26 octobre 2015 Info +

La contribution française au comité de la sécurité alimentaire des Nations Unies sur le thème « L’eau pour la sécurité alimentaire et la nutrition »

© Unicef

La contribution française au comité de la sécurité alimentaire des Nations Unies sur le thème « L’eau pour la sécurité alimentaire et la nutrition »

L’eau, une source de vie et un droit fondamental

La réunion du comité de la sécurité alimentaire des Nations Unies (CSA) qui s’est tenue à Rome du 12 au 15 octobre 2015, était consacrée au thème « L’eau pour la sécurité alimentaire et la nutrition ».

La position française adoptée par les ministères en charge des affaires étrangères et de l’agriculture, et à laquelle le MEDDE a apporté sa contribution, a proposé quatre axes d’action. Le CGAAER, représenté par Guillaume Benoit, a contribué à son élaboration.

L’exercice a été l’occasion de revisiter les fondamentaux de la sécurité alimentaire (stabilité, disponibilité, accès à l’alimentation et qualité) par rapport au cycle de l’eau. Ce cycle compte les « eaux vertes » (agriculture pluviale et production pastorale) et les « eaux bleues » (agriculture irriguée, aquaculture et pêche, abreuvement du bétail, industries agroalimentaires et autres usages : domestique, industriel non alimentaire, énergétique et écologique). A l’heure actuelle, le facteur eau, central pour la sécurité alimentaire, est directement impacté par le dérèglement climatique.

Les actions proposées dans la contribution française peuvent être résumées ainsi :
- la nécessaire transition des systèmes de production et de consommation passe par une amélioration de la gestion de l’eau ;
- l’instabilité provoquée par l’augmentation de la fréquence des évènements météorologiques extrêmes peut être prévenue par différents leviers d’adaptation ;
- une meilleure gestion de l’eau permet d’accroître durablement la disponibilité alimentaire ;
- une meilleure gestion et une valorisation des eaux agricoles, pastorales et aquacoles permettent d’augmenter la valeur ajoutée et le nombre d’emplois par hectare et par m3 d’eau ;
- faire évoluer les pratiques pour favoriser une agriculture respectueuse de l’environnement et maîtriser l’utilisation d’intrants et de produits phytosanitaires pour prévenir les pollutions diffuses et garantir, à un coût réduit, la production d'eau potable.

Action 1 :

Les parties prenantes du CSA doivent prendre conscience de la montée des risques (climatiques, économiques, sociaux, politiques) et de la nouvelle importance d’une gestion équilibrée des ressources en eau, intégrant la rétention de l'eau dans le sol, de nouveaux modes de mobilisation des ressources (stockage, transfert, ressources non conventionnelles) et l'extension/efficience de l'irrigation comme outils de gestion des risques, en prenant la mesure de leurs coûts en regard des bénéfices qu’ils génèrent ou des pertes économiques et sociales qu’ils évitent.

Action 2 :
- Augmenter la rétention de l'eau dans les sols pour accroître la résilience des systèmes de production, et diminuer l'érosion des sols ;
- améliorer la mobilisation de l'eau disponible (pluviale, réutilisation, stockage des excédents en périodes de fortes pluies, désalinisation dans certaines zones, rivière...) ;
- favoriser la diversification des économies rurales sur les territoires (artisanat, transformation et commercialisation, nouveaux métiers, …) afin de créer des emplois et limiter la pression sur les ressources.

Action 3 :
- En agriculture pluviale, la bonne conservation des eaux dans les sols par les pratiques telles que l'agro-écologie, le « water harvesting » et la restauration des bassins versants ;
- en agriculture irriguée, dans les zones en situation de pénurie en eau, des gains de productivité importants sont possibles grâce à des techniques d'irrigation innovantes, telles que l'irrigation de complément améliorée, l'irrigation de déficit, les cultures en lits surélevés, l'irrigation localisée et de précision (goutte à goutte) ;
- d’une manière générale, durabilité des systèmes de production pour éviter toutes les externalités négatives, comme la surexploitation des nappes phréatiques, l'érosion hydrique, la salinisation des sols.

Action 4 :
- Soutien aux agriculteurs familiaux (40 % des actifs dans le monde, et plus de 70 % dans beaucoup de pays africains) par un accès favorisé au crédit, aux investissements, au conseil agricole, à la formation, au marché ;
- soutien à l’hydraulique pastorale et à la pêche artisanale et la co-génération d’énergie, en particulier d’origine hydraulique chaque fois que c’est possible, y compris à petite échelle ;
- rémunération pour services environnementaux, principalement dans les zones de montagne, ce qui permet de rémunérer des acteurs en amont pour la bonne gestion de l'eau, permettant ainsi de réduire la pauvreté, d'assurer une meilleure rétention et infiltration de l'eau au service de l'aval, de diminuer les risques d'inondation, d'améliorer ou de préserver la qualité et la quantité de l'eau ;
- mieux reconnaître le besoin des communautés rurales en terre et en eau agricoles, et leurs sécuriser l'accès à ces ressources en reconnaissants leurs droits d'accès. Pour cela l'environnement institutionnel par l'application des lignes directrices sur la gouvernance foncière (VGGT) et l'appui à l'organisation des utilisateurs autour de « communautés d'irrigants » reconnues sont essentiels pour éviter tout accaparement des ressources et favoriser une gestion équitable et efficace, et souvent « multi-usages », de la ressource en eau.

Pour en savoir plus : GISA-EAU


S'abonner à La lettre du CGAAER