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Pascal Xicluna / agriculture.gouv.fr

23 septembre 2019 Info +

« Cultiver des fruits et légumes tropicaux sans utiliser de désherbant »

Sur l’île de La Réunion, Jean Bernard Gonthier produit des fruits et légumes tropicaux et des plantes médicinales. Dans cet écosystème où la vie se développe vite, il faut trouver le bon équilibre écologique pour lutter contre la prolifération des nuisibles sans avoir recours aux traitements chimiques.

« Bois de pêche marron », « patte poule », « bois maigre » ou bien « change d'écorce », leurs noms évoquent leurs formes, leurs couleurs ou bien leurs comportements. Ces plantes, endémiques de La Réunion, Jean Bernard Gonthier explique « qu’elles ont des vertus médicinales. Elles soignent les traumatismes, les contusions, ou bien, ont des effets diurétiques ou détoxifiants ». Ces plantes que l’on trouve habituellement dans la forêt, l’agriculteur a décidé de les reproduire en serre, sans traitements chimiques, afin de préserver la biodiversité. Aujourd'hui, 16 plantes médicinales de l'île de La Réunion sont inscrites à la pharmacopée française.

Reproduire l’écosystème d’une forêt pour réduire les traitements

En 2012, Jean Bernard Gonthier installe ses serres à flanc de colline, face à la mer, sur une surface de 2 hectares. « A l’intérieur, les plantes médicinales poussent presque à l’état naturel : c'est-à-dire que nous nous inspirons de l’écosystème de la forêt afin de réguler la prolifération des nuisibles et éviter le recours aux traitements. Par exemple, certaines espèces, très aromatiques, vont permettre de repousser certains insectes, comme la plante « doliprane » (Plectranthus amboinicus), utilisée contre la mouche des fruits ».

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L’agriculteur cultive aussi dans ses serres, des fruits de la passion qu’il vend localement et pour l’exportation. Toujours dans cette logique d’alternatives aux produits phytosanitaires, il protège cette passiflore de la cochenille, en utilisant de l’huile végétale et du savon noir. « Nous essayons de réduire les pesticides sur l’ensemble de l’exploitation. Aussi bien dans les serres, que sur les 12,5 hectares à l’extérieur, notamment en limitant le désherbage au glyphosate. »

Lutter contre les mauvaises herbes en favorisant l’entraide entre les cultures

Dans cet environnement tropical et humide, la végétation luxuriante peut envahir rapidement les parcelles agricoles. Une des solutions pour éviter le désherbage chimique, décrit Jean Bernard Gonthier, « est de favoriser l’entraide entre les cultures. Autour des serres, nous faisons pousser par exemple du maïs avec de la patate douce, car cette tubercule qui recouvre bien le sol, permet d’étouffer les herbes concurrentes. En revanche, dans les champs où la canne à sucre pousse seule, je dois désherber pour qu’elle puisse se développer correctement ».

L’agriculteur envisage de multiplier les associations de cultures et de désherber mécaniquement pour ne plus utiliser de glyphosate sur son exploitation.

La plateforme EcophytoPIC - Cultures tropicales

La plateforme EcophytoPIC - Cultures tropicales propose des applications concrètes de réduction des produits phytosanitaires adaptées aux cultures en milieu tropical dont la canne à sucre, la banane, les cultures fruitières, légumières et vivrières ainsi que les PPAM (Plantes à parfum, Aromatiques et Médicinales).