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© Pascal Xicluna / Min.Agri.Fr

21 décembre 2017 Info +

#EGalim - Le discours d'introduction de Stéphane Travert

Retrouvez l'intégralité du discours d'introduction du ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation lors de la journée de clôture des États généraux de l'alimentation, ce jeudi 21 décembre à Bercy. Seul le prononcé fait foi.

"Nous voilà réunis aujourd’hui pour clôturer le grand chantier des Etats généraux de l’alimentation (EGA) qu’a souhaité ouvrir, dès les premiers mois de son quinquennat, le président de la République. Au-delà d’un engagement de campagne, il s’agissait surtout de définir les orientations que nous souhaitions impulser à notre agriculture, à notre alimentation pour les années à venir.

Les Etats Généraux de l’alimentation ont été un bel exercice de co-construction. Ils s’achèvent aujourd’hui après plus de 5 mois de travail, d’ateliers nationaux et territoriaux, de contributions écrites et électroniques.
S’ils ont fait beaucoup parler les acteurs, ces Etats Généraux de l’Alimentation ont aussi fait beaucoup écrire et réagir. En témoigne les quelque 9 800 articles de presse qui ont couvert le sujet sur la période.
Aujourd’hui, vous pouvez être fiers du travail accompli. L’engagement autour de ces travaux a été total par l’ensemble des acteurs qui s’intéressent de près ou de loin à ces problématiques :

Le monde économique au premier chef avec bien sûr, le triptyque « production – transformateur – distributeur », naturellement fortement impliqué. Mais ce qui est remarquable, c’est que l’ensemble des acteurs s’est mobilisé et je veux insister sur ce point : de l’alimentation animale à la restauration collective, en passant par le commerce de détail, vous avez tous contribué ;

En second lieu, la société civile, dans toutes ses composantes (représentants des consommateurs, ONG environnementales, associations caritatives, ONG de protection animale…), particulièrement mobilisée afin de porter les attentes sociétales ;

Enfin, les élus nationaux ou locaux, qui sont en prise au quotidien avec ces problématiques, ainsi que les partenaires sociaux.

Au-delà des acteurs, c’est l’ensemble du territoire qui s’est mobilisé pour que la concertation autour des Etats généraux de l’alimentation puisse s’imprégner des propositions locales : les solutions s’inventent bien souvent au niveau local. En outre, une consultation de la population a été organisée sur une plateforme numérique afin de permettre à chaque citoyen de pouvoir prendre un peu de son temps pour donner son avis, sa perception sur les enjeux liés à l’agriculture et à l’alimentation. Cette consultation publique a recueilli 156 000 visiteurs et quelque 17 000 contributions ! Nous aurons l’occasion de revenir dans un instant sur ces contributions.

Cette forte mobilisation, elle est motivante et rassurante ! Elle confirme que nos concitoyens ont une relation étroite et singulière à l’alimentation. Elle peut à la fois passionner, diviser ou encore rassembler. Mais elle ne laisse personne indifférent parce que :
Se nourrir, c’est un besoin vital et, répondre à ce besoin nous oblige, tous, notamment vis-à-vis des plus démunis. Une société opulente a plus de devoirs qu’elle n’a de droits. Elle a le devoir de ne pas gaspiller et de davantage donner ;
Se nourrir, c’est entretenir son capital santé, c’est le préserver ou le renforcer ;
Se nourrir, c’est du plaisir et du bien-être, c’est de la convivialité ;
Se nourrir, c’est aussi parfois un acte militant qui permet d’agir local en pensant global.

Les travaux en atelier sont désormais achevés. La journée d’aujourd’hui va être consacrée à tirer un bilan des travaux fournis à toutes les échelles que je rappelais à l’instant.

Le 1er chantier a été ponctué le 11 octobre par le Président de la République à Rungis. Aujourd’hui, nous allons donc nous intéresser dans un premier temps aux travaux du second chantier consacré à une alimentation saine, sûre, durable et accessible à tous. Nous profiterons de l’après-midi pour faire un point sur les mesures engagées au lendemain du 11 octobre. Je pense notamment aux travaux menés sur les plans de filière. Enfin, je vous présenterai la feuille de route des EGA avant que le Premier Ministre nous fasse l’honneur de clôturer cette journée et par-là même les Etats Généraux de l’Alimentation.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, je souhaite partager avec vous un premier sentiment général : les EGA, c’est d’abord le pari de la méthode, celui de réunir tous les acteurs, qu’ils soient opérateurs économiques, de la société civile ou élus, pour construire ensemble la trajectoire que nous souhaitons donner à l’alimentation française et à notre agriculture. Cette méthode, basée sur le tryptique de la concertation, la confiance, les engagements, c’est celle de la responsabilisation des acteurs, et j’y inclus bien évidemment l’Etat, pour construire ensemble. C’est sur cette dynamique que nous voulons continuer à construire pour l’avenir.

Aujourd’hui, nous allons donc tirer les conclusions de ces Etats généraux de l’alimentation. Le gouvernement a dressé une feuille de route basée sur les recommandations que vous avez formulées et qui ont fait l’objet de débats, parfois intenses, au sein des ateliers. La plupart sont consensuelles, d’autres le sont moins. Le rôle du gouvernement, c’est, sur cette base, de faire des choix, et, parmi les propositions retenues, de décider celles qui peuvent être suivies et mises en œuvre dès maintenant, celles qui nécessitent un temps de maturation ou de réflexion supplémentaire.

Cette feuille de route est riche. Elle nous engage collectivement sur l’économie des filières agroalimentaires, sur la prise en compte de l’alimentation comme déterminant majeur de la santé, sur la transition écologique des filières agricoles, sur la solidarité à l’égard des plus démunis et sur des relations de qualité entre acteurs économiques, consommateurs et citoyens. Au fil de la journée, mes collègues Nicolas Hulot, Agnès Buzyn et Delphine Geny-Stephann, auront l’occasion de mettre l’accent sur des mesures importantes en lien avec leur domaine de compétences et que nous portons collectivement. Je les remercie chaleureusement pour leur implication dans ces EGA et leur présence aujourd’hui.

Je mesure combien les attentes sont fortes. La clôture du premier chantier a pu nous en donner une idée avec l’urgence pour les exploitants agricoles de retrouver des prix justes, susceptibles de mieux les rémunérer.

L’Etat va prendre ses responsabilités sur ce point et, conformément aux décisions du chef de l’Etat, une loi va venir traduire les conclusions des EGA afin de rénover le cadre des négociations commerciales. Mais cette loi ira bien plus loin, afin de prendre en compte, sans attendre, des décisions issues du chantier 2, en matière de bien-être animal, de don alimentaire et de lutte contre gaspillage alimentaire, d’objectifs que nous allons fixer en matière de restauration collective publique afin de donner corps à une autre promesse du Président de la République.

Enfin, je voudrais prendre un temps, ce matin, pour remercier très sincèrement l’ensemble des personnes qui se sont impliquées dans ces Etats généraux de l’alimentation. Il y a vous, tout d’abord participants à cette journée de clôture, et, à travers vous, l’ensemble des acteurs, opérateurs, organisations que vous représentez et qui ont participé aux ateliers nationaux ou territoriaux. J’ai une pensée particulière pour les élus nationaux et territoriaux, qui ont participé aux ateliers, qui ont organisé à Paris ou dans leur circonscription des temps d’échanges sur les EGA.

Je voudrais aussi spécialement remercier les deux coordinateurs des EGA, Célia de Lavergne et Olivier Allain, efficacement épaulés par Vincent Steimetz, Loïc Goello et Svetlana Frolov. Ils ont fait un travail remarquable pour accompagner, expliquer, relayer, recueillir les avis des uns et des autres et ainsi assurer une coordination efficiente des travaux des EGA.

Je voudrais enfin remercier les équipes des services de l’Etat, en administration centrale et dans les services déconcentrés qui ont œuvré sans relâche pour que ces EGA puissent se dérouler dans les meilleures conditions. Pas moins de 12 départements ministériels sont engagés dans les EGA et je peux témoigner de leur total dévouement pour que cet exercice soit réussi. Je sais que ce sentiment est largement partagé, en premier lieu par les présidents des ateliers.

Que tous aient l’assurance que les efforts accomplis, le temps passé en réunion ou à les préparer n’est pas vain !

Je vous souhaite, je nous souhaite une journée de travail fructueuse, qui nous permette de nous nourrir des apports de tous les ateliers et de repartir ce soir, en cette veille de fêtes où l’alimentation joue un rôle majeur, avec une vision claire de ce qui s’ouvre devant nous et des actions à conduire dès le début de l’année 2018."

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