23 février 2016 Publication

La maîtrise des populations de campagnols terrestres en Auvergne

  • Jean-Pierre Pouzoulet

Le CGAAER et le CGEDD ont été chargés d'une mission d'appui auprès du préfet de la région Auvergne pour améliorer la lutte contre les campagnols terrestres qui provoquent des dégâts importants dans les prairies

©la brève agricole

Rapport de mission interministérielle de conseil n°14118 CGAAER - CGEDD

Octobre 2015

Mots clés : Campagnol, Auvergne, lutte contre les campagnols

Enjeux

Comme plusieurs régions de moyenne montagne, l’Auvergne est atteinte depuis les années 1970 par des cycles de pullulation du campagnol terrestre qui peuvent entraîner des dégâts considérables dans les prairies. Les mécanismes multifactoriels et écosystémiques de ces dégâts sont aujourd'hui bien mieux compris. La recherche et l’expérimentation ont permis de définir les principes d’une action efficace, fondée sur la prévention, la surveillance des populations et une lutte précoce, raisonnée et collective (arrêté interministériel du 14 mai 2014). L’usage de produits chimiques devient un outil auxiliaire de cette lutte intégrée, à utiliser de façon ciblée à l’amont des cycles de pullulation dans des conditions qui limitent les impacts sur l’environnement et la faune non-cible.

Or, les pratiques actuelles en Auvergne se caractérisent encore soit par une absence d’action, soit par une lutte chimique tardive lorsque la pullulation est déjà enclenchée. Elles conduisent régulièrement à des situations de crise. Dans ce contexte, la mise en application des principes et du cadre d’action adoptés au niveau national revêt une importance particulière.

C’est pour aider à cette mise en application que les ministres en charge de l’agriculture et de l’écologie ont confié au CGAAER et au CGEDD une mission d’appui au préfet de la région Auvergne en automne 2014.

Méthodologie

La mission était composée de Pascale Humbert (CGEDD) et de Jean-Pierre Pouzoulet (CGAAER).

Une première rencontre avec le préfet en décembre 2014 a permis de préciser les apports spécifiques de la mission : poser un diagnostic de la situation, identifier les leviers et les freins à l’action, et proposer des pistes de travail.

Une première analyse de la situation, basée sur des entretiens conduits avec les principaux acteurs auvergnats concernés, a permis de dégager quelques pistes de travail. Au préalable, la mission avait recueilli l’expérience des acteurs franc-comtois historiquement impliqués dans la lutte contre le campagnol terrestre, à Besançon et dans le Haut-Doubs.

Un point avec les services régionaux de l’État en Auvergne (DRAAF et DREAL) a permis de confirmer et d’ajuster les pistes de travail dégagées.

Résumé

Bien que les travaux sur la compréhension des phénomènes de pullulation des campagnols et les moyens de les contenir aient fortement mobilisé les acteurs scientifiques et techniques auvergnats, les résultats de ces travaux n’ont pas été relayés en Auvergne, selon la volonté de la FRSEA, contrairement à ce qui s’est passé en Franche-Comté.

Le nouveau cadre réglementaire national et la mise en œuvre du Fonds agricole de mutualisation sanitaire et environnemental (FMSE) constituent un puissant levier d’action. Les professionnels agricoles sont, plus encore que par le passé, en situation de responsabilité. Pour que l’édifice financier du FMSE fonctionne, il y a une obligation de résultats en matière de prévention et de lutte précoce (1) et intégrée. A défaut, les ressources du fonds seront rapidement « épuisées» en vain.

(1) c’est-à-dire lorsque les populations de campagnols sont encore en basse densité

La mission souligne que la maîtrise des populations de campagnols terrestres nécessite une approche partenariale, basée sur une cohésion des acteurs et un esprit de co-construction, dans un intérêt général bien compris, de façon à pouvoir dépasser le jeu d'acteurs, facteur d'inertie, constaté par la mission.

Elle souligne aussi que l’existence d’un réseau de surveillance actif et structuré constitue la clef de voûte des actions de lutte intégrée.

Sur le terrain, le succès dépendra de la bonne compréhension de l’intérêt à agir pour diminuer l’importance et la fréquence des pics de pullulation, ou pour rendre les systèmes d’exploitation plus résilients. Pour cela, la preuve par l’exemple est une étape incontournable afin de toucher le plus grand nombre. Un fort investissement dans l’accompagnement de territoires pilotes sur le long terme est nécessaire. La mission insiste sur le fait que l'action devra être coordonnée, dotée de méthodes de suivi et d’évaluation, et qu'elle devra s’inscrire dans un dispositif global d’accompagnement, de mutualisation et de capitalisation. Des ressources financières sont mobilisables à cette fin.

Les services déconcentrés de l'État peuvent avoir un rôle d’impulsion pour faire émerger les initiatives professionnelles et favoriser la construction des partenariats, en s'appuyant sur des responsables agricoles déterminés à voir les choses évoluer.

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