13 décembre 2018 Publication

L'employabilité des docteurs issus de l'enseignement supérieur agronomique et vétérinaire et les dispositifs de formation par la recherche

  • Pierre Saï
  • Thierry Berlizot

Le CGAAER a été chargé d'analyser l’apport en compétences de la formation par la recherche (FPR) pour l’employabilité des docteurs diplômés de l’enseignement supérieur agronomique et vétérinaire du ministère.

Rapport de mission de conseil n°17067

Juillet 2018

Mots-clés : formation par la recherche, doctorat, master, employabilité, fonction publique, enseignement supérieur

Enjeux

Les titulaires du doctorat, diplôme bien identifié sur la scène internationale, jouent un rôle dans la recherche et l’innovation, facteurs clés de la compétitivité des pays et de leurs entreprises.

La mission, centrée sur l’analyse de l’apport en compétences de la formation par la recherche (FPR) pour l’employabilité des diplômés de l’enseignement supérieur agronomique et vétérinaire (ESAV) du ministère, a analysé l’engagement des établissements dans une politique raisonnée de formation par la recherche, comprenant des objectifs collectifs, au regard d’une acquisition de compétences qui répondent aux attentes des employeurs.

Méthodologie

La mission a d'abord procédé à une évaluation des attentes des employeurs au moyen d’un guide d’entretien consacré à la gestion prévisionnelle des ressources humaines et à l’aide d’un questionnaire d'enquête sur les compétences prêtées aux diplômés.

Pour savoir si les établissements d'enseignement supérieurs agronomiques et vétérinaires répondent à ces attentes, des questions ont été posées par écrit aux directeurs de ces établissements sur les programmes de FPR et les compétences prêtées aux docteurs.

La mission a cherché à répondre à plusieurs questions. Les écoles ont-elles une politique de FPR raisonnée, correspondant aux attentes des employeurs potentiels ? Ont-elles une réflexion sur la relation entre la FPR, les compétences acquises et l’employabilité ? Le ministère mène-t-il une politique coordonnée de FPR au service d’objectifs collectifs ?

Résumé

L'intérêt des employeurs à recruter des docteurs tient au fait, qu'outre le besoin d'une expertise scientifique précise, les entreprises recherchent des cadres maîtrisant toutes les composantes d’un travail en mode projet, à l'aise dans les data sciences et pratiquant l'anglais.

La formation doctorale est destinée à certains diplômés des cursus initiaux et à des étudiants venant d’autres établissements, notamment étrangers.

Si toutes les écoles estiment que le doctorat confère des compétences utiles à l’insertion, le bilan montre une grande hétérogénéité en termes de FPR (exigences sur le recrutement des doctorants, utilisation de CIFRE, offre de formations complémentaires, exploitation des dispositifs de valorisation des compétences auprès des employeurs, et d’insertion dans des graduate schools à la française). La réflexion sur le nombre de doctorants issus des cursus initiaux reste insuffisante, ce nombre évoluant souvent « au fil de l’eau ».

Le flux de diplômés des écoles vétérinaires (ENV) et de l’école du paysage (ENSP) qui préparent des thèses reste trop faible rapporté aux besoins du secteur santé ou aux sollicitations internationales de l’école française du paysage.

Des écoles françaises d’ingénieurs sous tutelle d’autres ministères ont mis en place des dispositifs performants de FPR et ont un pourcentage plus important d’ingénieurs réalisant un doctorat. Leurs diplômés, de même que ceux de certains pays étrangers, ont un avantage concurrentiel sur ceux de l’ESAV.
Si la FPR contribue peu au taux d'insertion déjà excellent des diplômés, elle favorise un élargissement des compétences, relève les performances des unités de recherche des établissements et améliore l’attractivité internationale. Elle mérite donc d'être soutenue, mais avec des exigences accrues.

La mission recommande la généralisation d’un parcours de propédeutique de FPR pour développer progressivement les compétences de tous les diplômés et encourager certains à réaliser un doctorat.

Elle recommande d’amplifier, en dernière année d’école, l’accès de certains étudiants à un master pour faciliter l’insertion et pour compléter les pré-requis à un doctorat. Des groupes d’écoles devraient imaginer avec l’ANRT un dispositif comparable à la CIFRE au niveau master et ouvert aux PME des secteurs de la santé et de l’agroalimentaire. À cet égard, le dispositif CIFRE mériterait d'être promu dans ces secteurs.

La mission détaille aussi un ensemble d’éléments de politique doctorale que les établissements doivent mieux partager. Elle préconise d’augmenter le nombre de vétérinaires-docteurs et de paysagistes-docteurs et invite le ministère à redéfinir ses objectifs pour la formation doctorale dans ses corps de fonctionnaires.

Elle propose des moyens pour améliorer le pilotage de la formation des docteurs dans les écoles de l’ESAV.

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