
C’était en 2009. « Je ne voulais plus alimenter mes vaches avec du concentré additionné d’urée et du tourteau de soja brésilien dont la culture intensive accélère la déforestation. J’étais fatigué de produire toujours plus et j’étais malade à chaque fois que je sortais traiter. J’avais même commencé à rédiger une petite annonce pour vendre la ferme ! »
Gagner en autonomie
Des frais vétos divisés par trois
Pour l’éleveur, « la plupart des maladies du troupeau sont provoquées par une mauvaise alimentation. Avec mon changement de pratiques et ce passage à l’herbe, j’ai divisé mes frais vétérinaires par trois. Et mes vaches vieillissent mieux qu’avant : je peux les garder 10 ans. Pour réduire les antibios, j’ai suivi avec deux salariés une formation en homéopathie. L’observation et la détection des symptômes est essentielle ! ». Leurs revenus sont sensiblement les mêmes que précédemment, mais bientôt la coopérative Biolait passera collecter leur surplus de lait qui sera alors mieux valorisé.
En 2014, le couple ouvre sur sa ferme un magasin rassemblant les produits de plus d’une quinzaine de producteurs bio. Il vend aussi ses fromages frais, secs et affinés, commercialisés sous la marque Le Val d’Osseux (Tommette du Val d'Osseux, le Nivernais au cœur fondant, le P'tit Paul) qu’il produit et affine avec ses cinq salariés dans la fromagerie attenante. Nadine rapporte que « nos clients ont trouvé que nos fromages ont plus d’arômes qu’auparavant ». Le goût fleuri de leurs fromages serait-il celui du foin de leurs vaches ?
Un sol nu est une aberration pour la photosynthèse, le climat et le sol !
Jean-Paul Loisy découvre l’ingénieuse alchimie des mélanges d’espèces et implante ses prairies avec 6 à 7 espèces différentes. Il pratique le sur-semis et sème des méteils pour donner des céréales et des protéines aux vaches et fertiliser naturellement les sols.
Sur ses champs où le rumex est vite – et naturellement – remplacé par ses trèfles blanc ou violet, il pratique le sans désherbant, le sans labour… Découvre le « comment faire avec » plutôt que le « lutter contre », consulte les calendriers lunaires… Il va loin, Jean-Paul, pour décliner sa foi et ses valeurs ! « Un sol nu est une aberration pour la photosynthèse, le climat et le sol ! Et 1,5 tonne de vers bien nourris par mes intercultures travaille bien mieux que le labour… » Pour sécher son foin, Jean-Paul construit un bâtiment dont la ventilation récupère l’air réchauffé par le soleil sous toiture. Le chauffage de la fromagerie et de la maison d’habitation est assuré par la chaudière alimentée par le bois des haies de la ferme. Il économise plus de 10 000 litres de fioul chaque année.