le Gis Sol, constitue depuis vingt ans une gigantesque base de données sur la nature et la qualité des sols du territoire français. Une connaissance nécessaire pour mieux les préserver et atténuer les effets du changement climatique.
« Les sols sont à préserver car c’est une ressource difficilement renouvelable », indique Antonio Bispo, directeur de l’unité InfoSol de INRAE, en charge de l’animation du Gis Sol. « Les sols mettent des milliers d'années pour se former et apportent de multiples services écosystémiques : infiltration de l’eau, stockage du carbone, biodiversité, atténuation du changement climatique. Il est donc important de bien les connaître pour intégrer leur multifonctionnalité, notamment lors de projets d’urbanisation afin de limiter l’utilisation de sols agricoles ou forestiers potentiellement fertiles et réhabiliter plutôt des sols pauvres ou déjà dégradés ».
Sécheresse et changement climatique : comment réagissent les sols ?
Connaître les caractéristiques d’un sol permet d’évaluer sa sensibilité au changement climatique. Un sol profond stocke plus d'eau et subit moins la sécheresse. Une gestion adaptée des sols permettrait de les enrichir en matière organique, et donc stocker davantage de carbone afin de compenser les émissions de gaz à effet de serre.
« Il y a un fort intérêt des agriculteurs pour connaître les bonnes pratiques qui vont protéger leur sol. Par exemple, comment travailler certains types de sols pour favoriser le développement des micro-organismes qui vont participer au recyclage de la matière organique en nutriments pour les plantes. L’agriculture a besoin de cette biodiversité souterraine pour produire durablement et efficacement », explique Antonio Bispo.
20 ans d’échantillonnage pour étudier la qualité des sols français
Depuis 2001, le Réseau de mesures de la qualité des sols (RMQS) rattaché au Gis Sol a échantillonné plus de 2 200 sites répartis sur le territoire français.
« Pour maintenir la qualité des sols, il est indispensable de suivre leurs évolutions sur plusieurs années. La première campagne d’échantillonnage de 2001 à 2010 a permis d’identifier et de localiser une trentaine de grands types de sols en fonction des histoires géologiques, par exemple l’activité volcanique. Nous sommes actuellement dans la seconde campagne de 2016 à 2023 pour étudier les variations. Dans l’ensemble, les sols français sont en bonne santé », détaille Antonio Bispo.
Un réseau d’acteurs spécialistes du sol
Une équipe scientifique de INRAE est mobilisée à Orléans (Centre-Val de Loire) au sein de l’unité InfoSol. « Nous travaillons avec un réseau de partenaires régionaux qui effectuent sur le terrain les observations, les prélèvements, les analyses en laboratoire et le travail de cartographie. Ce sont souvent des pédologues et des agronomes issus de différentes structures comme les écoles d'agronomie, les chambres d'agriculture, le Conservatoire du littoral ou des bureaux d'études. Ils renseignent différentes informations : propriétés physiques (argile, limon, sable), chimiques (PH, minéraux) et biologiques (bactéries, champignons), profondeurs, quantité de carbone », précise Antonio Bispo.
Les informations collectées sont disponibles sur la carte des sols nationale du Géoportail de l’IGN, réalisée en collaboration avec le RMT Sols et Territoires. Les données satellites, la spectrométrie ou l’analyse ADN viennent compléter cette base de données nationale.
Le Conservatoire des sols, une structure unique en Europe
Tous les échantillons de sol sont gardés précieusement au Conservatoire européen des échantillons des sols (CEES), basé également à Orléans. « C’est une bibliothèque des sols qui permet de remonter le temps. Par exemple, nous pouvons comparer les sols des années 2001 avec ceux d’aujourd’hui », complète Antonio Bispo.
Unique et reconnu dans le monde entier, le dispositif conserve sur 4 km de rayonnage les différents échantillons de terres dans une température et une hygrométrie contrôlée.
Les partenaires du Gis Sol
Créé en 2001, le Gis Sol regroupe le ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation, le ministère de la Transition écologique, l'Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE), l'Agence de la transition écologique (ADEME), l'Institut de recherche pour le développement (IRD), l'Institut national de l’information géographique et forestière (IGN), l'Office français de la biodiversité (OFB) et le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM).
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