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Pascal Xicluna / agriculture.gouv.fr

10 septembre 2015 Info +

Réduire sa facture et ses émissions de carbone en élevage laitier

La lutte contre le changement climatique ? Déjà, dans les territoires, éleveurs, coopératives et structures de conseil s’activent pour réduire les empreintes carbone des exploitations.

« Le carbone ? Nous n’y sommes pas insensibles ! » s’exclame Dominique Raccurt, qui gère, avec deux frères et un neveu, un beau troupeau de Montbéliardes et 400 hectares de prairies et cultures. Situé en zone vulnérable en bordure de la métropole lyonnaise dans l’Ain, le Gaec du Pontet entretient des bois, des haies, a semé des bandes enherbées, s’est converti aux techniques culturales simplifiées, fait parti d'un projet d’unité de méthanisation… Et s’attaque cette année à son empreinte carbone via le diagnostic carbone Cap’2ER du programme Life Carbon Dairy. Cet outil de « Calcul automatisé des performances environnementales en élevage de ruminants » évalue l’empreinte carbone de l’élevage, c’est-à-dire ses émissions de gaz à effet de serre et sa contribution au maintien de la biodiversité. L’outil se base sur la méthode d’analyse des cycles de vie et calcule les impacts de la gestion du troupeau sur l’environnement : fioul, électricité, aliments, engrais, bâtiment… Mais aussi les impacts positifs : biodiversité, haies, prairies… Les résultats sont analysés, comparés à ceux du réseau et commentés par les conseillers. « Le Gaec du Pontet est très bon en stockage de carbone via leurs prairies longues durées et les haies et bois. Il atteint aussi une belle autonomie de 67% en protéines via la production de luzerne et d’intercultures protéiques ! L’exploitation pourrait encore réduire ses émissions de carbone en rationalisant mieux la gestion du troupeau et l’alimentation des vaches », détaille Camille Olier, la conseillère d’élevage de l’association Ain Conseil Elevage « ce diagnostic sensibilise les éleveurs aux gaz à effet de serre et leur donne des leviers d’action pour les réduire. C’est une manière d’aborder autrement l’élevage. Notre discours est conforté par le bilan : plus l’exploitation est économe en carbone, plus elle est rentable ! »

Mieux faire vieillir ses vaches : un bon calcul pour économiser le carbone et les euros !

Sur cette exploitation, le diagnostic a ainsi proposé de diminuer l’âge des vaches au premier vêlage, d’individualiser leur ration, de laisser vieillir les vaches plus longtemps… Cela réduirait son empreinte carbone de 14% et économiserait plus de 23 000 € par an. « Ces conseils, techniques et économiques, vont vers plus de rentabilité, plus d’économie pour nous ! Cela nous amène à produire plus de lait par vache et moins de méthane sur l’exploitation ! » confirme Dominique, « j’ai également appris par cette analyse que notre GAEC nourrit en protéines animales 3 533 personnes par an, c’est très valorisant de s’en rendre compte !

Le projet Life Carbon Dairy

Porté au niveau national par l’Institut de l’élevage dans le projet Life Carbon Dairy (financement Casdar et Europe), Cap 2’ ER est un outil de terrain pour évaluer sur les exploitations laitières les émissions de gaz à effet de serre et le stockage de carbone. Six régions pilotes sont investies dans ce projet qui a l’ambition de sensibiliser 4 500 élevages laitiers en France d’ici la fin de l’année 2015. But du jeu : bâtir un plan carbone de la production laitière qui promouvra une démarche économe en carbone et réduira les émissions de la production laitière à hauteur de 20% à échéance dix ans, soit l’équivalent de 139 761 tonnes de CO2.

La filière s’engage pour le climat

Le 21 octobre 2015, les principaux acteurs de la filière laitière, éleveurs, entreprises laitières, entreprises de contrôle laitier, Chambres d’Agricultures et Institut de l’Élevage se sont réunis pour lancer le programme « Ferme laitière bas carbone », qui prolonge une première expérimentation à grande échelle, Life Carbon Dairy.

Réduire les émissions de gaz à effet de serre par litre de lait d’origine française de 20% au cours des 10 prochaines années, telle est l’ambition de cette initiative portée par le CNIEL avec le partenariat scientifique de l’Institut de l’Élevage.