Le compostage, une technique relativement simple à mettre en place
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Benoit Riou est éleveur de dindes dans le Finistère. Contraint par le manque de surfaces d’épandage et par l’exportation, il fait le choix, en 2003, de créer sa propre plateforme de compostage. Baisse des intrants, renforcement de l’autonomie et de la vie des sols : cette démarche de diversification est aussi bénéfique pour l’environnement.
C’est en 2000 que Benoit Riou s’installe avec son père après un BTS spécialité« production volailles ». Salarié pendant trois années, il reprend l’exploitation familiale en 2010, avec ses 6000m2 de bâtiments à dindes de chair et ses 40 hectares de production de blé et de mais.
L’agriculteur fait rapidement ce constat : il n’a pas assez d’espace pour l’épandage des fumiers de ses volailles. Benoit met alors en place une plateforme de compostage qui lui permet de traiter ses fumiers ainsi que les lisiers des agriculteurs environnants. Les déchets restent six semaines en fermentation puis deux mois dans un hangar de maturation pour stabiliser le produit qui sera ensuite utilisé comme engrais ou revendu. Il opte à l’époque pour le retournement : il s’agit de mélanger régulièrement les tas de déchets afin d’apporter suffisamment d’oxygène pour leur fermentation. Mais cette technique demande de passer beaucoup de temps sur la plateforme et les volumes de déchets sont de plus en plus conséquents..
Il développe alors son activité de compostage en investissant dans de nouvelles installations. Des silos de fermentation de vingt mètres de profondeur, des gaines inox intégrées dans les dalles de béton pour l’aération, un laveur chimique à soude et à acide sulfurique, un biofiltre : l’agriculteur passe à la technique de la ventilation forcée. Celle ci permet d’ « obtenir un produit fini plus sec et plus adapté au transport » explique Benoit Riou. Elle est aussi mieux adaptée à la pluviométrie bretonne. Surtout, elle lui permet d’automatiser la ventilation grâce à un programme informatique qui mesure la température. Une technologie qui lui permet de dégager du temps.
Aujourd’hui ce sont près de 22 000 tonnes de déchets qui sont traitées ici en compostage dont seulement 1500 à 1800 tonnes produites par son propre élevage. Fier de cette success story, Benoit Riou organise régulièrement des portes ouvertes pour partager son expérience. Il emploie deux salariés et a ouvert la plateforme aux déchets verts des collectivités. Il est sollicité en retour pour le traitement des boues de stations d’épuration. A la sortie, le compost est inodore. C’est tout un territoire qui est concerné par ce projet !
Grâce à sa plateforme de compostage, il a limité les quantités d’intrants sur son exploitation agricole. « On est plus autonome, les coûts de fertilisation sont plus faibles et les sols sont vivants » conclue l’agriculteur finistérien.