28 septembre 2016 Info +

Mise en perspective des évolutions des demandes alimentaires et des évolutions techniques des IAA

© cfa-des-industries-agroalimentaires-paris

Pierre Combris, directeur de recherches au laboratoire de l’alimentation et des sciences sociales de l’INRA, et Paul Colonna, en charge de la bio-économie et des ruptures économiques au centre INRA de Nantes, sont intervenus lors d’une session du CGAAER consacrée aux évolutions de l’alimentation.

Pierre Combris fait d’abord observer que la consommation des glucides baisse et que celle des protéines et des lipides augmente corrélativement avec le niveau de développement du pays.

S’agissant de la consommation de calories, il rappelle que les Français, amateurs de viande et de fromages, sont les premiers consommateurs de calories animales par personne et par an. À titre de comparaison sur la période récente, l'Europe du nord a diminué sa consommation de calories par habitant, l’Europe de l’ouest stagne, celle du sud a augmenté puis stagné, et la Chine est en croissance forte.

Il souligne que, comparés au prix des années 1960, les produits très caloriques sont de moins en moins chers, quand les moins caloriques, notamment les fruits et légumes, le sont de plus en plus. Il établit un lien entre cette situation et la prévalence de l’obésité qui prend des proportions inquiétantes.

Globalement, la part de l’alimentation dans le budget des ménages baisse depuis de nombreuses années et ne représente actuellement que 15 % des dépenses des Français. Il signale que le niveau de consommation de produits frais est proportionnel au revenu.

Paul Colonna débute son intervention en rappelant l'importance accordée par l'Union européenne au développement de la bioéconomie. Dans son programme de financement de la recherche « Horizon 2020 », la Commission lui assigne cinq défis, certains étant en lien avec l'alimentation :
- garantir la sécurité alimentaire ;
- réduire la dépendance aux énergies fossiles ;
- exploiter durablement les ressources renouvelables ;
- limiter la concentration en gaz à effet de serre pour lutter contre le réchauffement climatique ;
- élargir la gamme des molécules chimiques disponibles pour répondre à nos besoins de fonctionnalités et respecter les règles de l'écotoxicolgie.

Évoquant ensuite un certain nombre d’exemples de ruptures technologiques, il tire quelques conclusions essentielles :
- la nécessité du découplage croissance / consommation de matières premières ;
- l’importance fondamentale de l’échelle territoriale en termes d’emploi (près de la moitié des emplois du bois-énergie est liée à la collecte), d’échelle : enjeu d’autonomie territoriale versus économies d’échelle, de politiques d’aménagement, d’écologie agro-industrielle jusqu’aux infrastructures ;
- la nécessaire approche systémique, c'est à dire le croisement de systèmes alimentaires, chimiques et énergétiques.