06 mars 2014 Actualité

Pas pour les filles, l'enseignement agricole ? Halte aux préjugés !

Un enseignement plutôt destiné aux garçons ? Si c’est l’image qui vous vient en tête quand on vous parle enseignement agricole, alors il est temps de changer d’idée. Car l’enseignement agricole va bien plus vite que les clichés : les filles y ont depuis longtemps fait leur place. On compte plus de 50% de filles dans l’enseignement technique et 61% dans l’enseignement supérieur.

Les classes mixtes : une richesse

Dans les formations, les filles s’intègrent sans souci dans la grande majorité des cas : il peut y avoir un peu d’étonnement de la part de certains garçons, mais ce sont des situations que les enseignants ont aujourd’hui l’habitude de gérer. Dans des classes à dominante masculine, telle que l’aménagement paysager, la présence des filles est d’ailleurs une richesse, car elles poussent le groupe à envisager certaines situations différemment. Comme l’explique Matthieu Prévost, proviseur du lycée agricole de Dunkerque dans le Nord-pas-de-Calais : "Les gars sont un peu moins potaches, certes, mais ce n’est pas l’essentiel. D’un point de vue pédagogique, avoir des filles et des garçons permet de se poser des questions différentes devant une tâche. Face à des matériaux lourds qu’une fille aura plus de mal à transporter, l’ensemble du chantier et du travail en équipe doit être pensé autrement. Une exécution aveugle des tâches n’est plus possible."L’idée vaut aussi pour les classes à dominante féminine, comme les services à la personne, où c’est la présence d’un garçon qui provoquera la réflexion.

Des entreprises qui doivent s’adapter

Matthieu Prévost et des élèves du lycée horticole de Montravel, dans le département de la Loire. ©Pascal.Xicluna/MIN.Agri.fr

Dans le film "Du rose dans le jardin" tourné en 2012 au lycée horticole de Montravel, des jeunes filles en filière travaux paysagers témoignent de leur vécu pendant leur formation. Elles sont fières de leurs choix et bien dans leurs baskets d’élèves. Mais ce sont les entreprises qui ont parfois un peu de mal à s’adapter. "Pour les stages, elles ont beaucoup moins de possibilités que les garçons : les entreprises sont plus réticentes. Certaines d’entre elles portent des prénoms mixtes et leur arrivée provoque surprise et embarras, " précise Matthieu Prévost. Un choix restreint préjudiciable : les stages en entreprise sont un pilier de la formation en enseignement agricole. Une fois le stage trouvé, les choses ne sont pas toujours simples :" Sur de nombreux chantiers, la présence d’une femme n’a pas été envisagée : pas de lieu pour se changer, ni de toilettes."

Depuis 11 ans, le réseau Insertion – Égalité des chances promeut et valorise l’égalité entre filles et garçons, femmes et hommes dans l’enseignement agricole. Des dispositifs sont mis en place pour accompagner les jeunes filles minoritaires dans leur formation, avec par exemple la préparation d’entretiens professionnels face à un recruteur perplexe. Davantage que les garçons, il leur faut convaincre qu’elles sont bien à leur place. Ce qu’elles font, traçant la voie pour leurs camarades à venir.

Retrouvez sur le site Chlorofil le film Du rose dans le jardin, tourné par Matthieu Prévost

En savoir plus sur les actions de l'enseignement agricole en faveur de l'égalité filles-garçons sur le site Chlorofil