25 novembre 2016 Publication

Évaluation des stations de reproducteurs des secteurs bovins et ovins allaitants

  • Michel Reffay
  • Alain Mangeol

Le ministre a confié au CGAAER le soin d'évaluer le dispositif de sélection des reproducteurs mâles bovins et ovins allaitants, et d'examiner les possibilités d'utiliser les outils de génomique déjà à l'œuvre dans le secteur laitier

Rapport de mission d'expertise et de conseil n°15077 CGAAER

Juin 2016

Mots clés : Génétique, races allaitantes, stations, génomique

Enjeux

Les pouvoirs publics accompagnent la politique de sélection des espèces d'élevage depuis 1966 et soutiennent l'évaluation des reproducteurs mâles bovins et ovins allaitants au travers d'une aide financière versée par FranceAgriMer (FAM). Le ministre de l'agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt souhaite évaluer l'efficacité et l'efficience de ce dispositif. Il s'interroge d'autre part sur les perspectives de substitution dans le secteur allaitant, des outils traditionnels d'évaluation génétique par des outils de génomique, déjà totalement opérationnels dans les secteurs laitiers.

Méthodologie

Appuyée par un comité de pilotage réuni par trois fois, comportant des spécialistes de la génétique, tant d'origine professionnelle qu'administrative ou de la recherche, la mission a procédé en trois temps : rencontre des responsables professionnels et administratifs, étude de documents et bibliographie, visites de sites de sélection. Ce travail aboutit à neuf recommandations concrètes.

Résumé

Les stations dites « d’évaluation et de contrôle individuel » (bovins allaitants), les « centres d’élevage » ou « stations de contrôle individuel » (ovins allaitants) pratiquent l’évaluation et le contrôle individuel des futurs reproducteurs de monte naturelle, voire d’insémination animale, rassemblés sur un même site pour quelques mois. Pour deux des trois grandes races bovines, les « stations de contrôle sur la descendance », évaluent les qualités maternelles des filles des reproducteurs destinés à l’insémination animale.

Le schéma de sélection et la diffusion des races allaitantes des filières bovines et ovines fait appel à la monte naturelle : les stations ont un rôle central, en particulier pour les races à petit effectif, et elles impactent donc très largement les productions de viande. Les mesures envisagées, progressives, veillent à en préserver la pérennité.

Mis en œuvre par FranceAgriMer (FAM), les soutiens financiers à ces stations sont modestes, notamment pour les bovins, au regard de la dimension du marché des reproducteurs (bovins 0,5 % ; ovins 10 %). Pour des outils dont la légitimité est aujourd'hui bien installée, ils ont peu de caractère incitatif, mais ils concourent à l'équilibre financier des stations, à l'animation raciale et territoriale, et constituent un soutien réel aux éleveurs sélectionneurs engagés dans l'amélioration génétique. La mission recommande donc le maintien de ces aides.

L’évaluation sur descendance des reproducteurs bovins destinés à l'insémination animale est organisée, au choix, en fermes ou en station. L’aide financière pour la sélection sur les aptitudes bouchères et, secondairement, sur les qualités maternelles, doit désormais être appréciée au regard des priorités recommandées par la mission pour le développement de la génomique.

Ainsi, pour les bovins, la mission préconise de focaliser les aides sur l'évaluation de taureaux de monte naturelle en station. Elle recommande par ailleurs l’abandon du cadrage financier par « enveloppes raciales », au profit d'une répartition fondée sur le nombre de mâles effectivement vendus comme reproducteurs.

Pour l’évaluation génétique des ovins allaitants, les auteurs proposent de conserver les modalités actuelles de répartition des aides FAM.

Mais il conviendrait que la profession s'engage dans deux directions :

  • dans un cadre concerté, en liaison avec Interbev, Idele et l’INRA, mise en place d'un recueil des données d'abattage afin d’évaluer, en fermes, les aptitudes bouchères des reproducteurs (un « Normabev ovin ») ;
  • la généralisation du contrôle de paternité et de la détection systématique des gènes majeurs.

Si ces options étaient retenues, le soutien financier collectif pourrait être reporté sur l'évaluation des « races femelles » et rustiques et sur ces nouvelles actions.

L’impact des stations sur l’amélioration génétique apparaît substantiel pour les deux filières et il justifierait le développement accéléré des interactions entre l’interprofession et FGE.

Concernant la génomique, l’implication des organisations raciales semble encore trop modeste. La mission suggère la mise en place, au sein de FGE, d’un appel à programme génomique racial, pour que chaque race établisse une stratégie et un itinéraire génomiques, qui pourraient faire l’objet d’un soutien (PIA, CASDAR, FNE).

Pour les ovins comme pour les bovins, le « dispositif station » est encadré par Idele. Encore partiel et complexe, cet exercice prend une forme difficilement accessible aux pouvoirs publics. Aussi les auteurs appellent-ils à la mise en place d’un système qualité de l'évaluation en station, incluant le rendement économique du dispositif. Le manuel qualité pourrait être élaboré par Idele, avec les opérateurs, pour fin 2017, chaque opérateur se chargeant du contrôle interne. Un bilan annuel des stations, consolidé et vérifié par Idele, pourra ainsi être présenté devant les instances techniques et les financeurs.

Enfin, la mission émet le vœu que l’aval de la filière identifie son véritable intérêt pour l’orientation, par la génétique, des races à viande et de leurs croisements : face à des élevages en grandes difficultés, la sélection classique et l’engagement génomique constituent un potentiel de réponses rapides et pertinentes.

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