25 octobre 2021 Publication

Évaluation des politiques de soutien à l’agriculture d’Outre-mer et perspectives d’autonomie alimentaire

  • Janique Bastok
  • Henri-Luc Thibault

Le CGAAER a été chargé d’évaluer les politiques de soutien à l’agriculture des territoires d’Outre-mer et de rechercher des pistes permettant d’atteindre une autonomie alimentaire.

Beandeau de la lettre d'octobre 2021 du CGAAER
feuilles de bananier
Pascal Xicluna / agriculture.gouv.fr

Rapport de mission de conseil n°20088

Septembre 2021

Mots-clés : Outre-mer, transformation agricole, autonomie alimentaire, soutiens publics, POSEI

Enjeux

L’agriculture a incontestablement marqué l’histoire et l’économie des départements et régions d’Outre-mer à travers notamment l’économie de plantation. Mais son poids dans la production de richesse a, malgré des soutiens financiers substantiels, singulièrement décru pour ne représenter que quelques points de PIB aujourd’hui. La conséquence pour ces territoires est une dépendance de plus en plus grande aux importations pour se nourrir.

Une mission du CGAAER a été chargée de rechercher des pistes de transformation susceptibles d’inverser ces tendances.

Méthodologie

La mission a travaillé à partir d’analyses bibliographiques, de réponses à un questionnaire adressé aux DAAF et d’environ 150 entretiens conduits à distance compte tenu de la situation sanitaire.

Elle a opéré en parallèle à d’autres travaux effectués sur la transformation agricole des Outre-mer, en particulier :

  • ceux du CIRAD conduits à la demande du ministère en charge des Outre-mer sur les freins et leviers de l’autosuffisance alimentaire de ces territoires,
  • ceux de l’ODEADOM sur les pistes d’évolution du POSEI.

Résumé

Malgré le recul de l’agriculture ultramarine, son importance sociale, culturelle, environnementale reste réelle et mérite l‘attention que lui portent les différents acteurs concernés.

Cette attention se manifeste par de très nombreuses orientations stratégiques, plans et programmes thématiques et par des soutiens financiers substantiels sans que ces derniers n’aient, jusqu’à un passé récent, explicitement érigé la satisfaction des besoins alimentaires des populations au rang de priorité première, ni pu enrayer la baisse d’attractivité du secteur ou améliorer sa performance.

Dans ce contexte, la mission suggère d’aborder la transformation agricole des Outre-mer en partant de la réalité de leur situation agricole et de leurs perspectives d’évolution, et en prenant en compte les déterminants de la demande alimentaire actuelle et future au regard des évolutions démographiques attendues.

À cette fin, c’est territoire par territoire qu’elle propose de raisonner la transformation agricole en la situant dans le temps long - à l’horizon 2035 - plutôt que dans l’instant. Dans cette perspective, les acteurs locaux concernés devront s’accorder sur les notions d’autonomie alimentaire et de production locale, identifier les indicateurs à même d’en mesurer les évolutions, et déterminer les cibles à atteindre au terme des quinze ans à venir.

La mission plaide pour un élargissement de la représentation des actuels comités locaux de transformation agricole et pour une évolution de leur gouvernance. Elle invite également, au plan opérationnel, à rationaliser les efforts en matière de structuration de l’activité agricole, d’investir dans les projets alimentaires territoriaux et de porter un intérêt particulier aux attentes de la restauration collective.

Elle suggère de mettre en débat les actuels dispositifs de soutien financier à l’agriculture en proposant d’allouer progressivement à chaque territoire une enveloppe financière déterminée à partir de la population à nourrir, des surfaces agricoles effectivement mises en valeur et du poids des cultures d’exportation. Elle propose aussi de renvoyer aux organes locaux de transformations alimentaire et agricole les arbitrages en matière de répartition locale de ces enveloppes en les invitant notamment, d’ici 2035, à consacrer jusqu’à 50 % de ces enveloppes à la satisfaction de la demande alimentaire. Enfin, elle est favorable à ce que la gestion en soit assurée par les services déconcentrés de l’État et les collectivités territoriales, avant que celles-ci n’en deviennent seules responsables.

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