25 novembre 2016 Actualité

L’agro-écologie c’est maintenant

Le Conseil économique social et environnemental s’est prononcé mercredi 23 novembre sur les défis et les enjeux de la transition agro-écologique. Le rapport présenté a été adopté à une large majorité par 154 voix pour et 2 voix contre et 25 abstentions.

Suite au vote de la loi d’Avenir du 13 octobre 2014, l’agro-écologie figure dans l’article premier du Code rural. Le ministre a, le 23 novembre au Conseil économique social et environnemental, rappelé la priorité qu’il accorde à la triple performance, économique, environnementale et sociale de l'agriculture. A l’aube de ce XXIème siècle, les bouleversements auxquels est confronté ce secteur sont un nouveau défi lancé à toute la société et à toute la planète.

Loin de constituer un processus et une définition uniques, l’agro-écologie est avant tout une démarche systémique qui requiert des changements collectifs. Dès lors les 7 préconisations formulées par le CESE, rappelées par la rapporteure du texte Cécile Claveirole, visent à mieux répondre aux attentes de la société qui « souhaite disposer d’une alimentation saine, diversifiée, de qualité, en quantité suffisante et à un prix abordable ». Outre l’idée de préciser les contours de ce concept et d’avoir du recul pour en mesurer les indicateurs, l’instance tient aussi à sensibiliser la société pour aller vers une alimentation agro-écologique, à soutenir les initiatives et à leur donner encore plus de visibilité. Autre marqueur de l’aspect transversal de la démarche, le CESE estime qu’il qu’il y a une nécessité à réorienter les priorités de la recherche. Décloisonner en assurant une meilleure coordination entre la recherche publique et privée, entre les échelons national et européen, font partie des objectifs affichés.

Concernant l’enseignement agricole, le CESE estime que celui-ci a un rôle central à jouer dans la formation et l’accompagnement qui permette de transmettre plus facilement de nouvelles pratiques culturales. Lycées et exploitations agricoles doivent être au centre de partenariats noués avec les acteurs locaux pour en faire de véritables « pôles territoriaux d’expérimentation ».

Accompagner la transition auprès des agriculteurs

Le CESE insiste aussi sur l’accompagnement des agriculteurs dans la transition écologique : les moyens mis à disposition des CIVAM, CUMA, AFOCG et autres réseaux des fermes DEPHY au service de démarches collectives pour encourager les synergies, doivent être également renforcés.

Mais l’ambition d’un tel projet ne saurait se borner aux changements de pratiques agronomiques : pour les représentants du CESE, il est également indispensable d’agir à tous les niveaux des filières en tenant compte de l’approche territoriale. Il conviendrait aussi de mettre un terme à la quête permanente des prix de plus en plus bas et à la réduction des marges des producteurs. Dans cet esprit, il est donc nécessaire de privilégier les productions à plus forte valeur ajoutée. Enfin, de manière plus générale, il apparaît opportun de réorienter les politiques publiques ainsi que les aides. Cela va de pair avec les outils et les soutiens de la PAC qui devraient être dédiés à des actions agroécologiques.

Un changement de modèle agricole nécessaire au niveau mondial

Si les orientations proposées sont claires et perçues comme allant dans le bon sens, le CESE souligne cependant les freins : une étude d’IPES co-présidée par Olivier de Schutter et présentée en 2016, a conclu à la nécessité de changer au niveau mondial de modèles agricoles pour parvenir à une alimentation plus durable, mais elle se heurte à deux obstacles majeurs : l’attractivité de l’alimentation bon marché d’une part, et les raisonnements de rendements à court terme qui mettent en échec la durabilité des productions. Certains regrettent notamment l’accent mis dans la PAC sur les grandes surfaces et le découplage des aides à l’hectare, deux mesures antinomiques avec la notion d’agro-écologie.

Dans le cas de la France, Jean-Marc Meynard chercheur à l’Inra cité dans l’avis du CESE identifie les points de verrouillage suffisamment résistants (comme l’antibiorésistance) pour qu’on s’attache à les surmonter.

Le Conseil économique social et environnemental s’est prononcé mercredi 23 novembre sur les défis et les enjeux de la transition agro-écologique. Le rapport présenté a été adopté à une large majorité par 154 voix pour et 2 voix contre et 25 abstentions.

Télécharger l'avis du CESE sur les défis et les enjeux de la transition agro-écologique.

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