25 octobre 2021 Publication

Mobilisation des retenues hydroélectriques du bassin Adour-Garonne

  • Alain Joly

Une mission interministérielle a été chargée d’étudier les conditions de mobilisation des retenues hydroélectriques du bassin Adour Garonne pour le soutien d’étiage.

Beandeau de la lettre d'octobre 2021 du CGAAER
L'Adour vue du ciel
SMEAG/Didier Taillefer

Rapport de mission interministérielle n°19109

Juin 2021

Mots-clés : Bassin Adour-Garonne, retenues hydroélectriques, soutien d’étiage, concessions

Enjeux

L’Agence de l’eau Adour-Garonne a engagé un travail d’élaboration d’une nouvelle stratégie d'investissements pour répondre aux enjeux de l’adaptation au changement climatique. Le plan d’adaptation prévoit la mobilisation de 20 % de la capacité des retenues hydroélectriques pour le soutien d’étiage des cours d’eau du bassin.

Les conditions de cette mobilisation sont à étudier au regard de l’ampleur du déficit d’eau estimé dans l’étude prospective Garonne 2050. L’enjeu est de trouver des solutions multiples et équilibrées. Telle est la mission confiée au CGEDD et au CGAAER.

Méthodologie

Compte tenu des conditions sanitaires, la mission interministérielle composée de Christian Le Coz, Dominique Auverlot, Philippe Follenfant (CGEDD) et Alain Joly (CGAAER) a été réalisée en grande partie à distance.

Elle a travaillé sur la base d'études et rapports d’experts portant sur le bassin Adour Garonne, le changement climatique et l’hydroélectricité. Elle a auditionné les administrations centrales, les services déconcentrés de l’État et des collectivités en Occitanie et en Nouvelle Aquitaine, les acteurs de l’hydroélectricité et les acteurs de la gestion quantitative de l’eau. Un déplacement et une trentaine de réunions et entretiens ont été organisés entre janvier et juin 2021.

Résumé

La mission a fondé ses travaux sur les études prospectives réalisées sur l’ensemble du bassin Adour-Garonne. Ces études ont conduit les instances de gouvernance de l’eau à annoncer que le changement climatique devrait conduire à un déficit d’eau à l’étiage à l’échelle du bassin qui pourrait atteindre 1 200 millions de m3 à l’horizon 2050.

L’analyse des données montre que les principales réserves d’eau sont situées au nord du bassin tandis que les besoins sont principalement situés dans le sud. Elle permet aussi de démontrer que la mobilisation supplémentaire de l’eau depuis les réservoirs hydroélectriques ne pourra pas compenser la perte d’écoulements dans les cours d’eau due au changement climatique.

Compte tenu de la configuration du bassin, la mission invite l’Agence de l’eau Adour-Garonne à réaliser une modélisation des impacts du changement climatique sur la ressource en eau et de l’équilibre offre-demande à l’échelle des sous-bassins, en prenant en compte l’agriculture, secteur clé de l’économie du bassin.

Par ailleurs, la mission considère qu’il convient d’engager sans tarder les études de réalisation de deux pompes de relevage à vocation de soutien d’étiage et de projets de stations de transfert par pompage - STEP destinées à accroître la production d’électricité.

Elle recommande au gouvernement d’engager les concertations aux niveaux local, ministériel et européen pour définir l’évolution souhaitable des débits d’objectif d’étiage en raison de la baisse attendue des débits.

Elle considère que l’amélioration de l’économie générale et de la rentabilité futures des concessions hydrauliques est possible au niveau du soutien d’étiage. Cela passe par l’intégration d’un facteur représentant la rentabilité du capital investi par le concessionnaire dans le montant des charges partageables.

Elle invite les financeurs à évaluer les conditions d'investissement dans de nouveaux ouvrages de production hydroélectrique.

Elle recommande au Ministère de la transition écologique d’examiner la faisabilité juridique d’une participation de l’Agence de l’eau et des collectivités à des investissements dans des STEP, et plus généralement dans des ouvrages contribuant au maintien de la production hydroélectrique, en contrepartie d’un soutien à l’étiage plus important sur d’autres rivières d’un même bassin.

Enfin, elle propose des modifications législatives et réglementaires pour favoriser le regroupement des concessions en vue d’une gestion optimisée des retenues vis-à-vis du débit d’étiage et de la production d’électricité.

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